du 2 février 2006 |
EXPATRIATION |
LES BELLES PERSPECTIVES POUR NOS COMPATRIOTES
MADRID S'ENTICHE DE CUISINE FRANÇAISE
La capitale ibérique, qui développe son goût pour les gastronomies étrangères, attire nos compatriotes. L'heure est à l'implantation française, prometteuse mais encore marginale dans le secteur des CHR.
De gauche à droite : Antoine Melon, Frédéric Fétiveau et Karim Chauvin, patrons des restaurants Café Oliver, Madrilia, Medina et Estik. |
Ce
qui manque à Madrid ? Un étoilé qui tire le niveau vers le haut
! » assure Carlos Campillo, patron français du Petit Bistrot. "Il
faut s'installer le plus vite possible, la conjoncture est favorable" L'appel
est clair, on recrute des Français en Espagne : toute personne souhaitant
travailler dans le secteur, avec ou sans expérience. Unanimes, les restaurateurs
français de Madrid appellent leurs compatriotes à les rejoindre dans
la capitale espagnole où il y aurait de la place pour tout le monde. Faire
carrière dans les CHR demeurant peu gratifiant sous le soleil ibérique,
le savoir-faire français est largement bienvenu : il suffit souvent de frapper
à la porte d'un établissement pour trouver un emploi. Quant à
monter une affaire, l'expérience est concluante, en témoignent les expatriés
interrogés.
Pour Carlos et son épouse, l'aventure
a commencé en 2003. Le couple s'était installé à Madrid, Carlos
étant alors sous-directeur de l'hôtel Intercontinental, l'aboutissement
d'une belle carrière passant par la Tour d'Argent, le Crillon et Chez Prunier.
"On a décidé de faire ce que l'on ne trouvait pas à Madrid :
un bistrot français accessible. Je suis revenu à mes premières
amours, la cuisine et le travail du produit", raconte Carlos dont les origines
espagnoles ont facilité l'avancement du projet. "On a repris une ancienne
'taberna de toro' et obtenu un bail sur 25 ans, chose impensable à
Paris ! Soit un investissement de 200 000 E à rentabiliser en
5 ans pour un établissement qui tourne bien : 70 couverts/jour sur 254 jours
par an, un ticket moyen de 33 E le soir, une clientèle française
à 40 % : le projet fait recette." Au
Petit
Bistrot, tout est français : le menu d'abord, qui triomphe avec ses magrets
et ses marennes d'Oléron, un classique populaire ; l'équipe en salle,
recrutée sur place au gré des rencontres ; et le chef qui entre dans la
famille en s'associant au couple de patrons pour ouvrir dans 3 mois un autre Petit
Bistrot dans le quartier des ambassades. "Je vais devoir sortir de ma cuisine
pour m'occuper de gestion", explique Gregory Jouanlong-Bernadou. Le jeune chef
compte déjà monter un labo de cuisson sous vide pour alimenter les
cuisines des 2 établissements. Pas d'angoisse, l'aventure semble plus facile
à vivre en Espagne où les formalités apparaissent moins compliquées.
L'expatriation, il la conseille vivement à ses jeunes collègues en mal
d'emploi en France : "Venez-nous voir, on aura besoin de monde !", assure
l'équipe du Petit Bistrot.
Le Petit Bistrot : Gregory Jouanlong-Bernadou, Frédérique Campillo et Carlos Campillo associés du petit bistrot. |
Pas de cuisine franco-française
Loin de l'esprit brasserie,
4 restaurants font figure de précurseurs à Madrid : issus de l'imagination
d'un trio français, Café Oliver, Madrilia, Médina et Estik sont
les resto madrilènes branchés du moment. Leurs géniteurs ? Antoine
Melon, Karim Chauvin et Fréderic Fétiveau. Les 3 compères gèrent
depuis 2000 ces établissements à succès qui drainent une clientèle
de tous horizons, cumulent 10 000 couverts l'an et affichent une fourchette de tickets
moyens allant de 18 à 50 E. Si aucun établissement ne se réclame
d'une cuisine franco-française, tous misent sur leurs influences méditerranéennes
et mettent en avant un concept personnalisé différent. "Avec Café
Oliver, l'idée consistait à présenter une carte commerciale où
trouver à la fois d'authentiques plats français, espagnols et italiens
sans faire de la fusion. Le plus a été d'associer au resto un 'bar
lounge' situé au sous-sol, une première à Madrid qui comptait alors
peu d'établissements conceptuels", explique Antoine, le 'Monsieur Chiffres'
du trio. Avec son ami d'enfance Karim, l'oenologue du groupe, l'idée était,
à l'origine, d'ouvrir un bouchon lyonnais. "Reprendre Café Oliver,
bar mythique des années 50, c'était récupérer la clientèle
de la movida, le lieu du tout Madrid : l'idée du 'bistrot' s'est imposée."
Les 2 amis rencontrent Frédéric, alors chef du restaurant de l'hôtel
Villa Magna Hyatt (Le Divellec) : il devient vite leur associé, l'auteur des
menus et le formateur des équipes des 4 cuisines. "Madrilia est un restaurant
de pâtes pour gourmets au décor minimaliste, ouvert en 2003. Medina,
un marocain revisité, au style contemporain sans tapis ni mosaïques. Et
Estik, c'est le restaurant de viandes et grillades plutôt class qu'on a ouvert
en juin 2005. Chaque
projet répond à une idée de départ que l'on a adaptée
selon les locaux trouvés." Côté emploi, Frédéric est catégorique
: "J'ai eu un choix de carrière à faire : travailler pour la gloire,
ou pour l'argent. Au Hyatt, il n'y avait pas l'aventure. Aujourd'hui, je donne sa
chance à qui veut travailler. Tant que mes équipes apprennent et aiment
ce qu'elles font, je suis le plus heureux des hommes." D'aucuns diront que le
projet est ambitieux, l'endettement lourd : "Nous sommes caution personnelle
: nos biens, ce sont les restaurants. Il a fallu être persuasif avec les banques
qui prêtent moins facilement aux étrangers", confie le trio. Avec
à la clé une réussite maximale, à voir la fréquentation de ces 4 lieux où il
faut constamment réserver et qui emploient 70 personnels fixes. Tous précisent
que les conditions de vie à Madrid sont plus douces qu'en France et que le
potentiel de travail est réel : à charge pour chacun d'y faire sa place.
Gaëlle
Girard zzz99 zzz22v
"L'avis de" Juan Pozuelo, directeur
de Hotel Escuela, école hôtelière madrilène partenaire de l'école
parisienne Grégoire Ferrandi Quelles sont les opportunités de travail pour les jeunes français à Madrid ? Enormes ! Aujourd'hui, la pénurie de main-d'oeuvre dans les CHR en Espagne est telle que qui veut travailler trouve un emploi. Nous organisons des échanges linguistiques et professionnels entre élèves espagnols et français (BTS et bac pro) : certains jeunes français prolongent leur séjour et trouvent facilement du travail sur place. Les établissements qui les reçoivent en stage sont d'ailleurs ravis car ces jeunes sont bons en technique : il ne leur manque souvent que la maîtrise de l'espagnol. Plus d'infos : www.ieshotelescuela.com et www.egf.ccip.fr |
Madrid en bref
Population : + de 3
millions d'habitants Traditions culinaires incontourna 'picar' et 'compartir', c'est-à-dire grignoter en partageant des plats, une habitude de la clientèle espagnole. La plupart des restaurants français adaptent leur carte à cette coutume en augmentant la taille de leurs entrées, servies comme des tapas. |
Témoignage
David
Millet, maître cuisinier de France, chef du restaurant Le Divellec de Villa
Magna Park Hyatt Hotel |
Retrouvez des conseils pratiques pour s’expatrier en Espagne sur www.lhotellerie.fr à la suite de cet article et sur www.lhotellerie.com, site sur lequel vous pourrez aussi vous informez sur d’autres destinations : New York, Londres, Amsterdam.... Pour cela, c’est très simple : sur la page d’accueil de www.lhotellerie.com, il suffit de cliquer sur la rubrique 'Benefit from practical advice on working abroad and read the last news', puis sur 'Conseils pour travailler à l'étranger' ou sur 'Le best of des articles internationaux classés par pays". |
Complément d’article 2962p31
Autres informations pratiques
Les salaires et temps de travail sont
établis par convention collective et sont très réglementés, sous contrôle
syndical.
Salaire moyen d’un chef de partie : 20 000 E brut/an soit 15 900 E net de charges
sociales et d’impôts.
Salaire moyen commis de cuisine et salle : 1200 E brut/mois, soit 950 E net
d’impôt. Pourboires : 200 E/mois pour personnels de salle et de cuisine.
Un maximum de 80h supplémentaires sont permises à l’année.
Pouvoir d’achat : le coût de la vie est moindre en Espagne (estimation :–20% sur
le panier de la ménagère), mais la différence de niveau de vie entre les 2 pays
tend à s’estomper. A Madrid, le coût du logement augmente de 12% par an en
moyenne et les salaires sont plus bas.
Trouver un logement à Madrid : www.segundamanos.es,
www.immomadrid.com,
www.dialogo.com,
www.compartopiso.com et
www.guiademadrid.com sont des sites
d’offres de logements et de collocation. Loyer moyen : 650E/mois pour le centre
de Madrid. Se rendre en Espagne : 1h30 en avion sur les compagnies lowcost
Easyjet, Rumbo, Air Europa et les régulières Air France, Iberia, Lufthansa et
Alitalia. Train moins intéressant.
À g, Franck Sibille DG du Hyatt et à d David Millet chef du restaurant du Hyatt |
Franck Sibille, Directeur Général du Villa Magna
(Park Hyatt hotel, 5 étoiles), travaille depuis 15 ans pour le groupe Hyatt.
Après
avoir ouvert le Hyatt CDG et travaillé au Maroc, je suis arrivé à Madrid sans
savoir un mot d’espagnol : j’ai mis 2 mois pour maîtriser la langue et je me
suis adapté aux employés du Villa Magna, tous en poste depuis des années. En
Espagne, les syndicats sont forts, les avantages sociaux incompressibles, d’où
une marge de manœuvre réduite. Par exemple, un patron ne peut obliger un employé
en poste depuis plus de 6 mois à modifier ses horaires et temps de travail, sauf
si le salarié l’accepte : tout changement passe par la négociation. L’avantage
de travailler dans une multinationale comme Hyatt, en outre de l’image de
marque, c’est cette ouverture d’esprit qui manque à la France.
Mon conseil : surtout, faites vos premières expériences à l’étranger !
Adresses et sites des établissements cités :
Le Petit Bistrot, Plaza de Matute 5, 28 012 Madrid, (00 34) 91 429 62 65,
www.lepetitbistrot.net,
info@lepetitbistrot.net
Cafe Oliver, Calle Almirante 12, Madrdi, (00 34) 91 521 73 79,
www.cafeoliver.com
Madrilia, Calle Clavel , 6 . Madrid. 28004. Madrid, (00 34) 91 523 92 75
www.madrilia.com
Medina, Calle Bárbara de Braganza 8, 28004. Madrid, (00 34) 911853956 –
911853957, www.restaurantemedina.com
Estik, Calle Espronceda, 34 Madrid, (00 34) 913950037,
www.restauranteestik.com,
Villa Magna Park Hyatt Hotel, Paseo de la Castellana, 22, 28046 Madrid, (00 34)
91 587 1234, www.hyatt.com
Conditions d’emploi, Sécurité sociale, fiscalité, vie pratique et adresses utiles en Espagne : cliquez ici
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L'Hôtellerie Restauration n° 2962 Hebdo 2 février 2006 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE