du 23 février 2006 |
CONJONCTURE |
ÉTUDE EXCLUSIVE L'HÔTELLERIE RESTAURATION/COACH OMNIUM
Les chaînes hôtelières affichent une 'petite' forme en 2005
L'hôtellerie de chaîne a sauvé les meubles en 2005. Le taux d'occupation a globalement fait du sur place. Par contre, l'augmentation des prix a permis de booster le revenu par chambre disponible (RevPar). Celui-ci a progressé en moyenne de 3,3 % par rapport à 2004.
Les taux de remplissage des gammes économiques (du 0 au 2 étoiles) se sont maintenus très joliment au-dessus des 65 % annuels.
Il
n'y a pas de quoi crier victoire ! Voilà la manière dont on peut définir
l'exercice 2005 s'agissant des chaînes intégrées établies en
France. Selon les résultats de l'étude annuelle réalisée par
le cabinet Coach Omnium pour L'Hôtellerie
Restauration, l'année 2005
ne fera pas date dans les annales du secteur. À périmètre comparable,
le taux d'occupation 2005 de l'ensemble des chaînes (toutes catégories
confondues) s'affiche de fait en stagnation par rapport à l'année précédente
: 66,63 % contre 66,58 % (+ 0,05 pt). Quant au nombre de chambres louées, il
a en réalité grimpé de seulement 43 300 chambres par rapport à
2004 atteignant un volume global de 57,5 millions de chambres.
Un tableau 2005 donc en demi-teinte, auquel il
faut toutefois apporter certaines nuances. Les catégories 2 et 4 étoiles
ont ainsi légèrement gagné en termes de fréquentation (presque
1 point de taux d'occupation en plus). En revanche, l'étude de Coach Omnium
révèle un recul de la demande sur le marché des 3 étoiles et
un retrait plus marqué concernant les gammes 0 et 1 étoile. Heureusement,
le RevPar (revenu par chambre disponible) a globalement enregistré une progression intéressante
de l'ordre de 3,3 %. Une progression qui a d'ailleurs permis d'absorber les effets
de l'inflation (1,5 % en 2005). À noter néanmoins que le RevPar ne s'est
essentiellement amélioré que par le biais d'une hausse des prix moyens
chambre (+ 3,2 %). Hausse émanant elle-même d'une augmentation sensible
des tarifs affichés.
Un phénomène qui ne fait
évidemment pas que des heureux côté clients, notamment ceux séjournant
dans les établissements économiques. La preuve : lors d'un récent
sondage réalisé par Coach Omnium, 39 % des clients d'hôtels interrogés
déclaraient que le prix constituait pour eux un critère déterminant
dans le choix d'un hôtel contre seulement 26 % en 1999. En corollaire, 18,4
% des voyageurs estimaient les tarifs hôteliers comme "trop élevés"
par rapport à leur budget et/ou l'offre proposée.
Or, si les prix ont été relevés
de près de 3 % en moyenne, certains réseaux - et non des moindres en nombre
d'hôtels et en notoriété - ont poussé le bouchon encore plus
loin augmentant leurs tarifs de 4 à 6 % sur un an. Au final, un tiers des
enseignes hôtelières a donné un coup de pouce à leurs prix
de plus de 3 % en 2005.
Des taux d'occupation qui
restent au-dessus de la moyenne
Quoi qu'il en soit, l'activité
est au bout du compte demeurée stable l'an passé. En 2004, les chaînes
hôtelières avaient effectivement vu leur taux moyen d'occupation annuel
n'évoluer que de 0,3 point et leur RevPar ne s'améliorer que de 2,3 %.
"Concrètement, il n'y
a rien de surprenant à constater que depuis 7 ans maintenant, les chaînes
hôtelières établies en France subissent une lente dégradation
de leurs taux de remplissage. Même si - et il faut sans doute insister sur
ce point - elles bénéficient encore et encore des meilleurs taux d'occupation
et prix moyens chambre, comparés à l'hôtellerie indépendante",
considère le cabinet Coach Omniun. Ainsi, les taux de remplissage des gammes
économiques (du 0 au 2 étoiles) se sont maintenus très joliment au-dessus
des 65 % annuels. Cela reste donc un succès.
Si les chaînes hôtelières
ne fournissent cependant plus de croissances d'activité et de développement
aussi spectaculaires que par le passé, elles ne devraient toutefois pas trop
souffrir des aléas de la conjoncture. Elles ont pour atouts de savoir gérer
sur mesure les situations de crise et de parvenir à adapter des stratégies
de défense plutôt efficaces.
Il n'en demeure pas moins vrai que
leur parc vieillit. Avec ce vieillissement, leur attractivité s'émousse.
À titre d'exemple, sur la période comprise entre 1999 et 2005, les chaînes
hôtelières intégrées n'ont ainsi loué que 5,9 % de chambres
supplémentaires (54,3 millions de chambres louées en 1999 contre 57,5
en 2005), tout en perdant près de 3,6 points de taux d'occupation, dû
au grossissement de leur parc, conduisant à davantage d'hôtels pour
se partager le même gâteau.
Pression financière
En outre, l'arrivée
massive des fonds d'investissements dans les groupes hôteliers alourdit sensiblement
leur pression financière. Cela les contraint à obtenir des résultats
économiques plus importants, réduisant, par conséquent, leur marge
et leurs moyens financiers destinés à rénover leurs hôtels.
Enfin, la propension des enseignes à augmenter leurs prix affichés est
un handicap qu'elles commencent à payer petit à petit en perdant des
clients.
L'hôtellerie de chaîne
demeure certes une valeur sûre aux yeux de ces derniers. Toutefois, le nombre
de gros utilisateurs d'hôtellerie a diminué presque de moitié depuis
12 ans. En 1993, les hôtels accueillaient ainsi 46,6 % de moyens et gros utilisateurs
(entre plusieurs nuitées par semaine et jusqu'à 6 nuitées par mois).
Un pourcentage qui a chuté à 26,6 % en 2005.
Cette baisse considérable de la
clientèle à forte fréquence d'achat résulte en grande partie
de la diminution des voyages professionnels. Le tout étant lié à
des recherches d'économie et des réorganisations au sein des entreprises.
Sans oublier bien sûr l'effet de la fameuse RTT. Or, les clients gros et moyens
utilisateurs d'hôtellerie sont, en France, essentiellement des clients d'affaires,
et ceux-ci fréquentent principalement les chaînes. Cela signifie que
l'hôtellerie accueille aujourd'hui davantage de clients occasionnels qu'autrefois.
Il y a donc plus de personnes qui fréquentent les hôtels, mais en réalisant
nettement moins de séjours. Une dilution de la demande, en somme.
Enfin, la hausse des prix du pétrole
ne devrait pas être
sans
effet sur l'activité hôtelière. À ce jour, le 'poste énergies'
(essence, fuel, gaz…) dans l'économie française a déjà
augmenté de 8,2 % en 2005, selon l'Insee. Même si 82 % des Français
disent ne pas vouloir réduire l'utilisation de leur voiture malgré l'envolée
des prix des carburants, ils avouent massivement chercher à se rattraper
ailleurs. Comment ? En réduisant leurs achats alimentaires et leurs loisirs.
En matière de voyages, tant du côté des entreprises que des particuliers,
les dépenses en hôtellerie et en restauration sont en forte régression
dans les budgets de déplacement, soit - 9 % sur 2 ans. Enfin, l'hôtellerie
française n'a rien à envier à ses voisins qui accusent tous
un recul ou un gel de leur activité en 2005. Maigre consolation en vérité
!
Mark
Watkins zzz20h
L'étude de l'activité 2005-2004 des chaînes hôtelières intégrées en France, réalisée en exclusivité par Coach Omnium pour L'Hôtellerie Restauration, porte sur un échantillon représentatif de 2 863 hôtels, soit 93 % de l'offre totale en nombre de chambres en France, à périmètre comparable. Il s'agit des données officielles et définitives des chaînes hôtelières que Coach Omnium traite depuis 15 ans.
Activité des chaînes hôtelières intégrées en France - Cumul 2005-2004
|
Taux d’occupation |
Variation |
Prix moyen |
Variation |
RevPar |
Variation |
0 et 1 étoile |
71,8 % |
- 1 pt |
34,4 E |
+ 3,7 % |
24,7 E |
+ 2,4 % |
2 étoiles |
66,9 % |
+ 0,8 pt |
56,9 E |
+ 2,3 % |
38,1 E |
+ 3,6 % |
3 étoiles |
61,7 % |
- 0,3 pt |
89,4 E |
+ 3,4 % |
55,2 E |
+ 2,8 % |
4 étoiles et luxe |
60,7 % |
+ 0,9 pt |
168,2 E |
+ 2,4 % |
102,1 E |
+ 4 % |
Total |
66,6 % |
+ 0,05 pt |
68,5 E |
+ 3,2 % |
45,7 E |
+ 3,3 % |
Source :
L’Hôtellerie Restauration/Coach Omnium.
Données officielles définitives des chaînes hôtelières.
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L'Hôtellerie Restauration n° 2965 Hebdo 23 février 2006 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE