du 23 février 2006 |
HÉBERGEMENT |
EN VENDANT LES CHAMBRES À PRIX COÛTANT
Retenir les clients à dîner sans risque
Beaulieu-sur-Dordogne (19) Ouvert depuis quelques mois, l'établissement affiche sans état d'âme ses ambitions. Visant l'excellence dans tous les domaines, il participe activement, et originalement, à la prévention routière.
Jérôme Artiguebere et Mathias Berne. |
Simple,
mais il fallait y penser. Patrice Landrein, propriétaire du Manoir de Beaulieu-sur-Dordogne
en Corrèze, a eu l'idée géniale de retenir ses clients du soir en
leur offrant à prix coûtant une de ses chambres 3 étoiles. "Nous
vivons une époque où on ne peut plus boire sans risque, déplore-t-il.
Donc, nous avons pensé donner l'occasion à nos clients d'apprécier
nos vins et nos alcools, en leur proposant de rester chez nous après leur repas.
Et ce, à moindre frais." Autrement dit, louer à 20 E la nuit une
chambre qui, habituellement, affiche un tarif 5 fois plus élevé. Il suffit,
pour bénéficier du procédé, de réserver à l'avance,
en retenant sa table. La formule fait un véritable tabac, notamment en fin
de semaine, période durant laquelle le client se laisse volontiers aller en
matière de consommation, pour peu qu'il n'encourt pas les foudres de la maréchaussée.
"Il ne s'agit pas d'encourager l'ivresse, résume le restaurateur.
Mais simplement de permettre aux clients d'aller au-delà des fatidiques 0,5
g, de s'amuser entre eux, et de se reposer ensuite avant de reprendre le volant,
en pleine forme."
Le Manoir de Beaulieu, idéalement situé
sur la place du marché de cette petite bourgade à la frontière
du Lot et de la Corrèze, existe depuis plus de 20 mois, et a pris la place
de l'ancien Central Hôtel Fournier. Racheté 850 000 E par Patrice Landrein
sur un financement bancaire, il possède actuellement 24 chambres, dont 2 suites,
dont la rénovation a demandé 210 000 E supplémentaires. La partie
restauration s'intègre dans 2 salles, dont une grande de 60 couverts, et une
autre pour séminaires ou repas privés d'une vingtaine de places.
Se faire un nom
Le Manoir comptabilise sur
son dernier exercice un taux d'occupation de 50 %, et un peu plus de 10 000 repas
servis. Ses chambres se louent entre 80 et 120 E (200 E pour les suites) tandis
que le ticket moyen du
restaurant se positionne à 40 E. Ces chiffres sont déclarés encourageants
par une direction qui ne cache pas ses intentions de montée en puissance. Patrice
Landrein, titulaire d'un BTS hôtellerie, passé au LEP de Quimper, a dirigé
durant 3 ans le réputé Vendôme de Paris, après avoir exercé
des fonctions de responsable au Savoy de Londres, au Plaza Athénée de
New York, au Manapany de Saint-Barthélemy aux Antilles. Ce Breton à
la tête bien pleine est arrivé en Corrèze par une annonce relevée
dans notre journal, traitant l'affaire en quelques heures, encouragé par un
banquier local. "Nous avons perçu immédiatement ce que nous pourrions
tirer de cet établissement, assez vaste pour répondre à nos ambitions,
reconnaît-il. Il y avait l'outil, il fallait le mettre en état, et
trouver les hommes pour s'en servir." D'où l'arrivée de Jérôme
Artiguebere, chef de cuisine venu du Chapon Fin de Bordeaux (1 macaron) où
il était second, après avoir servi au Cordeillan-Bages de Pauillac, chez
les Frères Ibarbour à Bidart, et dans d'autres lieux tout aussi réputés.
Avec 3 autres personnes en cuisine, dont le talentueux pâtissier Mathias Berne,
il s'est fixé un objectif, celui de faire du Manoir une table majeure de la
région. "Nous allons au-delà des traditionnels foies gras locaux,
et autres confits, précise-t-il. Je présente des préparations
construites sur des produits terriens, en mélangeant des saveurs parfois atypiques,
et en mariant des denrées apparemment peu faites pour cohabiter."
Et dans les assiettes
Des Épaules d'agneau
au Bergerac avec lentilles en tajine et potiron au cumin, Râble de lapin farci
aux dattes et figues avec dattes farcies de topinambour ou Filet de maigre pané
aux câpres sur croustillant de vitelotte. Côté desserts, Mathias
ne laisse pas son imagination s'endormir, avec ses remarquables chocolats bergamote
à l'Amaréna, ou son crumble de coings, poires, cidre et glace café.
"Nous essayons de nous distinguer par notre originalité, nos portions copieuses,
nos compositions audacieuses, avoue Patrice Landrein. Nous ne dissimulons
pas nos intentions, car nous savons ce que nous valons. Les guides sont les bienvenus,
s'ils souhaitent nous tester, et nous attendons de pied ferme leurs inspecteurs.
Nous visons bien entendu les bonnes notes, car nous sommes conscients de les mériter."
La cave est en cours de construction,
privilégiant vins du Sud-Ouest et du Bergerac, en attendant les découvertes
d'une direction qui n'hésite pas à prendre son bâton de pèlerin pour prospecter
les vignes. Et comme le client peut rester coucher, pourquoi s'en priver ?
Jean-Pierre Gourvest
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Le
Manoir de Beaulieu-sur-Dordogne
4 place du Champs de Mars
19120 Beaulieu-sur-Dordogne
Tél. : 05 55 91 01 34
www.manoirdebeaulieu.com
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L'Hôtellerie Restauration n° 2965 Hebdo 23 février 2006 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE