du 2 mars 2006 |
CONJONCTURE |
SIXIÈME CONFÉRENCE ANNUELLE 'LES TENDANCES DE L'HÔTELLERIE'
VENT DE REPRISE POUR LE MARCHÉ HÔTELIER FRANÇAIS EN 2005
En partenariat avec L'Hôtellerie Restauration, le cabinet BDO MG Hôtels & Tourisme a dressé - jeudi 2 mars à Paris - un bilan exhaustif de l'activité hôtelière française en 2005. Amorcée en 2004, la reprise s'est confirmée l'année dernière avec un RevPAR (toutes catégories confondues) en hausse de 3,3 %. Régions et catégories d'hôtels n'ont toutefois pas été logées à la même enseigne. Retour sur les performances passées et pronostics pour l'exercice 2006.
Paris
Engagée timidement en 2004, la reprise d'activité du marché hôtelier français
s'est confirmée au cours de l'exercice 2005. Toutes catégories confondues, le
revenu par chambre disponible (RevPAR) s'apprécie à + 3,3 % par rapport à
l'année précédente. à quelques dixièmes près, BDO MG Hôtels & Tourisme avait vu
juste. Ses prévisions de croissance du RevPar s'élevaient de fait à 2,9 % pour
2005. Il n'en reste pas moins vrai que cette reprise tant attendue a
sensiblement varié selon les zones géographiques observées. Au regard des
statistiques dont BDO dispose, les professionnels parisiens ont globalement
assez bien tiré leur épingle du jeu. À commencer par ceux positionnés sur le
haut de gamme, segment qui a bénéficié du retour des clientèles à fort pouvoir
d'achat tels les États-Unis ou bien encore le Japon.
"La conjoncture a d'autant plus favorisé le retour de la clientèle américaine
que le dollar s'est renforcé face à l'euro. De 0,74 dollar pour un euro en début
d'année, la monnaie américaine est passée au-dessus de la barre des 0,85 dollar
pour un euro fin 2005", a souligné le cabinet d'experts. Parallèlement, la
hausse de la demande a été aussi largement alimentée par l'afflux de clientèle
d'affaires présente dans la capitale, notamment au printemps et à l'automne. Et
pour cause. À ces dates se sont déroulés parmi les plus importants salons de la
planète comme l'Air Show du Bourget.
Ajoutons à cela un regain d'intérêt soutenu de la part de
nombreux vacanciers pour la destination, en particulier durant la période
estivale. Autant d'éléments favorables au taux d'occupation moyen des 4 étoiles
qui s'est finalement envolé de + 4,4 % pour atteindre 68,2 %. Certes, ce score
demeure encore inférieur à celui réalisé en 2002. L'écart tend néanmoins à
s'amoindrir sérieusement.
La destination Paris fortement concurrencée
Une tendance plutôt
satisfaisante. Sachant que parallèlement tout de même, la recette moyenne
chambre (RMC) des 4 étoiles parisiens a légèrement fléchi : - 0,7 % à 221 E. "Les
réflexes adoptés par les consommateurs au cours des dernières années n'ont pas
disparu. Les prix sont désormais âprement négociés", a affirmé le cabinet
BDO MG Hôtels & Tourisme. Et de poursuivre : "Cette nouvelle donne s'accentue
par la multiplication des canaux de distribution et la fluidité de
l'information. Tout le monde compare les tarifs et fait jouer la concurrence."
Malgré l'apparition d'un consommateur
désormais 'averti', BDO estime que le repli de la RMC ne devrait pas perdurer
dans le temps. D'abord parce que le mouvement baissier se réduit d'année en
année : de 6,3 % en 2003, le recul est passé à 1,4 % en 2004. Ensuite, "l'accroissement
de la demande, dû à la hausse des segments affaires et loisirs, devrait
renforcer la position des opérateurs sur le marché hôtelier haut de gamme".
En attendant, les 4 étoiles
parisiens ont vu leur RevPAR bondir de 3,6 % à 151 E sur l'ensemble de l'année
2005. Aucune comparaison n'est encore possible avec les performances
enregistrées en 2002 (- 10,2 %). Néanmoins, les chiffres d'affaires sont
désormais franchement orientés à la hausse. "De surcroît, l'arrivée ou le
renforcement de gros opérateurs - comme le Groupe Lucien Barrière ou Starwood
Capital - contribuera sans nul doute à l'attractivité de la destination Paris",
a jugé BDO. Rien n'est hélas jamais acquis dans le domaine. La concurrence est
de plus en plus rude. Paris a d'ailleurs perdu sa place de première destination
de congrès au monde. Alors, la vigilance doit rester de mise dans la capitale. Y
compris en 2006.
Dynamisme du marché 2 étoiles dans la capitale
Du côté de l'hôtellerie
milieu de gamme (2 et 3 étoiles) de la Ville lumière, le contexte diffère. Ce
segment étant en général moins sensibles aux événements internationaux. Résultat
: la reprise s'est confirmée de manière plus forte en 2005, notamment pour la
catégorie 2 étoiles. Celle-ci a en effet tiré profit d'un retour des visiteurs
loisirs en été. En revanche, les hommes et femmes d'affaires ont été moins
nombreux à séjourner dans ce type d'unités durant les mois de septembre et
octobre, mais plus présents en novembre. N'empêche. Les 2 étoiles parisiens ont
achevé l'année 2005 sur une note optimiste avec un niveau de remplissage en
progression de 1,4 % à 79,8 % tandis que le prix moyen s'améliorait de 1,3 % à
67 E. Le tout conduisant à un RevPAR de 53 E (+ 2,7%). Côté 3 étoiles, le
cabinet BDO distingue le segment supérieur du standard. Les hôtels 3 étoiles
supérieur ont constaté une hausse de leur RevPAR de 5,5 % à 94 E. Celle-ci est
due essentiellement à la croissance du taux d'occupation (75,6 %, soit + 4,1 %
par rapport à 2004). Le prix moyen a lui aussi augmenté, mais dans des
proportions moindres. "La RMC est tout juste parvenue à augmenter de 1,3 % à
125 E, handicapée par des baisses consenties sur les mois de février,
septembre et octobre", a commenté BDO.
Pour ce qui concerne les 3 étoiles standard
de la capitale, les statistiques du cabinet d'experts sont claires. Les
performances 2005 sont meilleures que celles réalisées en 2004. La hausse du
RevPAR s'avère certes moins forte que les 3 étoiles supérieur. Reste qu'elle a
atteint tout de même + 2,4 % sur l'ensemble de l'année à 65 E.
La montée en puissance de Marseille incite les groupes hôteliers à s'installer dans la Ville. |
Hausse constante des prix moyens en province (hors Côte d'Azur)
Quant à l'hôtellerie de
province (hors Côte d'Azur), comment s'est-elle comportée en 2005 ? D'après les
données chiffrées du cabinet BDO, de manière prometteuse. L'année dernière, le
RevPAR des 2 étoiles a ainsi crû de 2 % à 33 E tandis que celui des 3 étoiles
bondissait de 6 % à 50 E. Au niveau du haut de gamme, la tendance a également
été satisfaisante avec un RevPAR en nette amélioration par rapport 2004 : 4,3 %
à 76 E. De quoi être satisfait d'autant que sur la période 2002-2005, le
mouvement haussier ne faiblit pas. Les RevPAR ont effectivement augmenté de 7 %
pour les 3 étoiles à 10,3 % pour les 2 étoiles. La catégorie haut de gamme
affichant une progression de 8,6 %.
"Ces performances ne signifient pas pour
autant que les hôtels de province ne souffrent pas de la conjoncture difficile
qu'a subi le marché au cours des dernières années", a tempéré le cabinet
BDO. Il est vrai que la hausse des RevPAR n'est pas due à un gain de demande,
mais à une augmentation constante des RMC. En 3 ans, la RMC des 4 étoiles a
ainsi réalisé un bond en avant de 8,9 %, 12 % pour les 3 étoiles et 12,9 % pour
les 2 étoiles.
RevPAR tous en hausse sur la Côte d'Azur
La montée en puissance des métropoles
régionales explique évidemment en grande partie ces évolutions. L'augmentation
du PIB en 2006 et dans les années à venir renforcera encore cette dynamique
régionale. "Tout porte alors à croire que l'accroissement du prix moyen
s'accompagnera d'une hausse de la demande. Ce qui signifie au final que le
RevPAR de l'hôtellerie de province continuera de progresser. Toutefois, ces
progressions de RevPAR ne seront pas uniformes, mais très liées aux spécificités
locales", ont expliqué les directeurs associés de BDO MG Hôtels & Tourisme.
Dernière zone géographique
abordée lors de la présentation de la 6e
édition des 'Tendances de l'hôtellerie' : la Côte d'Azur. Une région qui fait
rêver beaucoup d'investisseurs hôteliers, mais qui aura au bout du compte mis
davantage de temps pour retrouver le chemin de la croissance que Paris ou le
reste de l'Hexagone. En 2004, la quasi-totalité des catégories d'hôtels
enregistrait en effet un fléchissement ou une stagnation de son RevPAR.
L'exercice 2005 s'est soldé au contraire par une progression pour presque
l'ensemble des types d'établissements. "Cela est d'autant plus positif qu'à
la différence des autres territoires, l'accroissement du RevPAR (2,3% pour les 4
étoiles, 2,4 % pour les 3 étoiles et 3,7 % pour les 2 étoiles) ne tient pas
uniquement à l'amélioration des RMC", a précisé BDO. La hausse du chiffre
d'affaires hébergement a surtout été générée par un retour de la demande. Tous
les taux d'occupation sont d'ailleurs en progression : 2,9 % pour le haut de
gamme, 1,3 % pour le 3 étoiles et enfin 2,8 % pour le 2 étoiles.
Malgré tous ces éléments positifs, la crise
récente que le marché azuréen vient de traverser - et dont elle n'est pas
totalement sortie - a le mérite de rappeler "qu'aucune rente de situation
n'est durable", a indiqué BDO. "Comme l'ensemble des destinations, la
Côte d'Azur doit affronter une concurrence sévère où l'innovation, la créativité
et encore l'adéquation avec les attentes des clients sont déterminants."
Claire Cosson avec BDO MG Hôtels & Tourisme
zzz20h
Les Hôtels de charme
parisiens reprennent du poil de la bête
Particulièrement
sensible - à cause de son positionnement et de ses petites capacités -
aux aléas conjoncturels ainsi qu'aux événements internationaux de toute
nature, l'hôtellerie de charme de la Ville lumière est parvenue à sortir
son épingle du jeu en 2005. Le retour progressif de la clientèle loisirs
associée à la croissance des clients individuels s'est en effet traduit
par une jolie hausse de la fréquentation : 3,9 % à 65,9 %. "Cette
augmentation est d'autant plus appréciable qu'elle ne sait pas faite au
détriment de la recette moyenne chambre (RMC)", souligne le cabinet
BDO MG Hôtels & Tourisme. De fait, la RMC n'a certes pas véritablement
progressé en 2005 s'élevant à 278 E Trois chiffres à retenir pour 2005 |
Malgré des
incertitudes fortes BDO MG Hôtels & Tourisme table sur une croissance plus généralisée en 2006
L'année du Chien s'annonce sous
les meilleurs auspices pour l'économie mondiale. Selon les experts économiques,
la croissance devrait rester soutenue (4,5 %) grâce notamment aux pays
émergents. Un scénario qui paraît idyllique et dont l'hôtellerie française
devrait a priori tirer profit. Reste que tout n'est pas aussi rose dans la
réalité, en particulier pour le secteur du tourisme soumis de plein fouet aux
aléas conjoncturels et à une concurrence acharnée des destinations. Un grand
nombre d'incertitudes menace en effet la croissance mondiale et par la même
l'industrie hôtelière. À commencer par un décrochage du billet vert, un
troisième choc pétrolier ou bien encore une épidémie de grippe aviaire. Autant
de facteurs auxquels peuvent s'adjoindre des conflits internationaux (Irak,
Iran…), un ralentissement économique des pays européens… Sans oublier des
mouvements sociaux dans l'Hexagone. |
L'hôtellerie 4 étoiles des
grandes métropoles affirme son rayonnement économique
"Paris sera toujours
Paris", chantait Maurice Chevalier. N'en déplaise à ce célèbre
interprète, les grandes métropoles françaises gagnent toutefois du
terrain dans le coeur des investisseurs nationaux et internationaux. La
décentralisation y est peut-être pour quelque chose. Tout comme le
développement des structures d'intercommunalité et l'amélioration
constante des réseaux de communication. Toujours est-il que cet
engouement profite à l'hôtellerie 4 étoiles. En témoigne la hausse du
chiffre d'affaires de ces unités implantées à Toulouse, Bordeaux,
Marseille, Lyon, Nice et Strasbourg. Ce dernier a globalement grimpé de
5,7 % en 2005 et de 7,4 % depuis 2002. Une hausse qui provient pour
l'essentiel d'une augmentation des prix (11,5%) puisque l'occupation a
par contre dévissé de 3,7 % sur la même période. |
Complément d'article 2966p14
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L'Hôtellerie Restauration n° 2966 Hebdo 2 mars 2006 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE