du 2 mars 2006 |
JURIDIQUE |
VOTRE ARGENT
PLAN D'ÉPARGNE LOGEMENT : UN PLACEMENT SIMPLE DEVENU DÉROUTANT
Un déficit budgétaire de près de 50 milliards d'euros d'une part, un encours de 222 milliards d'euros immobilisés sur des Plan d'Épargne Logement d'autre part, il fallait s'attendre à ce que les pouvoirs publics imaginent un jour un scénario permettant à l'État de récupérer le plus rapidement possible la partie de cette manne qui lui était due. Une loi de financement de la Sécurité sociale et une loi de Finances plus tard, le transfert est en place et commence même à produire ses effets à la grande surprise de nombreux épargnants. Quelques explications s'imposent donc.
Commençons
par un petit rappel du fonctionnement des Plan d'Épargne Logement. Ce placement
a été institué en juillet 1965 dans le but d'aider les Français
à devenir propriétaire grâce à des prêts à
des conditions qui se voulaient attractives. Mais au fil des années, cet objectif
a été oublié par de nombreux épargnants, les taux des crédits
octroyés devenant plus chers que ceux offerts par les banques. Une raison :
ce taux est égal au taux d'intérêt contractuel servi sur le PEL
augmenté de 1,70 %. Or, les PEL ouverts entre 1986 et 1994, affichaient et
surtout affichent toujours un rendement de 4,62 % qui était porté à
6 % par le versement d'une prime d'État tant que celle-ci n'avait pas atteint
son maximum de 1 525 E et le PEL, 10 années de vie.
Au-delà de 10 ans, les fonds qui se trouvent
sur le PEL peuvent y demeurer, et continuent à porter intérêt
au taux contractuel hors prime mais ne donnent plus aucun droit à prime supplémentaire.
Mais 4,62 % dans la conjoncture financière actuelle ont fait peu à peu
disparaître aux yeux des détenteurs de PEL, son objectif immobilier au
profit de sa rentabilité. D'où l'encours actuel des PEL.
Toutefois, si les intérêts
perçus et la prime versée sont exonérés d'impôts, ils
ne le sont pas des prélèvements sociaux. Mais, en raison du report de
ces prélèvements au moment de la fermeture du PEL, les détenteurs
de PEL ont un peu oublié qu'ils devraient un jour voir le montant en compte
sur leur PEL diminué des cotisations sociales dues. Il faut préciser à
leur décharge que leur PEL a été ouvert avant l'apparition de ces
prélèvements sociaux, un oubli donc pardonnable !
Un réveil douloureux
Premier réveil douloureux
donc pour tous les épargnants détenteurs d'un PEL âgé de plus
de 10 ans lors de la réception de leur extrait de compte annuel. Leur banquier
avait prélevé une somme souvent importante sur leurs avoirs d'épargne-logement
et ce, fréquemment, sans explication.
En fait, il s'agit des cotisations
sociales dues depuis l'origine et dont le mode de prélèvement a été
modifié par la loi de financement de la Sécurité sociale du 19 décembre
2005. Ce texte prévoit en effet :
- d'anticiper au 1er janvier
2006, pour les PEL de plus de 10 ans, le paiement des cotisations sociales déjà
dues. La somme
comme nous l'avons
déjà dit étant souvent importante, les établissements financiers
ont été autorisés à prélever les sommes directement sur
les PEL sans que cette ponction soit assimilée à un retrait entraînant
la fermeture obligatoire de celui-ci. À noter, pour ceux d'entre vous qui
voudraient vérifier le bien-fondé du retrait effectué, que les banques
ont dû tenir compte des différents taux pratiqués de CSG notamment
et des dates d'application des différentes cotisations.
- que dorénavant, tout détenteur d'un PEL
fêtant son dixième anniversaire devra acquitter la totalité des prélèvements
sociaux dus sur les 10 années antérieures, qu'il conserve ou non son PEL après ce cap des 10 ans.
- et enfin, à compter du 1er
janvier 2006, le prélèvement annuel des cotisations sociales au taux en
vigueur, sur les PEL de plus de 10 ans lors de l'inscription en compte des intérêts.
La fin de l'exonération
fiscale à vie
Autre changement important,
mais dont aucun épargnant n'a encore perçu les conséquences sur
ses avoirs : la suppression pour les PEL de plus de 12 ans de l'exonération
fiscale dont bénéficiaient jusqu'à présent les intérêts.
Ce changement de fiscalité ne s'appliquera que lors du crédit en compte
des intérêts 2006 et contrairement aux prélèvements sociaux,
aucune rétroactivité n'est mise en place, même pour les PEL plus
anciens.
Donc si on reprend notre exemple
précédent, votre PEL ouvert en février 1993 aura bénéficié
d'une exonération complète d'impôts sur le revenu pour les intérêts
perçus jusqu'en 2006, mais comme aujourd'hui il a plus de 12 ans, ce régime
fiscal avantageux est terminé et vous devrez payer des impôts sur les
intérêts acquis en 2006, 2007, comme pour la majorité des autres
placements.
Vous devrez ainsi ajouter ces intérêts
aux revenus soumis au barème de l'impôt sur le revenu dans votre déclaration
de revenus 2006, rédigée en 2007 sauf si vous préférez opter
pour le prélèvement libératoire de 16 % auquel s'ajouteront 11 %
de prélèvements sociaux. En revanche, si votre PEL a moins de 12 ans,
pas de problèmes pour vous, les intérêts acquis demeurent exonérés
d'impôts… jusqu'à son douzième anniversaire sauf nouveau
changement d'ici là.
Que faire de son PEL ?
Tout d'abord, pas de regrets,
si vous aviez fermé votre PEL avant la fin de l'année 2005, vous n'auriez
tout de même pas échappé au paiement des prélèvements
sociaux. Ils étaient dus pas vous… ou à défaut, vos héritiers
même avant le vote de ces lois. Le seul point négatif c'est que jusqu'à
présent, ils capitalisaient en votre faveur et non au profit de l'État
!
Quant à la fiscalisation
des intérêts, effectivement, la clôture d'un PEL de plus de 12
ans permet de l'éviter. Mais que faire ensuite des avoirs récupérés
? Pour que ce transfert soit gagnant, il faut les replacer sur un produit susceptible
de rapporter plus qu'un PEL. Or les PEL ouverts entre le 16/05/1986 et le 06/02/1994
offrent 3,37 % nets d'impôts et de prélèvements sociaux, il faut
donc trouver un placement qui rapporte au moins autant et sans risque. De nombreux
assureurs et banquiers vous incitent aujourd'hui à verser les sommes retirées
de votre PEL, sur votre contrat d'assurance-vie.
Une bonne idée pour les épargnants
qui approchent de leurs 70 ans et qui feront ainsi un dernier versement dans le
cadre d'une fiscalité sur les successions avantageuses (abattement de 152 500
E alors qu'après 70 ans, cet abattement chute à 30 500 E). En revanche,
pour les autres, l'intérêt dépend des frais d'entrée prélevés
car 3 %, voire 4 % de frais de chargement, annulent totalement la rentabilité
de la première année et ensuite, rien ne garantit la poursuite de taux
d'au moins 4 % sur les contrats en euros. Reste la solution du versement sur un
contrat multisupport, mais attention alors, plus aucune garantie, on entre dans
le monde difficilement contrôlable de la bourse.
Marie-Claude
Barbier
zzz66f
PEL et prélèvements
sociaux : : Si vous détenez un PEL ouvert par exemple, en février 1993, votre PEL a été débité fin décembre 2005 ou courant janvier 2006 selon les établissements, des prélèvements sociaux dus depuis l'ouverture de celui-ci. Ensuite, fin 2006 et les années suivantes jusqu'à sa clôture, lorsque votre PEL sera crédité des intérêts acquis au titre de l'année qui viendra de s'écouler, ceux-ci seront amputés des prélèvements sociaux (11 % actuellement). |
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L'Hôtellerie Restauration n° 2966 Hebdo 2 mars 2006 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE