du 16 mars 2006 |
JURIDIQUE |
ÇA N'ARRIVE PAS QU'AUX AUTRES...
L'huissier vide le restaurant 'par erreur'
Paris (Ve) Pour une dette de leur locataire-gérant, un couple de restaurateurs de la rue Mouffetard voit son établissement complètement vidé par un huissier. Ils devront récupérer eux-mêmes leurs biens, et ne recevront aucune excuse du cabinet de l'huissier.
Imaginez la surprise de Nadine Sotiropoulos, ce mardi 28 février à 9 heures, quand elle va pour mettre la clé dans la porte de son établissement, L'Auberge de la Mouff, situé dans le Ve arrondissement de Paris. La porte a été fracturée, et en la poussant, elle constate que le restaurant a été complètement vidé ! Tout a disparu : les tables et les chaises, mais aussi les cadres sur les murs -seul le miroir scellé sera toujours présent. Même désastre dans la cuisine : le lave-vaisselle et le lave-verres, la machine a café, tout a disparu. Il ne reste que les fils, grossièrement arrachés. Si dans un premier temps elle pense à la visite de voleurs, la mise à sac de l'intégralité de son restaurant lui fait plutôt penser au travail d'un huissier. D'autant qu'elle avait déjà reçu la visite d'un huissier en son absence, mais pensait que le problème avait été résolu.
Ils avaient mis leur fonds
en location-gérance
Nadine et son époux
Georgios Sotiropoulos exploitent ensemble l'établissement depuis plus de 23
ans. Mais pour des raisons familiales, ils souhaitent souffler un peu et décident
de mettre leur restaurant en location-gérance. Le contrat sera conclu avec
la société Taris, d'avril 2004 au 2 janvier 2006, date à laquelle
ils souhaitent reprendre leur fonds. Leur avocate s'occupera de toutes les notifications
obligatoires et informations aux différents organismes de la fin du contrat
de gérance.
Le 13
janvier au matin, alors qu'ils viennent de s'absenter quelques jours, Georgios met
la clé dans la serrure du restaurant. Étonné, car habituellement,
il ferme toujours à double tour : un seul lui suffira cette fois-là.
Il comprend aussitôt qu'il ne s'agit pas d'un oubli de sa part en découvrant
sur le bar un procès-verbal d'huissier faisant l'inventaire des biens du restaurant.
Aussitôt, il téléphone à l'étude de maître Petey
dans le VIIIe arrondissement, lui expliquant que sa société
Socrate (dont il est le gérant) n'est pas le débiteur mais qu'il s'agit
de son ancien gérant libre, la société Taris. On lui demande alors
de faxer un extrait de son Kbis afin de prouver ses dires. Télécopie qui
sera envoyée 2 jours plus tard en raison de la fermeture des bureaux de l'huissier
pour cause de week-end. "L'affaire était donc terminée pour moi",
précise Georgios Sotiropoulos. Jusqu'à ce mardi 28 février.
Le restaurant est vidé
en moins de 45 minutes
C'est à la première
heure, avec un camion et accompagné de 4 personnes, que l'huissier fera ouvrir la porte au pied-de-biche.
Il n'a pas fait appel au concours d'un serrurier et n'est pas non plus accompagné
d'un commissaire de police. Quand les époux contacteront à nouveau le
cabinet d'huissier pour demander des explications, il leur sera répondu que
leur télécopie ne leur est jamais parvenue et qu'il leur appartenait d'aller
rechercher leurs affaires à La Courneuve (93). Choqués, réclamant
des explications, les époux auront énormément de mal à rentrer
en contact avec l'huissier. "Chaque fois que nous appelions pour demander des
explications, soit ils étaient en réunion, soit on nous laissait sur la
musique d'accueil", précise Nadine Sotiropoulos.
Faisant constater l'effraction par un autre huissier,
ils porteront plainte au commissariat contre l'étude de maître Petey
afin d'obtenir des dommages-intérêts pour le préjudice subi.
Pour une affaire de recouvrement qui
concernait une dette de 1 000 E de leur locataire-gérant, ils ont dû
débourser 300 E pour récupérer leurs meubles au dépôt,
plus 100 E de location de camion sans parler des 300 E du constat d'huissier, ainsi
que des frais de réinstallation des machines et lave-vaisselle. Le restaurant
restera fermé pendant 3 jours le temps qu'ils réinstallent tout. Ils ont
été fortement traumatisés par cette affaire : "En 23 ans de métier,
on n'avait jamais vu ça", conclut Georgios Sotiropoulos.
Pascale
Carbillet zzz22v
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L'Hôtellerie Restauration n° 2968 Hebdo 16 mars 2006 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE