du 23 mars 2006 |
DES MÉTIERS, UN AVENIR |
CHOISIR LA PROVINCE
Réussir à Tulle
Didier Bordas aura tout fait en matière de vins : sommelier dans les grands restaurants parisiens, il s’enorgueillit avec raison d’un cursus professionnel prestigieux.
Taillevent, Le Grand Vefour, La Marée, La Tour
d’Argent, le Plazza, les plus belles tables de la capitale auront fait appel à
ses services éclairés. Ce qui ne l’aura pas empêché en 1997 de laisser
bouteilles et carafes pour venir reprendre à Tulle en Corrèze une brasserie très
généraliste, alors en déconfiture. “J’ai changé radicalement de métier, se
souvient-il, tenté par l’expérience provinciale, sur une opportunité
commerciale. Je sortais d’un univers élitiste, dans lequel je vivais à l’abri,
pour prendre en main une affaire à l’avenir incertain. Un challenge en quelque
sorte à relever.”
Fort de ses connaissances oenologiques, Didier Bordas ouvre alors à 37 ans la
Taverne du Sommelier sur les quais du centre-ville, investissant toutes ses
économies dans l’affaire. Son concept est simple : une brasserie très
parisienne, avec une carte aux références multiples, et des plats accompagnés de
vins servis au verre. Côté cave, 350 étiquettes sont affichées, côté cuisine, une
bonne centaine de préparations différentes sont inscrites aux menus composables
par le client.
100 000 couverts par
an
Aujourd’hui, La Taverne est devenue une des toutes premières entreprises du
genre sur le Limousin avec un CA de 1,6 ME (multiplié par 10 en 9 ans), et plus
de 100 000 couverts vendus par an. Avec 21 salariés, l’ancien sommelier emploie
en prime 9 apprentis en permanence, soucieux de former des jeunes aux
professions de demain.
“Nous devons les aider et leur donner leur chance, cela fait partie du métier
d’entrepreneur, affirme-t-il. Malgré les bouleversements de notre milieu, les 35
heures, le smic hôtelier, l’euro. L’avenir dans les CHR passe par
l’apprentissage. Il faut perpétuer nos métiers, ce qui passe par l’emploi des
jeunes. Quant à la province, si décriée dans les milieux branchés de la
capitale, c’est encore un territoire dans lequel beaucoup reste à faire, où l’on
peut réussir, comme je l’ai prouvé.”
Besoin s’il en était de confirmer, Didier Bordas vient de racheter le restaurant
L’Entracte placé de l’autre côté de la rivière, en face de sa Taverne. Histoire
de se faire concurrence à lui-même, mais sur un créneau plus gastronomique, avec
la même clientèle et les mêmes tarifs.
“Nous avons ainsi une brasserie, dans toute l’acceptation du terme, et un
restaurant plus intime -tous deux réunis dans une structure juridique commune- dans lequel les gens pressés du midi prennent leur temps le soir. Il reste juste
la Corrèze à traverser par le pont pour aller de l’un à l’autre, et le personnel
a été formé pour travailler sur les deux enseignes en polyvalence. Ce qui nous a
permis quand même de créer une dizaine d’emplois supplémentaires.”
Jean-Pierre Gourvest zzz22v 969q33
La Taverne du Sommelier
8 quai de la République
19000 Tulle
Tél : 05 55 26 57 63
Jérémy Valadon, être
patron un jour
Zoom, Umih 19 : des professions
diabolisées
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L'Hôtellerie Restauration n° 2969 Hebdo 23 mars 2006 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE