du 30 mars 2006 |
CAMPUS |
CATÉGORIE : BAC PRO
Aurélie Brezel, lycée hôtelier Sainte-Thérèse de La Guerche-de-Bretagne
Nouveau spectacle
J'aimerais tellement vous faire partager ce moment anodin pour
certains mais tellement magique pour moi. Le marché est certainement l'endroit
où l'on peut se procurer des produits frais, mais également le lieu de
toutes les évasions pour nos papilles et notre gourmandise. Mais avez-vous
vu l'autre côté du décor ?
Tout d'abord, l'artisan commerçant se lève à
l'aurore pour préparer, sélectionner, charger sa marchandise. Sur la route,
il doit faire abstraction de tous les soucis et tracas que lui cause sa vie pour
être à l'écoute de ses clients. Une vraie mise en scène de
théâtre ! D'ailleurs, je vais vous la raconter comme telle !
Le commerçant arrive, il doit coordonner ses manoeuvres
avec ses collègues parce qu'il y a un ordre. C'est comme aux dominos : si l'un
est mal positionné, tout le reste s'écroule. L'arrivée est accompagnée
de l'odeur de la galette. C'est le début de la journée pour certains et
la fin de soirée bien arrosée pour d'autres. Ces derniers font également
partie du décor du théâtre par leurs chansons, leurs histoires d'amour,
les bizutages entre copains. Après quoi, ils montent la scène ou l'étal
devrais-je dire. Toute l'équipe s'active pour que le client soit émerveillé.
Ils deviennent, à ce moment, créateurs, inventeurs de tableaux de couleurs,
de formes, de textures. La vente repose avant tout sur la présentation. Un
grand cuisinier parisien a déclaré : "La gourmandise commence sur le
marché devant l'étal." C'est comme la palette d'un peintre qui cherche
l'harmonisation parfaite pour que le client se sente transporté. Un voyage
parmi les saveurs, les différents horizons et cultures. Les odeurs fusionnent,
l'odeur du café fraîchement moulu se mêle à l'émanation
subtile des épices. Le vendeur monte sur scène, et expose un sourire accrocheur,
une bonne humeur constante, le tout surélevé de bons conseils. En tout
cas, ce qui est sûr, c'est qu'il est prêt !
Le marché ne se fait pas sans mal quelquefois, avec des coups
de panique, des moments de calme aussi, de doutes, de recettes échangées,
des astuces, des lunettes oubliées sur le bord d'un étal et, le plus souvent,
des rencontres. Tout se fait sous le regard attentif de certains passionnés.
La scène ou le marché terminé, si vous préférez, on remballe
la marchandise mais également les phrases préconstruites du vendeur "merci,
au revoir, et bonne fin de journée !". Le sourire parfois laisse place
à la fatigue. Mais il y a ce moment un peu gênant du commerçant
quand un autre vient lui poser la fameuse question : "Bien vendu ?" "C'était
mou ?" Ils boivent un café, discutent.
Le théâtre se démonte, les acteurs font place
à d'autres épicuriens, les oiseaux qui se régalent des restes royaux.
Le rideau glisse et se referme. Pas de rappel ni d'applaudissements. Rien que de
la passion reconduite toutes les semaines au marché des émotions.
zzz14
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L'Hôtellerie Restauration n° 2970 Hebdo 30 mars 2006 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE