du 13 avril 2006 |
ÉDITO |
20 000 artisans-restaurateurs
Devant les deux congrès de la profession (la CPIH à Lourdes et la Fagiht à Annecy), qui se sont déroulés la semaine dernière, le ministre des PME, Renaud Dutreil, très présent ces temps-ci auprès des représentants des 'forces vives' que sont les petites et moyennes entreprises, a évoqué l'éventualité d'attribuer un statut d'artisan aux restaurateurs susceptibles de répondre à certains critères.
Vaste programme, est-on tenté de commenter, tant il est difficile d'appréhender la réalité économique, juridique, sociale et commerciale du secteur de la restauration dans sa globalité. Selon les statistiques officielles (direction du Commerce, de l'Artisanat et des services du ministère des PME, édition 2005), on dénombre 103 737 restaurants auxquels il convient d'ajouter 22 339 hôtels avec restaurant. La simple évocation de ces chiffres souligne la difficulté d'une éventuelle - et énième - classification d'une activité qui fait déjà l'objet de multiples regroupements, syndicaux, qualitatifs, promotionnels, régionaux et on en oublie forcément.
À Annecy, un intervenant a chiffré à 20 000 le nombre de restaurateurs susceptibles d'être candidats au label.
Qui pourra prétendre au statut d'artisan, et pour quels avantages ? Dans quelles conditions ? Pour quoi faire ? Autant de questions certes aujourd'hui prématurées, mais qu'il faudra bien aborder si l'on veut éviter que le projet ne rejoigne le cimetière des innombrables bonnes idées mortes avant d'avoir vécu.
Selon la loi de 1962, un artisan exerce un métier de fabrication de produits ou de services qu'il vend à sa clientèle, et son entreprise ne dépasse pas l'effectif de 10 salariés. Il est évident que cette définition trop vague est inadaptée au monde contemporain, et qu'il appartient d'abord au législateur de moderniser un texte âgé de plus de 40 ans. Certes, l'air du temps est plutôt à l'immobilisme, mais il est peut-être plus facile d'aller de l'avant avec les entrepreneurs qu'avec les candidats à un emploi 'protégé' dans la fonction publique.
Bien sûr, le projet encore à l'état d'esquisse de Renaud Dutreil mérite toute l'attention de la profession en attendant d'en savoir un peu plus. Qui aura droit au statut d'artisan ? Qui définira les critères d'admissibilité sans provoquer de très belles empoignades dans un monde où l'unanimité ne règne pas ?
La question n'est pas innocente : le mot 'artisan' est aujourd'hui
'vendeur' depuis qu'il a été récupéré à la fois
par les publicitaires - rappelez-vous la récente et très intelligente
campagne sur
'la première entreprise de France' - et par les spécialistes
du marketing, qui ont inventé dans le Bordelais les crus 'artisans', les
confitures de fabrication 'artisanale', sans oublier les 'artisans d'art' qui font
les beaux jours des villages médiévaux chers aux touristes.
zzz80
L.
H.
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L'Hôtellerie Restauration n° 2972 Hebdo 13 avril 2006 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE