du 20 avril 2006 |
EXPATRIATION |
DESTINATION PHARE POUR UNE PREMIÈRE EXPATRIATION
LONDRES, UN TREMPLIN POUR LE RESTE DU MONDE
Avec plus de 6 000 restaurants, la capitale britannique offre une multitude d'opportunités pour qui ambitionne une belle carrière.
Je conseille à tous
les jeunes de partir travailler à l'étranger plusieurs mois ou plusieurs
années, car l'immersion dans un autre pays que le sien est enrichissant à
tout point de vue, un pied à l'étrier pour bâtir une belle carrière",
confie Hugues Jaquier, directeur du Sofitel Saint James à Londres. Certes,
pour cet expatrié de longue date, Londres n'est pas la seule destination intéressante.
Car d'autres pays et continents anglophones offrent également de belles opportunités.
Néanmoins, pour une première expatriation dans un pays anglo-saxon, Londres
est sans doute la destination la plus facile d'accès. À peine à
3 heures de Paris en Eurostar, les jeunes Français, en tant que citoyens
de l'Union européenne, ont le droit d'y travailler à partir du moment
où ils sont en possession d'un passeport en cours de validité. Et l'activité
de restauration y est particulièrement développée et dynamique. En
témoigne le nombre de restaurants installés dans la capitale britannique
: "Plus de 6 000 restaurants y sont recensés, soit 22 % des restaurants
de Grande-Bretagne. Les pubs ne sont pas non plus à négliger puisqu'ils
sont au nombre de 3 800", précise Renée-Christine Claverie, de la
mission économique de l'ambassade de France à Londres. Cette richesse
dynamise le marché de l'emploi dans ce secteur d'activité, qui bénéficie
en outre d'un effet de mode dû à la médiatisation croissante,
depuis quelques années, de certains chefs, de la cuisine et ses métiers.
La popularité de Jamie Oliver, devenu célèbre à 26 ans pour
ses émissions de téléréalité, et dernièrement pour
son action au sein des écoles pour améliorer l'équilibre alimentaire
et le goût des repas servis dans les cantines, en est un bon exemple. "Cette
médiatisation de la restauration et des cuisiniers a rendu le secteur très
populaire à Londres, ce qui contribue à attirer des investisseurs",
remarque Philippe Damonte, à la tête de l'agence de recrutement Le
Bon Chef.
À Londres, l'accès à l'emploi
est donc facile. Un moyen très simple de se faire une idée des offres
disponibles est d'aller visiter le site
www.lhotellerie.com
spécialisé dans le recrutement à l'international, et qui est particulièrement
riche en annonces d'emploi pour Londres et le Royaume-Uni.
Au W'Sens, Antoine Violette (28 ans), directeur, Clément Bonano (21 ans), chef de cuisine, et Julien Levy (21 ans), assistant maître d'hôtel. |
La ville la plus chère
d'Europe
Néanmoins, une expatriation
réussie se prépare à l'avance. Bien sûr, avant de partir,
il est indispensable de
prendre conscience du coût de la vie dans la capitale britannique, qui est
la plus chère d'Europe*. Mais il est aussi recommandé aux jeunes de bien
cerner leur projet professionnel. "On peut distinguer les jeunes qui recherchent
avant tout à perfectionner leur anglais, et ceux qui souhaitent surtout développer
leurs compétences techniques", souligne Éric Lucht de Freibruch,
du cabinet Éric Lucht Associates spécialisé dans le recrutement
pour des hôtels de luxe et restaurants gastronomiques.
"Londres offre des possibilités d'emplois dans les deux cas. Mais il faut
que dès le début, le candidat postule dans un établissement correspondant
à son ambition. C'est important pour la cohérence de son parcours futur",
insiste-t-il.
Il n'est pas rare que des jeunes arrivent dans
l'idée d'y travailler quelques mois, et finissent par rester plusieurs années,
et nombreux sont ceux qui témoignent de leur enthousiasme à travailler
dans une ville qui offre des possibilités de progression beaucoup plus rapides
qu'en France. "À condition d'accepter de commencer un peu plus bas qu'en
France et de se révéler compétent et valable. Alors, on peut obtenir
des postes à responsabilités très vite", confie Frédéric
Billet, directeur de la restauration du Renaissance Chancery Court, un hôtel-restaurant
de luxe du centre historique de Londres. Cela est vrai pour la salle, mais également
pour la cuisine où certains employeurs misent sur le savoir-faire de très
jeunes chefs. À titre d'exemple, au restaurant W'Sens, Clément Bonano
s'est vu confié à tout juste 21 ans la cuisine du restaurant (13 personnes).
"Nous entretenons dans le groupe une politique de ressources humaines encourageante
pour les jeunes talents, et nous favorisons la formation et les évolutions
en interne puisque nous avons l'avantage d'être implantés en France,
en Asie, sur l'île Maurice…", explique Antoine Violette, 28 ans,
directeur général de l'établissement. Car c'est aussi cela Londres,
un tremplin pour le reste du monde. Armé d'une expérience professionnelle
plus solide et d'une bonne maîtrise de l'anglais, les professionnels du secteur
- quel que soit leur métier (cuisine, salle, housekeeping) - peuvent partir
travailler pratiquement où ils veulent : rentrer en France, poursuivre dans
une autre ville du Royaume-Uni (Manchester, Liverpool, Edinburgh…),
tester un autre pays d'Europe, tenter l'aventure des États-Unis ou de l'Asie
ou encore des croisières…
Tiphaine
Beausseron zzz99 zzz22v zzz36v
* Selon la dernière enquête annuelle mondiale Mercer HRC (Human Ressource Consulting), publiée le 20 juin 2005, et qui classait également Londres comme la 3e ville la plus chère au monde.
Londres en bref
Population |
UNE QUESTION À... Richard Kingue Kouta, responsable du cabinet Authentique Recruitment Avec l'élargissement de l'Union européenne
aux Pays de l'Est en 2004, les professionnels britanniques ont-ils tendance à
diversifier leur recrutement au détriment de la main-d'oeuvre française
? |
PARCOURS D'ENTREPRENEUR Pour Éric Guignard, 40 ans, chef et propriétaire de 2 restaurants à Londres, "l'Angleterre, c'est l'Amérique de l'Europe", se plaît-il à dire. L'ex-chef de partie chez Jean Capa (2 étoiles Michelin à l'époque), sous-chef du Pergolèse (1 étoile Michelin à l'époque), qui avait débuté comme apprenti au Moulin d'Orgeval à Saint-Germain-en-Laye (78), sait de quoi il parle. C'est en effet au pays de Shakespeare qu'il a atteint son objectif de toujours : ouvrir son propre restaurant. Bien sûr, il lui a fallu du temps. Après avoir voyagé aux États-Unis, en Italie et en Allemagne, il décide de poser ses valises à Londres où il travaille d'abord 2 ans comme chef adjoint au Capital Hotel (1 étoile Michelin à l'époque). C'est à 32 ans qu'il amorce son 1er virage vers l'entreprenariat. "On m'a confié l'ouverture d'un restaurant à Islington, puis de 2 autres. Être à la fois chef de cuisine, responsable du restaurant et de sa gestion, tout en étant très indépendant, était idéal comme préparation à la reprise de mon propre établissement, se souvient-il. J'avais mûri mon projet et m'étais familiarisé avec les prix des fonds de commerce. Je savais que le centre de Londres était hors de mes moyens." Aussi, quand un ami lui fait découvrir l'emplacement d'un petit restaurant australien à Surbiton, une banlieue résidentielle et fortunée à 20 mn de Waterloo, au sud de Londres, il est séduit. La cuisine et la salle sont au même niveau - il souhaitait éviter à tout prix une cuisine en sous-sol ou en étage - et l'immeuble comporte une partie habitation pour lui et sa famille. Après 4 longs mois de procédures transactionnelles, il achète le fonds pour £ 170 000 et rebaptise l'endroit The French Table. "Nous avons ouvert en juin 2001. J'étais en cuisine, et ma femme se chargeait de la salle", se souvient le chef. 5 ans après, Éric Guignard est fier de son restaurant, devenu, grâce au bouche à oreille, LA référence du quartier. "Aujourd'hui, nous employons une dizaine de personnes, et la valeur du fonds a doublé", précise-t-il qui, fort de ce premier succès, a fait le pari d'ouvrir en 2004 un second restaurant The Food Room, à Battersea, plus proche du centre de Londres. |
Retrouvez des conseils pratiques pour s’expatrier au Royaume-Uni sur www.lhotellerie.fr à la suite de cet article et sur www.lhotellerie.com, site sur lequel vous pourrez aussi vous informez sur d’autres destinations (New York, Madrid, Dublin...). Pour cela, c’est très simple : sur la page d’accueil de www.lhotellerie.com, il suffit de cliquer sur la rubrique 'Benefit from practical advice on working abroad and read the last news', puis sur 'Conseils pour travailler à l'étranger' ou sur 'Le best of des articles internationaux classés par pays". |
Complément d'information 2973p32
Témoignages
Estelle Lamotte, de Londres à New York En dates |
Frédéric Billet, directeur de la restauration
de l’hôtel Renaissance Chancery Court |
Jean-Noël Falières, un globe-trotter de
retour à Londres Jean-Noël Falières a bien essayé de rentrer en France l’année dernière, mais il n’a pas tenu un an. C’est à Londres qu’il se sent le mieux. Et c’est dans la capitale britannique qu’il est donc revenu, à 34 ans, en tant que directeur du 1880, le restaurant du Bentley Hotel, un hôtel-boutique de 64 chambres particulièrement luxueuses situé dans le quartier français de South Kesington. Ce retour à Londres est un peu comme un retour aux sources pour ce Parisien d’origine, qui y avait débarqué pour la première fois en 1991 comme commis serveur à l’Opéra, le restaurant du Grand InterContinental Hotel. “J’ai quitté Londres en 2000. J’avais besoin de découvrir autre chose. On m’a proposé un poste de manager à Oman, au sud est de la péninsule arabique, et j’ai tenté l’aventure”, se souvient-il. Après 2 autres années à l’InterContinental d’Abu Dhabi, il teste la Russie pendant 6 mois. C’est à ce moment-là qu’il tente un retour à Paris, au Petit Zinc. “Mais le dynamisme britannique, la diversité culturelle et la richesse du marché du vin me manquaient. Après 15 ans d’expatriation, la France ne me convenait plus”, raconte-t-il. Depuis février 2006, Jean-Noël Falières est responsable du restaurant 1880, un restaurant gastronomique discret qu’il a bien l’intention de transformer en restaurant gastronomique connu et reconnu. |
Leurs conseils
Delphine Bordes, responsable du recrutement
au Novotel Waterloo, qui emploie une soixantaine de personnes, dont une
majorité de Français
“Nous recrutons des Français, à condition qu’ils sachent tenir une conversation
en anglais. Lorsque j’appelle des candidats et leur parle en anglais, celui qui
ne me comprend pas ou ne sait pas répondre dans un anglais correct perd sa
chance d’être embauché.”
Richard Kinge Kouta, responsable du cabinet
Authentique Recruitment
“Ceux qui veulent venir uniquement pour 6 mois n’ont pas vraiment besoin
d’être conseillés. Ils trouveront très facilement un emploi en lisant les
annonces d’emploi ou en proposant spontanément leur candidature en faisant du
porte-à-porte. Par contre, ceux qui ambitionnent une carrière au Royaume-Uni ont
intérêt à bien cibler leur établissement, à s’y impliquer et à faire preuve de
stabilité.”
Philippe Damonte, à la tête de l’agence Le
Bon Chef
“Avant le départ de France, le mieux est d’être en possession d’une promesse
d’embauche comportant tous les détails du poste : salaire, horaires, date de
commencement, description des tâches. Qu’ils n’hésitent pas non plus à visiter
le site internet de l’établissement. Et à poser toutes les questions qu’ils
jugent utiles par téléphone.”
Adresse des restaurants cités dans l’article
• W’Sens by la Compagnie des Comptoirs
12 Waterloo Place
Saint-James- London SW1 4AU
www.wsens.co.uk
• The French Table
85 Maple Road, Surbiton
Surrey KTT6 4AW
Tél. : 208 8399 2365
• The Food Room
123 Queenstown Road – Battersea
London SW8 3NR
Tél. : 020 7622 0555
Conditions d’emploi, Sécurité sociale, fiscalité, vie pratique et adresses utiles : cliquez ici
Article précédent - Article suivant
Vos questions et vos remarques : Rejoignez le Forum des Blogs des Experts
L'Hôtellerie Restauration n° 2973 Hebdo 20 avril 2006 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE