du 27 avril 2006 |
RESTAURATION |
LE 10 JUIN 1996, JACQUES CHIBOIS OUVRAIT LA BASTIDE SAINT-ANTOINE
UN BEL ANNIVERSAIRE
Grasse (06) Jacques Chibois célèbrera le 10 juin le 10e anniversaire de La Bastide Saint-Antoine. Une totale réussite pour un cuisinier artisan et chef d'entreprise.
Jacques
Chibois est avant tout un homme de bon sens. "Ce que j'ai entrepris en 1996,
je ne pourrais plus le faire aujourd'hui. Les prix ont au moins été multipliés
par cinq depuis", confie-t-il à L'Hôtellerie
Restauration. Il n'en continue
pas moins à embellir chaque année La Bastide, vieille de plus de deux
siècles, nichée aux portes de Grasse dans un parc de 3 hectares d'oliviers
plus que centenaires.
Il vient de transformer la maison
qu'il occupait à titre personnel en un nouvel hébergement hôtelier
(une chambre, 3 suites, un appartement, une salle de fitness) dans un style contemporain
où la pierre, le bois et le fer se mélangent dans des tons gris, beige
et jaune.
À l'issue de treize mois de
travaux et d'un investissement de 750 000 euros, cette extension de 600 m2,
totalement indépendante, s'ajoute aux 11 chambres (dont 3 suites) du bâtiment
principal qui regroupe aussi le restaurant gastronomique et différentes salles
de réception. "Avec ma
femme,
nous sommes les seuls propriétaires de La Bastide. Il n'y a pas de groupe derrière
nous", affirme Jacques Chibois, qui se qualifie à la fois d'artisan et de
chef d'entreprise. Une entreprise, ouverte 7 jours sur sept, qui compte 80 salariés
contre 20 au début.
"C'est
sûrement lié à mon caractère d'homme natif du Limousin, j'ai
toujours procédé étape par étape. Il faut investir, prendre
des risques mais quand on est établi, on n'a pas le droit de tout remettre
en question", dit-il.
Exemple : le nouvel hébergement s'autofinance.
"L'occupation des chambres rembourse les intérêts. Il faut être
sûr de mener à bien les choses que l'on entreprend", ajoute-t-il.
Jacques Chibois estime que "la nouveauté,
l'évolution, le dynamisme" sont indispensables à la réussite
d'une entreprise. "Il faut toujours apporter un changement, des innovations.
Si la maison vit, le client le voit et il est rassuré."
Quand on lui demande s'il n'a pas de
regrets de ne pas s'être installé plus tôt, il répond : "Sans
mon passage de douze ans au Gray d'Albion à Cannes, je n'aurais pas pu mettre
de l'argent de côté. Et j'y ai aussi appris à diriger une brigade,
gérer, devenir chef d'entreprise."
Ensuite, tout n'a été qu'une
question d'opportunité. "J'ai cherché pendant 5 ans la maison qui me
convienne. S'il n'y avait pas eu la crise financière, je n'aurais jamais pu
acheter La Bastide", souligne-t-il.
"Remettre l'apprentissage
au coeur de l'entreprise"
Au fil des années et du succès, Jacques
Chibois a su déléguer. Son second, Jean-François Godet, est avec
lui depuis 20 ans. Il est le parrain de sa fille. Il s'est aussi entouré de
Laurent Planquelle, formé par Joël Robuchon et Philippe Braun, qui est
chargé d'assurer au quotidien le bon fonctionnement de La Bastide.
"Au fur et à mesure que mon
entreprise grossissait, j'ai admis qu'il me fallait prendre du recul. Si l'on est
trop pris par le
travail
quotidien, on n'a pas le temps d'observer, d'avoir l'oeil extérieur."
Jacques Chibois, qui s'investit dans la formation
professionnelle, regrette que le métier de cuisinier ne suscite pas davantage
de vocations. "Mes maîtres d'apprentissage, Michel Guérard et Roger
Vergé, m'ont fait rêver. Aujourd'hui, on n'a plus la même écoute.
On n'inculque plus aux jeunes qu'ils ont besoin de l'adulte pour apprendre, s'épanouir.
La réforme du CAP est catastrophique. On nivelle par le bas. C'est la fonction
publique qui nous dirige. Il faut remettre l'apprentissage au cÏur de l'entreprise."
Il reconnaît que les attentes du client ont changé en 10 ans mais il
n'en conclut pas pour autant qu'il faut "tout chambouler". "La cuisine
fusion, c'est de la physique, de la chimie, une mode comme l'a été la
nouvelle cuisine. Il faut s'y intéresser mais sans aller à l'extrême
des choses. Un cuisinier n'est pas un saltimbanque, encore moins un homme de laboratoire."
Il sait aussi que, désormais, "le client veut de la fraîcheur, des
mets dépouillés, compréhensibles, de qualité et un service courtois,
convivial".
Il s'est résolu, après bien
des hésitations, à faire paraître sous le nom de Maître
Jacques un magazine pour les clients de La Bastide afin de communiquer sur les
produits, les artisans locaux, "nos valeurs". "Les gens, dit-il,
ont besoin de savoir qui vous êtes et ce que vous leur proposez."
Bernard
Degioanni zzz22v
La bastide Saint-Antoine
48 avenue Henri Dunant
06130 Grasse
Tél : 04 93 70 94 94
www.jacques-chibois.com
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L'Hôtellerie Restauration n° 2974 Hebdo 27 avril 2006 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE