du 1er juin 2006 |
ÉDITO |
Dernier foie gras à Chicago
Lors
de la dernière séance de son conseil municipal, Richard Daley, le maire
de Chicago, a déploré la décision de ses collègues - démocratie
oblige - d'interdire à partir du 1er juin la vente de foie gras
dans les restaurants de la capitale du Middle West. L'édile a regretté
que, sous la pression d'associations adeptes du 'politiquement correct', l'on s'intéresse
davantage au gavage des oies et des canards qu'au sort des enfants des banlieues
défavorisées ou aux ravages de la drogue. Mais les États-Unis,
dont nous reproduisons fidèlement les travers comme les qualités à
quelques années de distance, sont engagés dans une direction de moins
en moins libérale, qu'il s'agisse de contrôle sécuritaire, de protection
sanitaire ou de discrimination dite 'positive'.
Cette interdiction de vente de foie gras dans les restos de Chicago,
et prochainement dans ceux de la Californie d'Arnold Schwarzenegger - âme
sensible entre toutes -, pourrait paraître dérisoire dans un pays où
l'on s'interroge encore doctement de savoir si ça fait mal de griller sur
une chaise électrique. Enfin, passons.
Plus proche de nos préoccupations, il faut se garder de tout
excès de réglementation, d'interdits, de prescriptions qui empiètent
largement sur nos libertés individuelles, notamment dans le domaine du comportement
alimentaire. L'Amérique n'ayant pas fait preuve d'une clairvoyance absolue
en matière de santé publique (30 % d'adultes atteints d'obésité),
il est particulièrement mal venu de la part des multiples associations aux
noms évocateurs (Farm Sanctuary, Human Society of the US, Animal Protection
and Rescue League, et on en passe) de prétendre s'ériger en législateurs
universels dans des domaines qui relèvent de la liberté individuelle.
Et aux États-Unis comme en France et ailleurs, il faut
respecter la responsabilité individuelle qui ne doit pas être annihilée
par des oukases sans fondement.
Libre à chacun d'aimer le foie gras, le pauillac et le
havane tant qu'il respecte la liberté d'autrui, notamment celle de ne pas faire
la même chose. Libre aussi de déplorer les traitements infligés
aux animaux destinés à la consommation humaine, mais les carnivores
n'ont jamais eu beaucoup de pitié pour leur garde-manger, qu'il s'agisse des
volailles, des bovins ou des salmonidés.
La décision de la municipalité de Chicago peut certes prêter à sourire, mais
elle ne doit pas être ignorée pour ce qu'elle risque d'être : une intrusion dans
le comportement de chacun, y compris de ce côté-ci de l'Atlantique.
L.
H. zzz80
Vos questions et vos remarques : Rejoignez le Forum des Blogs des Experts
L'Hôtellerie Restauration n° 2979 Hebdo 1er juin 2006 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE