du 1er juin 2006 |
L'ÉVÉNEMENT |
DISPARITION DU P.-D.G. DE MICHELIN
Édouard Michelin : le guide perd son jeune patron
Vendredi 26 mai, Édouard Michelin, victime d'un naufrage, a péri au large des côtes bretonnes. À 42 ans, le jeune patron régnait sur le n° 1 mondial des pneumatiques et sur LA référence des cuisiniers : le guide rouge.
Au Plaza Athénée, en 2004, Édouard Michelin entouré de trois anciens directeurs du guide rouge France, André Trichot, Bernard Naegellen, Derek Brown, et de l'actuel directeur des guides Michelin, Jean-Luc Naret. |
La disparition tragique de monsieur Édouard Michelin, vendredi, nous bouleverse tous. J'ai une pensée particulière pour son épouse et ses enfants, et pour monsieur François Michelin qui était si proche d'Édouard Michelin. En conformité avec les statuts de l'entreprise, j'assure, à partir d'aujourd'hui, toutes les responsabilités de direction de Michelin dans le cadre d'orientations stratégiques claires et qui restent inchangées", a déclaré Michel Rollier, cogérant de Michelin, dès samedi dernier. Le décès brutal et accidentel du p.-d.g. de Michelin, Édouard Michelin, a provoqué un séisme. La multinationale aux 130 000 salariés à travers le monde, développée et modernisée par son jeune patron depuis 1999, est sous le choc, mais toujours sous contrôle. L'heure est au recueillement avec les funérailles célébrées mercredi, dans la cathédrale de Clermont-Ferrand.
"Pas des faiseurs et défaiseurs
de chefs"
À la tête de
l'entreprise familiale spécialisée dans les pneumatiques, Édouard
Michelin avait su garder un oeil sur les guides. Amateur de bonne cuisine et cuisinier
à ses heures, il s'intéressait de près à la branche des
cartes et guides. S'il a su, tout le monde le reconnaît aujourd'hui, donner
une envergure sans égale au groupe en s'implantant et en gagnant de nouveaux
marchés à l'étranger, cette politique a aussi été appliquée
aux guides gastronomiques. Le jeune patron a fait appel à Jean-Luc Naret,
directeur des guides Michelin, pour prendre en charge ce développement
à l'international, de New York à San Francisco, en passant par l'Asie.
L'année dernière, il avait accordé un entretien à
L'Hôtellerie
Restauration, au cours duquel
il avait donné quelques clés sur sa conception du guide. Propos recueillis
à l'époque par Jean-François Mesplède, aujourd'hui directeur
du guide Michelin France. Extraits : "Le guide Michelin est un
service que nous rendons depuis très longtemps, qui répond à un
vrai besoin et qui s'adapte régulièrement en fonction de ce que les gens
aiment et que les restaurateurs et les hôteliers offrent. […] Si un
chef perd une étoile, c'est qu'il a baissé. C'est de la mythologie de
croire que les investissements suffisent à avoir une étoile." "En
cuisine, rien n'est interdit ! On nous accuse de façonner la gastronomie,
moi je pense que nous la stimulons !" "[…] nous sommes des évaluateurs
d'expérience, pas des faiseurs et défaiseurs de chefs. Je résume
cela en quatre mots : sérieux, passion, anonymat et discrétion. Nous faisons
notre travail et nous allons continuer à le faire…"
En mars dernier, Édouard
Michelin avait fait une entorse à sa discrétion coutumière en se
rendant à Parme, où il avait réuni tous les chefs étoilés
italiens, afin de célébrer les 50 ans du guide. "Le guide Michelin
ne guide pas les chefs. Il guide les clients vers les chefs. Je formule le souhait
que la simplicité soit toujours au rendez-vous de la gastronomie",
avait-il déclaré. Malicieusement, il avait terminé son discours, dans un
sourire, en donnant rendez-vous aux chefs dans 50 ans, pour le centenaire du
guide transalpin. Rires et applaudissements avaient fusé. Le charme du jeune
patron avait merveilleusement fonctionné.
Nadine Lemoine zzz18c zzz18p zzz22v
Article précédent - Article suivant
Vos questions et vos remarques : Rejoignez le Forum des Blogs des Experts
L'Hôtellerie Restauration n° 2979 Hebdo 1er juin 2006 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE