du 8 juin 2006 |
GÉRER SON ENTREPRISE |
ACCORD DE PRÊT
COMMENT LES BANQUES DÉCIDENT ?
Dynamiques dans le domaine des créations et reprises d'entreprises, les CHR sont aussi connus pour le taux de défaillance d'entreprises, particulièrement élevé. C'est pour cette raison que le secteur est considéré comme 'risqué' par les banquiers, qui seront donc particulièrement sélectifs dans le choix des dossiers à financer.
Par Jean-Claude Oulé, agrégé d'économie et de gestion, expert-comptable, auteur du sujet interactif Outils pratiques de gestion en CHR
Tout d'abord, sachez qu'un même projet
peut être financé par une banque alors qu'il a été refusé
par une autre. Pourquoi ? Parce que chaque banque va mesurer, selon ses propres
critères, 3 niveaux de risque :
Le risque général
C'est le risque lié à l'état général de l'économie
qui fait que les banquiers ont une propension plus forte à accorder des prêts
en période de croissance économique.
Le
risque sectoriel Tous les
secteurs d'activité ne sont pas perçus comme également risqués
par le banquier. Le niveau de risque associé à un secteur dépend
de la situation économique de ce secteur et du taux de contentieux que la banque
y a connu. Chaque banque dispose de ses propres statistiques, qui peuvent être
plus ou moins favorables. Par ailleurs, les banques cherchent à équilibrer
leurs engagements dans les différents secteurs d'activité : ainsi, une
banque ou une agence qui a accordé de nombreux prêts aux CHR dans les
mois précédents aura peut-être atteint son quota pour le secteur,
et refusera votre prêt quelle que soit la qualité de votre projet. C'est
pourquoi il est conseillé de faire des demandes de prêt dans plusieurs
banques.
Le
risque du projet C'est le
risque propre à votre projet… Il dépend tout d'abord de vous,
de votre personnalité, de votre expérience, de votre aptitude à
le défendre. S'il n'est pas exigé légalement de diplôme professionnel
pour créer ou reprendre une entreprise du secteur des CHR, les banquiers en
font parfois une condition pour leur accord de financement. À défaut
de diplôme, une expérience du secteur est toujours appréciée.
Inspirez confiance
Si vous ne pouvez pas agir
directement sur le risque général et le risque sectoriel, vous pouvez,
en revanche, démontrer à votre banquier que le risque du projet en vaut
la peine, qu'il est minime par rapport aux chances de réussite. C'est à
vous d'inspirer confiance.
En cours d'exploitation, la
confiance se crée principalement grâce aux résultats financiers.
Si votre entreprise est bénéficiaire
de façon durable, si vous avez tenu vos engagements à l'égard
de la banque, les accords de prêt pour investir, pour rénover, voire
pour créer ou acquérir une nouvelle affaire, seront beaucoup plus faciles
à obtenir.
Mais à la création ou à la
reprise, cette confiance repose sur la qualité de vote business plan, sur votre
personnalité et votre expérience, sur les caractéristiques de l'affaire
créée ou reprise.
Ainsi, le business plan est un élément
indispensable pour convaincre votre banquier de vous faire confiance, mais aussi
d'augmenter les chances de réussite durable. Vous devez montrer que vous maîtrisez
le mécanisme des comptes prévisionnels dans ses grandes lignes, d'une
part pour être crédible, d'autre part parce que c'est le b.a.-ba de la
gestion et que vous y serez de toute façon confronté.
Les 6 points-clés de
votre business plan
1.
Une
présentation de vous-même
Votre formation, votre parcours et les atouts de votre expérience.
2. Une
étude de marché
Réalisée par vous ou par un organisme spécialisé, elle doit
répondre aux questions suivantes : que va-t-on vendre ? À quel besoin
répond cette offre ? Quels sont les concurrents ?
3. Vos
prévisions ou comment les financements et investissements vont vous permettre
de disposer des moyens de production nécessaires à l'exploitation
Dans cette partie, votre
business plan doit comprendre :
Un document présentant
le montage financier (liste des investissements nécessaires et moyens de financement
envisagés).
Des comptes de résultats
prévisionnels, qui vont permettre de calculer les ressources que l'activité
de l'entreprise va dégager (cash flow ou capacité d'autofinancement).
Le plan de financement qui va permettre
de comparer le cash flow et les besoins résultant des investissements et remboursement
d'emprunt.
Tous les spécialistes s'accordent sur le
fait qu'un business plan ne doit pas seulement servir à convaincre le banquier,
mais que les résultats prévisionnels doivent devenir les objectifs à
atteindre. Dès les premiers mois d'activité, on doit vérifier que
le chiffre d'affaires et les coûts sont conformes aux prévisions, et
mettre en place les mesures permettant de corriger les mauvaises trajectoires.
4. Les
aspects juridiques Choix
de la forme de société, bail, contrats brasseurs ou autres…
5. L'équipe
Recrutement, rémunération,
formation, management. Dans le contexte de pénurie de main-d'oeuvre que connaît
en ce moment le secteur, montrer que vous avez réfléchi à une véritable
politique RH sera un atout.
6. Les
moyens de commercialisation et du contrôle de gestion
De nombreux business plan sont muets sur ce point alors que vous avez également
tout à gagner à réfléchir à ces 2 points avant l'ouverture.
Si vous l'attendez pour réfléchir, par exemple, au tableau de bord mensuel
dont vous aurez besoin, ce sera trop tard, et vous risquez de négliger cet
aspect - pourtant essentiel - car vous serez alors absorbé par l'exploitation.
40 % de fonds propres
Le principe est le suivant
: plus un projet est considéré comme risqué par le banquier, plus
la part des fonds propres dans le financement stable devra être élevée.
Compte tenu du niveau de risque moyen des projets en CHR, on considère qu'il
faut aujourd'hui environ 40 % de fonds propres. Certains projets peuvent aboutir
avec 20 ou 30 % de fonds propres, mais il s'agit le plus souvent de créations
de franchises qui apportent aux banquiers une certaine sécurité sur les
résultats prévus.
Les créateurs sont de plus
en plus nombreux à avoir compris qu'avant de convaincre le banquier, il était
nécessaire de 'vendre' son projet à des partenaires financiers, parents,
amis, relations, anciens employeurs, etc., qui apporteront un complément de
ressources pour parvenir aux fonds propres nécessaires. L'investissement dans
le capital d'une PME par des personnes physiques bénéficie d'ailleurs
d'un avantage fiscal qui peut vous aider à convaincre de futurs associés.
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'Outils
pratiques de gestion, en CHR' vous éclaire sur
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Ce sujet interactif a été conçu
pour aider l'hôtelier ou le restaurateur indépendant à optimiser
la gestion de son entreprise. Les clés d'une gestion réussie deviennent
accessibles et facilement exploitables par tous ceux qui veulent améliorer
leur rentabilité : facteurs déterminants et seuils de la rentabilité
en CHR, gestion prévisionnelle des budgets, analyse des ventes, des coûts
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