du 15 juin 2006 |
ÉTUDE |
MARIE-CLAUDE MORIA, PRÉSIDENTE DE L'AGGH CÔTE D'AZUR
"Il y a une disproportion entre notre niveau de salaire, nos responsabilités et notre disponibilité"
En acceptant de divulguer leurs salaires, les gouvernantes générales de l'AGGH Côte d'Azur tirent la sonnette d'alarme. Elles considèrent leur métier comme étant encore méconnu et pas assez reconnu.
Propos recueillis par Tiphaine Beausseron
L'Hôtellerie Restauration :
Estimez-vous être bien payés ?
Marie-Claude Moria :
Pas à notre juste valeur. Alors que la gouvernante générale
d'hôtel participe au comité de direction, qu'elle gère des budgets
importants (jusqu'à 2 millions d'euros annuels selon les cas), qu'elle est
un petit directeur des ressources humaines pour son département et qu'elle
est responsable du confort du client - élément-clé du succès
d'un hôtel -, il nous paraît que les salaires pratiqués ne sont
pas en corrélation avec nos responsabilités et notre disponibilité.
D'autant que nous pouvons travailler parfois de 7 h 30 à 20 heures et plus.
Comment expliquez-vous cette situation ?
Peut-être que la fonction de gouvernante générale
n'apparaît pas assez comme un métier à part entière. La plupart
des gens ne la considèrent que comme la suite logique dans l'évolution
de carrière d'une bonne gouvernante d'étage. Le niveau de salaire des
gouvernantes d'étage n'étant pas très élevé, celui des
gouvernantes générales ne l'est pas non plus, les directeurs d'hôtel
et DRH ayant du mal à considérer la fonction autrement que comme un
niveau hiérarchique supérieur à celui de gouvernante d'étage.
C'est vrai que l'on ne peut pas être gouvernante générale en sortant
de l'école, et que plusieurs années au poste de gouvernante d'étage
et d'assistante gouvernante générale sont nécessaires. Mais il est
aussi vrai que les responsabilités sont vraiment complètement différentes.
La gouvernante générale est un petit chef d'entreprise dans son département.
Elle est en quelque sorte 'le poumon de l'hôtel'. Et c'est bien de cette
fonction-clé que la satisfaction du client va dépendre. Car c'est bien
la gouvernante générale qui fait la liaison entre les différents
services d'étage et lieux publics, et qui fait en sorte que tout soit parfaitement
coordonné pour que le client soit pleinement satisfait. Or, un client satisfait
est un client qui revient, et/ou qui en fait venir d'autres. Bref une source de
profits… et c'est bien ce que tout directeur d'hôtel recherche avant
tout.
Que proposez-vous ?
Attention ! Nous ne sommes pas un syndicat et nous ne souhaitons
pas nous mettre à dos
les
directeurs d'hôtel qui nous emploient. Nous tenons seulement à attirer
l'attention sur ce phénomène qui, à notre avis, nuit à notre
métier et risque de déteindre sur la qualité du service hôtelier
français de la Côte d'Azur. Bien sûr, nous sommes conscients
que les directeurs d'établissement subissent des charges déjà très
lourdes (charges sociales, TVA…) et qu'il est difficile de satisfaire tous
les corps de métier impliqués dans la vie d'un hôtel. Ils ne doivent
pas pour autant oublier le rôle stratégique assumé par les gouvernantes
générales, et penser à mieux le rémunérer pour qu'il
se perpétue.
zzz56e
* Pour en savoir plus sur l'AGGH : www.aggh.net
Complément d'article s2981p4
Aperçu des principales fonctions d’une
gouvernante générale
Management et ressources humaines Gestion Confort du client |
Vanessa Stepanyk, 26 ans, gouvernante
générale au Méridien Garden Beach de Juan-les-Pins
“À l’école hôtelière de Nice, j’avais deux passions, la pâtisserie et l’hébergement. J’ai commencé par la pâtisserie mais suite à l’apparition d’une allergie à la farine, j’ai dû abandonner cette voie. J’ai donc suivi une formation de quelques mois au métier de gouvernante au Greta”, raconte Vanessa Stepanyk, pour qui tout s’enchaîne alors logiquement. La jeune fille s’initie aux métiers des étages via des extras au Méridien de Nice. Elle est ensuite embauchée pour la saison en qualité de gouvernante. “J’ai tout de suite su que ce métier serait passionnant notamment en raison de la richesse des relations humaines que l’on tire de la gestion des équipes”, explique la jeune fille. Si cette première expérience fut écourtée suite au 11 septembre 2001, elle fut suffisante à Vanessa pour s’être fait remarquer pour ses compétences, et elle est rapidement contactée pour un poste d’assistante gouvernante générale au Méridien de Monaco. “J’ai alors appris à faire beaucoup plus de tâches administratives, et aussi à gérer de gros volume de chambre et donc de grosses équipes - parfois jusqu’à 50 personnes en haute saison”, se souvient-elle. C’est en septembre 2002, alors qu’elle n’a que 23 ans, qu’on lui propose un poste de gouvernante générale au Méridien Garden Beach de Juan-les-Pins. “Je n’ai pas hésité une seconde à saisir cette opportunité”, précise la jeune fille. Elle dirige aujourd’hui une équipe de 25 personnes en haute saison, gère plusieurs contrats de sous-traitance avec les fournisseurs et prestataires extérieurs, maintient la liaison entre les différents services de l’hôtel et assiste tous les matins à la réunion du comité de direction menée par la directrice de l’établissement aux côtés des directeurs de la restauration, de l’hébergement, de la maintenance, du yield management et du chef de réception, mais aussi des DRH, Daf… Et parce que Vanessa tient à faire partager sa passion aux jeunes encore trop sensibilisés à ce métier, elle n’hésite pas, en tant que membre de l’AGGH Côte d’Azur chargée des relations avec les écoles, à se déplacer dans les lycées pour les éclairer sur cette profession. T. B. zzz56e |
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L'Hôtellerie Restauration n° 2981 Spécial Salaires 15 juin 2006 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE