du 15 juin 2006 |
ÉTUDE |
FACE À UNE CONCURRENCE SÉVÈRE ET DES CANDIDATS SANS ÉTAT D'ÂME
LES GROUPES D'HÔTELLERIE ET DE RESTAURATION SE METTENT EN QUATRE POUR RENFORCER LEUR ATTRACTIVITÉ
D'après notre enquête, les difficultés de recrutement rencontrées par les chaînes s'atténuent sensiblement. Un résultat probablement suscité par la professionnalisation des politiques RH ainsi qu'un profond travail sur l'image du secteur. Sans oublier un certain nombre d'atouts de poids tels la gestion de carrière, l'escalier professionnel…
Laurence Martin, directeur ressources humaines, Groupe Lucien Barrière : "La formation est un outil majeur de motivation. Nous avons créé l'Académie Lucien Barrière qui propose actuellement 160 modules de formation." |
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Turn-over
! Voilà un terme qui donne des boutons à plus d'un responsable des
ressources humaines du secteur de l'hôtellerie et de la restauration. En particulier,
ceux installés aux manettes des groupes organisés. Le mal n'est pourtant
pas nouveau. Mais il tend à s'accentuer. En témoignent les résultats
de notre étude. Selon cette dernière, le turn-over a nettement grimpé
l'année dernière dans les réseaux chaînés. 51 % des effectifs
en hébergement, 79 % en restauration (contre 61 % un an auparavant), 54 % des
postes administratifs et techniques dans les établissements (contre 29 %) et
63 % des emplois aux sièges des chaînes d'hôtellerie et de restauration
(45 % l'année précédente) ont été ainsi remplacés.
Dans certains cas, le taux de remplacement a même frôlé, voire
dépassé les 100 %.
Concrètement, la situation apparaît
très tendue à la fois côté cuisine et côté salle.
S'agissant des cuisiniers, le turn-over atteint 102 % tandis que les serveurs explosent
le plafond avec un score de 119 %. Des rotations de personnel qui ont de quoi inquiéter.
D'autant que le coût généré par ce phénomène est
conséquent. D'après différentes enquêtes réalisées
par la Cegos ou le Saragota Institute, l'estimation du coût du remplacement
direct d'un collaborateur varie en effet - selon ses compétences et sa position
hiérarchique - de 6 à 36 mois de salaire.
Une problématique dont les DRH
- y compris les instances patronales de la profession - ont bien sûr pleinement
conscience et sur laquelle ils planchent d'arrache-pied. Leur objectif principal
visant aujourd'hui, non seulement à séduire les collaborateurs, les
intégrer au mieux dans leurs équipes et surtout les garder le plus longtemps
possible. "Un challenge pas facile à relever. Les horaires restent de
fait contraignants et les salaires encore assez bas", confie un responsable
du personnel souhaitant garder l'anonymat. En clair, l'enjeu porte dorénavant
sur la mise en avant de l'attractivité des métiers des CHR.
Structuration de la gestion
des RH
L'Umih et le Fafih (OPCA),
en partenariat avec le ministère des PME, du Commerce et des Professions libérales,
l'ANPE et l'Afpa, ne chôment pas en la matière. Sillonnant la France
en bus, ils ont mené une grande campagne nationale de promotion - baptisée
'Des métiers, un avenir' - qui a remporté un vif succès. Cela n'empêche
pas les groupes intégrés d'agir de leur côté. À commencer
par Accor qui vante les "bienfaits" de ses métiers en se lançant
dans le podcast. Le groupe Elior, le 3e opérateur du marché
européen de la restauration sous contrat, affiche lui aussi haut et fort ses
ambitions en déclarant vouloir "devenir l'employeur préféré
du secteur". Comment y parvenir ? Inutile d'hésiter bien longtemps. Il
s'agit tout d'abord de structurer les départements RH. Une organisation dont
se sont en général doté plusieurs leaders - tels Accor, Quick, McDonald's,
Louvre Hotels… - mais qui aujourd'hui se généralise.
À son arrivée en
janvier 2001, Catherine Chouard s'est ainsi attelée à structurer la
fonction RH au sein d'Elior. Idem pour Laurence Martin, qui procède à
la remise à plat de la politique des RH chez Groupe Lucien Barrière.
Les restaurants La Boucherie s'apprêtent eux aussi à franchir le pas
en créant un département spécifiquement dédié
aux ressources humaines. "Lorsqu'un réseau atteint 900 personnes, il devient
quasi obligatoire de structurer la gestion des RH. Leur bonne gestion est un levier
de croissance, de performances, de fidélisation du personnel… et plus
généralement d'image", souligne Fabrice Le Floch, patron des RH La
Boucherie.
Même les groupements volontaires
n'échappent pas à la démarche. Un certain nombre a créé des comités de réflexion
sur la gestion des collaborateurs. Reste que les réseaux organisés affûtent très
sérieusement leurs arguments pour attirer les jeunes et 'les moins jeunes'.
D'autant plus efficacement qu'ils disposent de certains avantages évidents par
rapport aux entreprises familiales indépendantes. Parmi les atouts qu'ils
avancent, figurent bien sûr la rémunération et ses déclinaisons. Le salaire de
base s'accompagne ainsi - selon les entreprises concernées - de petits 'bonus'
qui aident à améliorer l'ordinaire.
Diversité des jobs et
mobilité professionnelle
"Tous nos collaborateurs
perçoivent une prime variable (intéressement, prime sur objectif …),
calculée en fonction des résultats (activité, gestion et qualité)
de chaque établissement. Cette somme - versée trimestriellement pour les
salariés d'exécution - a pour but d'atteindre l'équivalent d'un 13e
mois. Elle peut représenter jusqu'à 2 mois de salaire pour un directeur",
explique Bernard Cuvillier, directeur des opérations RH de Louvre Hotels. Chez
Accor, on s'attache aussi à proposer un niveau de rémunération
en ligne avec les
pratiques locales. "Les salariés bénéficient également de
la participation aux résultats de l'entreprise et d'un intéressement annuel
liés à leurs performances et l'atteinte de résultats collectifs",
précise Isabelle Haret, déléguée régionale emploi Île-de-France
et Ouest. L'attractivité du leader de l'hôtellerie européenne tient
en outre à d'autres petits détails fort appréciables : cooptation
récompensée (230 euros bruts), carte de bienvenue (octroyée au bout
d'un an d'ancienneté) procurant des réductions variables au sein des marques
du groupe, tarifs préférentiels avec les partenaires aériens…
Sans oublier le programme 'Bien-être à la carte' qui permet de faciliter
la vie des salariés, l'adhésion à une mutuelle et la possibilité
d'acquérir des actions Accor à des conditions préférentielles.
Évidemment, le major français et
ses challengers ne limitent pas leurs efforts à du sonnant et trébuchant.
Au premier rang de leur argumentaire arrivent la diversité et la mobilité.
"Il existe de véritables passerelles entre nos différents métiers.
Nous avons vraiment la possibilité de faire évoluer nos collaborateurs
d'une fonction à une autre. Et ce dans des complexes de loisirs géographiquement
attractifs", assure Laurence Martin, DRH du Groupe Lucien Barrière.
Tout est possible
"Louvre Hotels offre
aux candidats une grande diversité de postes et d'environnements de travail.
En effet, nos hôtels vont du super-économique (Première Classe)
au palace (le Crillon) en passant par l'ensemble des segments du marché. Cela
donne aux candidats la possibilité d'accéder à des métiers
polyvalents demandant un large éventail de compétences (au sein des hôtels
économiques) aussi bien qu'à des métiers très spécialisés,
qui requièrent des compétences très pointues (dans les hôtels
de luxe)", insiste Bernard Cuvillier de Louvre Hotels. Et Isabelle Haret d'Accor
de surenchérir : "Accor propose de nombreuses perspectives de carrière
grâce à sa politique de mobilité qui permet chaque année
à plus de 20 000 hommes et femmes de changer de fonction ou de zone géographique."
Un avantage non négligeable
pour ceux qui veulent voir du pays… et accéder rapidement à des
responsabilités. D'autant que la promotion interne n'est pas un vain mot dans
les grandes sociétés du secteur. 80 % des postes opérationnels sont
ainsi issus de la promotion interne chez Accor. Proportions quasi identiques dans
les restaurants Chez Clément. Un chiffre à peine inférieur pour
Louvre Hotels (75 %). Tout comme chez Léon de Bruxelles. "Le recrutement
se fait essentiellement par la promotion interne (70 %)", note Nadège Hamel,
DRH de ladite chaîne de restaurants. "Aujourd'hui, tout est encore possible
dans nos activités. Contrairement à d'autres secteurs, des personnes
sans diplômes peuvent gravir tous les échelons de la hiérarchie",
souligne à son tour Laurence Martin.
La
formation comme outil de motivation
Un 'escalier professionnel'
qui fonctionne, bien sûr, à la condition que les salariés fassent
preuve de motivation. Motivation d'ailleurs sans cesse 'boostée' par une valeur
sûre employée par une majorité de chaînes : la formation.
"Former son personnel n'est pas seulement une nécessité pour les résultats
de l'entreprise, c'est aussi un moyen de rassurer sur son avenir professionnel et
un signe de reconnaissance", argue Isabelle Haret. Accor met le paquet dans
le domaine, doté notamment de 15 académies dans le monde. La preuve. 300
000 jours de formation ont été dispensés par le géant hôtelier
en 2005. 160 000 personnes ont suivi une formation dans l'année. Un sacré
budget qui représente 2,2 % de la masse salariale brute (1,9 % légal).
Même intensité constatée
du côté de Louvre Hotels qui développe de véritables parcours
professionnels en interne. "Chaque employé peut trouver dans l'offre proposée
par notre organisme de formation interne - Campus - un stage de formation afin d'optimiser
ses compétences et favoriser son évolution. L'objectif recherché
est que chaque collaborateur puisse bénéficier d'au moins une formation
dans l'année", raconte avec enthousiasme Bernard Cuvillier. Bel exemple
également de motivation par la formation, celui du groupe Elior. Il a, entre
autres, engagé une partie de son personnel dans un parcours proposé par
l'École supérieure de cuisine française Ferrandi. Le tout débouchant
sur la délivrance d'un certificat de qualification professionnelle de chef
gérant et d'assistant d'exploitation. Rien n'est donc impossible dans le secteur…
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'Acteurs'
chez Ibis Voilà un programme de formation qualifiante mis en place dans les hôtels de la marque Ibis. Ce programme permet à chaque employé de diversifier ses compétences en choisissant un second métier parmi 11 domaines de spécialisation. À l'issue de ce programme, les collaborateurs reçoivent la distinction d'employé 'qualifié', d'expert et de leader. Chacune est reconnue financièrement. |
ARGUMENTS POUR SÉDUIRE LES
CANDIDATS
Ce qu'ils mettent en avant
FLAM'S
Éric Genet, directeur général
"Le développement de notre chaîne permet d'offrir
des opportunités à des jeunes qui veulent progresser. Le travail de standardisation qui a été
réalisé leur permet d'être embauchés - sans formation spécifique
en restauration - et d'évoluer de manière intéressante. Ils doivent
bien-sûr faire preuve de motivation."
BONSAI
HÔTELS
Sylvie Decorde, responsable des RH
"Beaucoup de candidats nous rejoignent parce qu'avec nos
19 hôtels, notre groupe reste à dimension humaine. Cela facilite
les échanges avec chacun et permet de mieux gérer les problèmes de
vie familiale. Bonsaï Hôtels offre également aux collaborateurs
les plus audacieux la possibilité d'évoluer rapidement dans la hiérarchie.
À noter qu'un accord d'intéressement a été signé au sein
de l'entreprise. Nous offrons aussi d'autres avantages tels une mutuelle…"
JARDINS
DE PARIS
Josiane Bussi, responsable administrative
"Petit groupe hôtelier composé de 10 hôtels
dans Paris (2 et 3 étoiles, 17 à 70 chambres), il règne une
ambiance familiale chez nous. Les collaborateurs qui nous rejoignent ont l'opportunité
d'aborder tous les services de l'hôtellerie. D'autant mieux que nous prenons
le temps de faire de la formation avec tous les employés."
LÉON
DE BRUXELLES
Nadège Hamel, DRH
"Être embauché chez Léon de Bruxelles, ce
n'est pas seulement trouver un emploi, c'est aussi entrer dans un groupe qui fait la part belle à la formation à travers l'École
Léon, tous métiers confondus, en salle comme en cuisine. Nos collaborateurs
bénéficient d'une rémunération incitative et sont suivis pas
à pas. Nous leur donnons les moyens de prouver qu'ils sont
capables d'évoluer, à leur rythme, à des postes à responsabilité.
70 % de notre recrutement pour les postes d'encadrement se fait en interne, ce qui ne nous empêche pas de recruter
des encadrants venus de l'extérieur. Ils seront formés
dès leur arrivée pendant au moins 6 semaines et sur 3 sites différents."
PIZZA
PAI
Karen Letienne, responsable recrutement et formation
"Pizza Pai est une enseigne d'Agapes Restauration qui comprend
12 000 collaborateurs et plus de 300 établissements en France et à
l'étranger. La force d'Agapes réside dans sa capacité à proposer
aux candidats tous les types de restauration (à table, rapide, à
emporter, etc.). Quant à Pizza Pai plus spécifiquement, nous veillons
constamment à la de nos équipes, en menant
une politique de formation qui vise également à préparer nos directeurs
de demain."
EL
RANCHO
Hubert Lansac, directeur général
"El Rancho est un concept jeune en plein développement
où de nombreuses opportunités de postes opérationnels sont à
saisir. Nous avons une approche très professionnelle de la formation
avec une structure dédiée à l'interne. Nous proposons d'ailleurs
des modules de formation très complets aussi bien au niveau des collaborateurs
employés (passeport formation, quiz test…) qu'au niveau encadrement (opérationnel,
management et gestion). Chez nous, on offre un vrai plan de carrière pour les profils encadrement, avec
la possibilité d'apprendre le métier de la restauration et de devenir
à terme, pourquoi pas, un futur franchisé du groupe."
CHEZ
CLÉMENT
David Lion, contrôleur de gestion
"Intégration, formation et évolution professionnelle
sont les priorités de l'enseigne Chez Clément pour ses collaborateurs.
Rejoindre nos équipes, c'est bénéficier :
- de formations, tout au long de sa carrière, telles que
l'anglais, l'hygiène, les techniques culinaires et le management.
- d'un emploi évolutif. À chaque niveau de poste,
les collaborateurs sont en effet inscrits dans des dispositifs de formations internes
afin de développer leurs compétences en vue d'une promotion. 80 % de nos
salariés évoluent sur des emplois supérieurs. Chaque année,
un entretien est réalisé avec le directeur du restaurant afin d'envisager
des parcours individuels d'évolution.
- d'opportunités de mobilité. Chaque collaborateur peut
se voir proposer un poste sur l'ensemble des 12 restaurants Chez Clément
pour dynamiser au mieux sa carrière."
CHÂTEAU FORM'
Gilles Doré, responsable de table
"L'attrait de Château Form' est multiple. S'agissant
notamment du personnel de cuisine, nous offrons de nombreux atouts :
- Travailler dans de beaux endroits.
- Faire une cuisine maison et de saison.
- Avoir une large autonomie, être auprès des participants
dans des cuisines ouvertes et partager son savoir-faire.
- Allier un travail de qualité et valorisant à une
vie de famille et sociale (fermeture les week-ends et pendant les fêtes de fin d'année, CP pendant l'été).
- Appartenir à une famille de cuisinier (échanges,
dîner des chefs, livre de cuisine)…
Pour fidéliser nos chefs et cuisiniers, nous leur offrons
aussi des perspectives d'évolution interne mais également
d'accompagnement du développement en participant aux ouvertures. Nous valorisons
en outre la qualité du travail de nos équipes ainsi que les bons résultats du groupe
par une politique d'intéressement (jusqu'à 20 % du
salaire brut annuel), de participation et de bonus annuel."
Disneyland Resort Paris : un vrai tremplin
professionnel 70 000 candidatures spontanées ! C'est le chiffre que reçoivent les responsables des ressources humaines de Disneyland Resort Paris chaque année. De quoi prouver l'attractivité du royaume de Mickey. Tout comme la baisse répétée du turn-over : de 29 % en 2001 à 22 % en 2004. À noter également que 51 % des 'castmembers' ont plus de 5 ans d'ancienneté, et parmi eux, 30 % plus de 10 ans. Un attachement qui a évidemment des raisons multiples : à commencer par la formation (4 % de la masse salariale) et la mobilité interne qui comptent pour beaucoup. 70 % des chefs d'équipe viennent ainsi du terrain et 60 % des directeurs ont été recrutés en interne.
TÉMOIGNAGE Une évolution vitesse grand V "J'ai
intégré Disneyland Resort Paris en 1992 avant l'ouverture du parc en
tant qu'animateur, puis comme chef d'équipe de différentes attractions
dont 'Big Thunder Mountain'. En 1994, j'ai été promu assistant manager
des opérations du parc, avant de rejoindre le département Spectacle où je suis devenu manager 3
ans plus tard. Souhaitant acquérir une expérience à l'étranger,
je suis parti à Walt Disney World (Floride) en 1999 en qualité de manager au département Spectacle. Là,
j'ai participé pendant 1 an aux festivités d'Epcot pour le Millenium.
Un conseil
:
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L'Hôtellerie Restauration n° 2981 Spécial Salaires 15 juin 2006 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE