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du 29 juin 2006
ÉDITO

Gros mot

La campagne pour les élections présidentielles n'a pas officiellement commencé mais la machine à débiter des âneries a déjà largement fait son oeuvre. À ce rythme, il y a tout lieu de s'inquiéter de la suite des prises de parole des uns et des autres qui n'ira probablement qu'en amplifiant la tentation démagogique qui sommeille en tout(e) candidat(e) à l'Élysée qui se respecte. La semaine dernière, dans la chaleur de ce Sud-Ouest où les troisièmes mi-temps sont toujours les meilleures, le candidat putatif du parti majoritaire à la magistrature suprême s'est lâché sur le dos des patrons sans grand souci de la nuance, faisant le miel des journaux du lendemain, notamment ceux dont la cause entrepreneuriale n'est pas le souci fondamental, avec des titres du genre "Sarkozy fustige les patrons voyous". Et pour faire bonne mesure, au cas fort improbable où ses propos seraient restés inaudibles, le mot "racaille" est venu opportunément en renfort. 

Ainsi, plus d'un siècle après Marx et Jaurès, qui se refusaient à de telles outrances (l'auteur du Capital - ne l'oublions pas - était l'heureux époux d'une des plus riches héritières industrielles d'Allemagne), nos nouveaux comptempteurs du 'grand capital' n'hésitent pas à pratiquer l'amalgame électoraliste tellement pratique sur une estrade face à un public prêt à gober n'importe quoi.

Bon, d'accord, on ne demande pas à notre classe politique de se transformer en nouveaux Adam Smith, Ricardo ou Tocqueville qui réfléchissaient naguère aux meilleurs moyens d'assurer à l'humanité une organisation économique conforme à l'intérêt général. À chaque époque ses capacités, et à l'heure de la 'Star'Ac' et du 'Mondial', il n'est point nécessaire de chercher la voix de la sagesse ou simplement du bon sens.
La cause est entendue, et il faut faire avec : dans la campagne électorale qui s'annonce, le bouc émissaire tout trouvé, c'est 'le patron', cette espèce à éliminer sans état d'âme, ce pelé, ce galeux, cet affameur du peuple qui vit dans une opulence sardanapalesque alors que le reste de l'humanité ploie sous le fardeau de la misère quotidienne, entre DVD et séjours au bord de mer.

En 2002, un 'sage' du PS, Pierre Mauroy, avait rappelé à ses pairs que le terme 'ouvrier' n'est pas un gros mot. Il avait raison, face aux 'bobos' de la rive gauche, tendance Café de Flore. Qui voudra bien indiquer aux candidats de l'an prochain que le mot 'patron' n'est pas non plus un gros mot ?
L. H.
zzz80

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L'Hôtellerie Restauration n° 2983 Hebdo 29 juin 2006 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE

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