du 31 août 2006 |
S'EXPATRIER |
PÉNURIE DE MAIN-D'OEUVRE QUALIFIÉE AU QUÉBEC
LA VILLE DE MONTRÉAL AIME LE PROFESSIONNALISME FRANÇAIS
Montréal compte sur l'immigration pour solutionner la pénurie de main-d'oeuvre dont souffre le secteur de la restauration.
Avec plus de 4 000 restaurants, Montréal représente 30 % du secteur de la restauration du Québec. |
Cuisiniers et serveurs sont des professions parmi les plus demandées actuellement à Montréal et dans l'ensemble du Québec (…) les ménages québécois consacrent une portion plus grande de leurs dépenses alimentaires aux repas pris au restaurant", peut-on lire sur le site du ministère de l'Emploi et de la Solidarité du Québec. Et certains professionnels français confirment. "Montréal ne souffre pas seulement d'une pénurie de cuisiniers, mais de cuisiniers qualifiés", témoigne ainsi Marie-Claire Reiniche, cuisinière-pâtissière chez Parreira, restaurant-traiteur. Même son de cloche au Bistinguo, dans le quartier Outremont, où son propriétaire, Christian Truchot, confie : "La formation en restauration au Québec est déficiente. C'est la raison pour laquelle je fais appel à des cuisiniers français. J'ai besoin qu'ils sachent ce que c'est qu'une crème pâtissière, et qu'ils puissent faire un beurre blanc en urgence." Tandis que le chef Christophe Geffray, chef gérant de chez Christophe, renchérit : "Quand je suis arrivé en 1989, on trouvait surtout de la cuisine grecque et italienne. Avec la vague des immigrants depuis 10 ans, la cuisine a évolué, s'est diversifiée, nous sommes environ 50 chefs propriétaires français à Montréal. Les conditions de travail ne sont pas très motivantes en France, et il y a une pénurie de cuisiniers au Québec, alors c'est forcément tentant de venir ici !" François Meunier, vice-président aux affaires publiques de l'Association des restaurateurs du Québec (ARQ), confirme le problème de la formation locale : "Sur 160 000 personnes qui travaillent dans le secteur, 75 % n'ont pas de formation."
Plus de 4 000 restaurants
à Montréal
Et pourtant, le goût
et la culture alimentaire ne cessent de se développer au Québec. Les restaurateurs
sont de plus en plus nombreux, les clients de plus en plus exigeants. Avec plus
de 4 000 restaurants, Montréal représente 30 % du secteur de la restauration
du Québec. Mais les changements démographiques et l'absence de valorisation
de la profession laissent présager en 2013 une pénurie de
main-d'oeuvre
générale au Canada jusque-là limitée à certaines régions
telles que Lac Saint-Jean ou la Gaspésie.
Pour prévenir ce risque,
l'ARQ s'engage dans plusieurs voies : valoriser les métiers de la restauration,
tenter les jeunes retraités baby-boomers par une seconde carrière. L'association
essaye de mieux outiller les restaurateurs par des ateliers de perfectionnement
portant sur le recrutement, la gestion du personnel. Mais l'association compte surtout
sur le maintien d'une politique gouvernementale facilitant l'immigration pour ce
secteur d'activité.
Carole
Gayet
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L'avis de
Céline
Chevallier Conseillère emploi-formation-réinsertion au consulat général de France à Montréal et conseillère emploi à l'Agence montréalaise pour l'emploi. "Pour la recherche d'emploi, il faut tenir compte de l'importance du marché caché. Environ 70 % des postes à pourvoir ne font l'objet d'aucune annonce. D'où l'importance des candidatures spontanées, voire du porte- à-porte. En venant au Québec, il faut être conscient que si la région nous est proche sur le plan linguistique, la culture est très différente de ce que nous connaissons. Montréal est une ville bilingue. Une excellente connaissance de l'anglais écrit et parlé est un facteur d'embauche déterminant." |
Un
projet d'expatriation ?
www.lhotellerie.com
Montréal en bref
Langues
: français, bilingue anglais |
Christophe Geffray,
chef et propriétaire du restaurant Christophe : "Un premier séjour
au pire moment de l'année"
"J'ai
racheté le restaurant en 2002 pour 25 000 dollars aux anciens propriétaires
en faillite. Ici, 25 à 30 % des affaires changent de main chaque année",
confie Christophe Geffray, qui a fait ses classes chez Bernard Loiseau et Guy Savoy avant
de s'expatrier au Canada il y a aujourd'hui 17 ans.
* 'Apportez votre vin' est le nom de l'une des 3 licences d'alcool au Québec. Michèle Herblin, chef et propriétaire du restaurant-boutique-traiteur Petite Terrasse de Provence : "Robustesse, foi et vigilance"
"Avec
Petite Terrasse de Provence, j'ai voulu implanter un îlot de culture française,
associer qualité, santé, plaisir, et apporter le soleil dans cette ville
où l'hiver est long et rude. Avant d'ouvrir, j'ai réalisé une
étude de marché qui a duré 2 ans. L'investissement a été
de 650 000 $. Nous n'avons pas eu accès au crédit parce que le secteur
de la restauration est mal perçu par les banques. En 2 ans et demi, malgré
nos 58 000 clients, nous sommes tout juste à l'équilibre.
|
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Complément d'article 2992p32
Coordonnées des établissements et organismes cités
•
Petite Terrasse de Provence
1215 rue Manfield, Montréal, Tél : 514 395 02 07
•
Le Bistingo
1199 avenue Van Horne, Montréal, Tél : 514 270 61 62
•
Christophe
1187 rue Van Horne, Montréal, Tél : 514 270 08 50
www.restaurantchristophe.com
•
Parreira
2275 Sainte Catherine Est, Montréal, Tél : 514 521 00 36
•
Association des restaurateurs du Québec
Tél : 514 527 98 01
www.hoteliersquebec.org
Christian Truchot, propriétaire du Bistingo
: «La concurrence est rude»
«Montréal est une ville très
privilégiée, on y mange de mieux en mieux, contrairement au reste du
Québec et du Canada. Mais la concurrence est bien réelle. Beaucoup
échouent parce qu’ils affichent des prix trop bas, ou trop hauts. Il est
très facile d’ouvrir un établissement, plus difficile de durer » raconte
Christian Truchot propriétaire du Bistingo qui compte en cuisine sur les
compétences de Franck Berthier, un chef français venu au Canada pour
fuir les «mauvaises conditions et horaire de travail en France» et
tenter l’aventure à l’étranger. «Ici, la formation française est
appréciée, les horaires moins contraignants et la vie plus tranquille.
Malgré tout, je songe à m’éloigner du métier pour ouvrir une ferme en
Estrie !» |
Laurent Farre et Alain Rochard,
propriétaires du bistro-restaurant ‘Le Continental’
Laurent Farre et Alain Rochard,
propriétaires du bistro-restaurant ‘Le Continental’ où ils emploient 22
salariés dont 11 en cuisine, issus de l’ITHQ (Institut de Tourisme et
d’hôtellerie du Québec). Ils ont ouvert un bar, en 2005 : le plan B. Ils
sont également propriétaires d'un vignoble dans le Languedoc et d'une
agence de communication." |
Marie-Claire Reiniche, cuisinière-pâtissière
chez Parreira La formation française est un sésame.
«La formation des français est un sésame, un gage de qualité, et de savoir-faire. Lorsque je suis arrivée à Montréal il y a 14 ans, avec un niveau BTS hôtelier et un CAP de pâtisserie c’est ce qui m’a permis de sillonner le Canada : Montréal, Vancouver, Toronto. Ensuite je me suis installée en tant que travailleur autonome, je fabriquais des chocolats et des gâteaux. Puis j’ai été styliste culinaire. Ensuite j’ai rejoint l’équipe du cirque du soleil pendant six ans comme cuisinière-pâtissière et assistante du directeur de la cuisine. Aujourd’hui, je suis cuisinière-pâtissière dans le restaurant-traiteur Parreira et cuisinière particulière du fondateur et responsable du cirque du soleil, et du responsable du festival juste pour rire. » Gaël Busson, chez Parreira « Je suis arrivé à Montréal en septembre 1990 avec un CAP et un BEP de cuisine. J’ai quitté la France à cause des horaires de travail à rallonge, irréguliers, avec des coupures dans la journée. Ici, je ne fais jamais plus de 60 heures, contre les 100 que je faisais en France. Maintenant, j’aimerais ouvrir mon propre restaurant. Je ne quitterai pas le Canada, j’apprécie trop la qualité de vie que j’y ai trouvé.» |
Lionel Gacougnolle, chef-propriétaire du
restaurant familial Tonnerre de Brest «Bien réfléchir avant de partir»
«Savoir pourquoi ils veulent s’expatrier
au Canada et être conscient que ce n’est pas l’Eldorado : l’adaptation
au climat et l’intégration à la communauté canadienne ne sont pas choses
aisées». Voici le conseil de Lionel Gacougnolle propriétaire du petit
restaurant familial ‘Tonnerre de Brest’, qui propose une cuisine
française traditionnelle. |
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L'Hôtellerie Restauration n° 2992 Hebdo 31 août 2006 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE