du 7 septembre 2006 |
CONJONCTURE |
ENQUÊTE EXCLUSIVE 2006 POUR L'HÔTELLERIE RESTAURATION
AIDES PUBLIQUES À L'HÔTELLERIE ET LA RESTAURATION : POUR QUI, POUR QUOI ET COMBIEN ?
À l'heure où le gouvernement redouble de bonnes 'intentions' envers les petites entreprises, nous avons dressé un tableau récapitulatif des aides publiques proposées à l'industrie hôtelière. Beaucoup de collectivités territoriales disposent en effet de dispositifs spécifiques à l'égard des hôteliers et des restaurateurs. Reste à savoir comment en bénéficier…
Avant
de pénétrer dans le 'maquis' des aides publiques dévolues au secteur de
l'hôtellerie et de la restauration, un bref historique expliquant la genèse de
ces dispositifs s'impose. En fait, dès la fin de la Seconde Guerre mondiale,
l'hôtellerie fait partie d'un vaste plan de reconstruction mené par les pouvoirs
publics. But de l'opération : l'aider à se moderniser. Des aides sont alors
proposées pour permettre l'implantation d'unités nouvelles destinées au tourisme
d'affaires. Dans ce cadre, les pouvoirs publics créent le Fonds de développement
économique et social. Une initiative qui conduira au développement accéléré des
chaînes intégrées dans les années 1960 à1970, avec l'apparition de différentes
enseignes devenues aujourd'hui célèbres comme notamment Novotel. Sans oublier la
réhabilitation de l'hôtellerie 3 étoiles, suivie par les 2 étoiles puis les 1 et
les 0 étoile.
Dans le même temps, l'hôtellerie
indépendante bénéficie elle aussi d'attentions particulières. Des aides - sous
forme de prêts bonifiés -, en général proposées par les départements, lui sont
attribuées. À condition toutefois d'appartenir à la chaîne Logis de France.
Soutenue par ces mesures quasi-nationales, cette dernière va connaître une
croissance sans précédent et devenir très vite le premier réseau volontaire à
travers l'Hexagone.
Reste que le paysage hôtelier est loin de demeurer immobile. Depuis les années
1980, il ne cesse d'évoluer engendrant d'importants déséquilibres. Si
l'hôtellerie et la restauration en milieu urbain se portent plutôt bien, c'est
l'inverse en milieu rural où les établissements font grise mine. De fait, les
campagnes ont été délaissées. Les semaines de travail raccourcissent. Autant de
nouveaux éléments qui remettent en cause la rentabilité des entreprises. Source
d'emplois, de vie économique, et d'animations dans les territoires, les pouvoirs
publics entendent évidemment sauvegarder ces activités. Résultat : ils optent
pour la mise en place d'aides, notamment à l'occasion des Contrats de plan, afin
de donner un coup de pouce à l'hôtellerie indépendante.
Le Contrat de plan 2000-2006
Avant 1995, les
dispositifs d'aides régionaux et départementaux s'inscrivent dans le cadre des
Contrats de plan. Ils ne sont hélas pas véritablement cohérents, car souvent
inconnus par les uns et les autres. Ainsi, un indépendant souhaitant créer un
établissement et s'adressant à son département, pouvait très bien passer à côté
d'aides régionales inconnues des conseils généraux. Dans le Plan qui se termine
fin 2006, ce dysfonctionnement a disparu. Les conseils généraux connaissent
enfin les dispositifs proposés par les conseils régionaux, et modulent leurs
aides en fonction du cadre régional.
Pour la première fois en 2000, toutes les
régions disposent d'une ligne tourisme dans le Contrat de plan. L'Île-de-France,
entre autres, se voit ainsi dotée d'une enveloppe tourisme. Chose qui n'existait
pas auparavant. Par ailleurs, les règles d'application sont aussi mieux connues.
Depuis 2000, toutes les régions se sont en outre alignées sur les règles
européennes, et notamment sur la règle des minimis. Cela signifie que les chefs
d'entreprise peuvent bénéficier d'un certain montant d'aide publique, mais
celui-ci est plafonné à la fois dans le temps et dans son montant : 300 000 E en
général et une période de 3 ans. Parallèlement, les aides européennes (liées aux
Fonds européens de développement régional, Feder) ne semblent plus présentes, et
n'ont été mentionnées que par la région Languedoc-Roussillon.
Pour quoi et combien ?
Selon les données de
notre enquête, la plupart des aides ou subventions sont accordées en priorité :
à la modernisation, aux extensions ou rénovations d'un établissement existant,
puis aux créations. Les taux d'intervention des aides sont établis d'après un
plafond d'investissements qui varie en fonction du type d'investissements
calculés HT. Ceux-ci sont variables en fonction des régions.
Pour l'ensemble de ces dernières, ces aides
s'appliquent dans la majorité des cas à l'hôtellerie indépendante. Notons
toutefois quelques variations selon les régions : aides accordées à une SCI sous
réserve que le propriétaire qui détient le fonds soit l'exploitant (lire fiche
détaillée sur la Lorraine p. 12), aide accordée aux franchisés selon certaines
conditions juridiques, etc.
Le
montant maximum des aides accordées par les régions varie :
• de 15 000 à 150 000 E selon les régions, pour les aides à la modernisation.
• entre 57 000 et 300 000 E pour les créations. Ce montant est étalé sur 3 ans.
Le montant maximum des aides accordées selon les
départements oscille :
• de 12 000 à 150 000 E selon le
département, la catégorie et la zone d'implantation de l'établissement.
Les aides publiques sont le plus souvent cumulables lorsqu'elles concernent les
grands domaines d'intervention : création, modernisation… En revanche, il n'est
pas possible de cumuler des aides 'études' avec des aides aux 'investissements'.
Qualité, accessibilité…
Entre 2000 et 2006, les
aides publiques destinées au secteur CHR sont attribuées dans leur
quasi-totalité à l'hôtellerie. Celles qui s'adressent à la restauration sont la
plupart du temps offertes par les départements, et viennent en appui des aides
régionales.
Comme nous l'avons vu précédemment, les
aides à l'hôtellerie se divisent en 3 grands thèmes : la création, la
modernisation et la requalification ou extension. Des critères plus spécifiques
ont toutefois été rajoutés au cours des dernières années telles la qualité ou
l'accessibilité qui proposent des aides
supplémentaires aux aides
traditionnelles, avec possibilité de cumul. Ainsi 16 régions (sur les 20 nous
ayant répondu) ont inscrit comme principe l'adhésion à une démarche qualité,
soit locale, soit nationale avec le plan Qualité France.
Les travaux d'accessibilité, en référence à
Tourisme et Handicap, sont désormais considérés comme éligibles aux aides
publiques : 8 régions sur 20 (Alsace, Bretagne, Poitou-Charentes…) les ont
intégrés, avec, dans certains cas (la Picardie notamment), la dotation d'une
prime donnée aux investisseurs.
Les taux d'intervention
Les taux d'intervention
des régions sur les investissements oscillent de 15 à 30 % en général (quelques
exceptions : dans les Dom-Tom ou dans certaines régions où les aides peuvent
atteindre 50 % des investissements, avec un certain plafond tout de même), ceux
des départements viennent la plupart du temps soit compléter le dispositif sur
les mêmes lignes (offre de 15 à 30 % des subventions en complément des
subventions régionales), soit proposer un dispositif sur d'autres thématiques.
C'est le cas en Alsace où la restauration n'est pas un secteur aidé par la
Région, mais l'est dans le Bas-Rhin, et devrait bientôt l'être dans le
Haut-Rhin, etc.
Par ailleurs, les taux des aides publiques
pour un investisseur sont cumulables, entre les aides régionales, ajoutées aux
aides départementales généralement adossées à un schéma départemental, mais les
aides sont néanmoins soumises à la loi des cumuls (là encore celle-ci varie
selon les régions, de 30 à 50 % pour la plupart). br> Les aides sont plafonnées,
d'une part en ce qui concerne l'aide elle-même, d'autre part, en fonction du
montant des investissements. Les plafonds d'investissements fluctuent en
fonction des types de travaux à réaliser (création ou modernisation). Les
planchers sont calculés à minima, de sorte que les modernisations aient encore
un sens. Ils varient énormément d'une région à l'autre, ainsi que le montant des
dépenses globales obligatoires (toujours calculées HT). En outre, les dépenses
éligibles ne concernent jamais les travaux d'entretien comme la moquette, les
peintures…
Les
aides allouées pour des études et la commercialisation
À partir de 2000, les
aides connues mises à disposition des études (Facit) vont également servir aux
diagnostics qualité devant être réalisés dans le cadre de la mise en place des
plans Qualité régionaux ou du plan Qualité France. Dans ce cadre-là, le secteur
de la restauration est admis à rentrer dans le dispositif. La région
Midi-Pyrénées l'a largement utilisé, par exemple.
Enfin, les programmes peuvent être destinés
à certains territoires régionaux, au détriment des autres (exemple du Limousin
qui exclut les grandes agglomérations du département), ou bien n'être uniquement
orientés que vers la 'petite hôtellerie rurale'. > À noter également que
certaines aides régionales sont aussi allouées - en particulier dans les régions
très touristiques - aux 'plus produits'. C'est-à-dire aux équipements
touristiques permettant de développer le tourisme. C'est le cas en région
Provence-Alpes-Côte d'Azur ou en Midi-Pyrénées.
Pour les régions rurales, l'accent pourra également être mis sur le volet
'transmission' avec des aides spécifiques pour aider le repreneur lors d'un
rachat. Les travaux sont souvent très conséquents et élèvent considérablement
l'offre d'achat de départ. À cet effet, la région Franche-Comté présente un
dispositif tout à fait exemplaire.
Transmission et développement durable ont le vent en poupe
Les tendances
pressenties pour les prochaines années - qui prendront effet en 2007 - indiquent
la mise en avant de nouveaux critères exigés dans le cadre de la requalification
des équipements avec notamment les critères environnementaux. Ceux-ci sont déjà
exigés, et les travaux de mise en conformité aidés dans certaines régions comme
pour les régions Aquitaine, PACA ou Poitou-Charentes. Les aides à la
transmission, déjà présentes dans des régions phare comme Pays-de-la-Loire ou
Franche-Comté, devraient être encore améliorées et déployées, notamment dans les
zones rurales et littorales. Et pour cause. C'est dans ces zones que la
disparition de l'hôtellerie indépendante devient un problème social et
d'aménagement du territoire. Un nouveau dispositif régional mis en place par la
banque Oseo devrait d'ailleurs être étendu à toutes les régions.
Dans les zones rurales également, de
nouveaux territoires apparaissent et modifient la carte régionale.
Les pays touristiques
deviennent des entités territoriales bénéficiant d'aides spécifiques. Cette
tendance devrait sans doute se maintenir au cours des prochaines années et être
étendue à toutes les régions, à l'exemple de la Bretagne et de la Bourgogne.
Enfin, on observe un fait marquant en 2006
par rapport aux années antérieures : la baisse des aides départementales en
termes de bonification d'intérêt pour les établissements faisant partie de la
chaîne Logis de France. De nouveaux dispositifs - notamment ceux concernant la
qualité - devraient permettre de pallier l'abandon de ces aides. Mais ces
dernières seront attribuées à tous dans le respect d'une charte qualité, que
l'on soit Logis ou non, mais à la condition d'être inscrit dans le plan Qualité
du ministère du Tourisme.
Une façon comme une autre d'uniformiser l'offre hôtelière et de l'améliorer dans
un souci constant de qualité tout en intégrant dorénavant des notions de
management environnemental dans le cadre d'un tourisme durable. Restera alors à
améliorer l'immatériel comprenant l'accueil… Notion évidente difficile à
définir.
zzz70 zzz36v zzz22v
Où s'adresser pour bénéficier de ces
aides ?
D'une manière générale, les dossiers de
demande d'aides sont disponibles auprès des chambres de commerce et d'industrie
(CCI) ainsi qu'auprès des services ad hoc des conseils généraux et régionaux.
Une fois le dossier constitué, il fera l'objet d'une étude approfondie par les
services concernés, qui décidera du montant de subvention accordé.
Références
Les services économiques des régions ou
des départements.
Les services tourisme, commerce-tourisme des chambres de commerce et d'industrie
(liste des services tourisme à l'ACFCI).
Critères généraux ou
habituels d'attribution des aides (dits d'éligibilité)
Type d'entreprise Catégorie Localisation |
Méthodologie
Cette étude a été réalisée
en exclusivité pour le journal
L'Hôtellerie Restauration de mai à août
2006. Les informations communiquées ont été collectées auprès des services
régionaux, départementaux ainsi que des différentes chambres de commerce et
d'industrie (CCI). Organismes que nous tenons à remercier vivement pour leur
étroite collaboration. |
Complément d'article 2993p11
Pour retrouver les fiches par régions et par départements : cliquez ici
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L'Hôtellerie Restauration n° 2993 Hebdo 7 septembre 2006 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE