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du 7 septembre 2006
VIE PROFESSIONNELLE

À PROPOS DES FEMMES ET DE LEUR MÉDIATISATION ACTUELLE

DIDIER CHENET, PRÉSIDENT DU SYNHORCAT, PRÉFÈRE LA MIXITÉ À LA PARITÉ

Femmes, femmes, femmes… La rentrée 2006 vous appartient-elle ? Ségolène Royal contribue à cette image. Mais sommes-nous dans la bonne médiatisation, en dehors de toute couleur politique ? Didier Chenet, président du Synhorcat, ouvre la tribune.
Propos recueillis par Sylvie Soubes


Didier Chenet : "Le bureau du Synhorcat compte 35 % de femmes. Sincèrement, elles n'ont pas besoin qu'on leur dise ce qu'elles doivent faire."

L'Hôtellerie Restauration : Ségolène Royal, présidente de la République, vous y croyez ?
Didier Chenet : Je crains qu'en mélangeant les genres, on mélange les sujets. En fait, aujourd'hui, on est en train de redécouvrir le rôle des femmes. Alors qu'elles ont toujours joué un rôle prépondérant. Et je ne trouve pas cela très original. On focalise beaucoup sur l'aspect médiatique ou people, pas sur la profondeur de la personne. Que fait-on, sinon mettre en avant l'apparence au détriment du discours ? Force est de constater qu'on ne retient rien ou presque du programme de Ségolène Royal. Quelles en sont les lignes fortes ? Y en a-t-il ? En toute bonne foi, je suis incapable de répondre à ces deux questions au travers de la médiatisation qui en est faite actuellement. Ségolène tourne un peu trop au phénomène marketing.

Ça ne vous gène pas de l'appeler par son prénom ?
J'y vois quelque chose d'affectif. Au collège, les garçons s'appellent par leur nom et les filles par leur prénom. Non, il ne s'agit pas de familiarité mal placée.

Êtes-vous pour ou contre la parité ?
La parité, c'est ridicule. Je ne pense pas que les femmes aient besoin de ça pour avancer dans la société, même si les faits prouvent que c'est plus difficile pour elles que pour les hommes. Les imposer par la parité est un calcul qui me dérange. Imposer est une chose, exister par ses compétences en est une autre. Je crois davantage, à terme, aux compétences de l'individu, qu'il soit fille ou garçon.

En France, les salaires des femmes restent inférieurs à ceux des hommes. Votre point de vue…
Je suis scandalisé par cette différence. Pouvez-vous me dire ce qui justifie un 'sous-salaire' à compétences égales, ou pire, à compétences supérieures. Dans nos métiers, les rémunérations
au pourcentage/service permettent de mettre les deux sexes au même niveau. Ça, c'est une bonne chose, n'est-ce pas ? Prenez les élus, qu'ils soient hommes ou femmes, d'après ce que je sais, ils bénéficient de rémunérations identiques. À l'origine, il y avait sans doute des contingences familiales. Perdure aussi, dans certains grands groupes, un machisme émanant de certains corps d'État… C'est vrai que là, il y a du boulot. Notamment parmi ceux qui refusent d'être managés par des femmes. Vous savez, je pense que ce sont les temps modernes qui ont réduit le rôle de la femme. Prenez l'Égypte ancienne, les femmes avaient un rôle établi et solide.

Que pensez-vous de Margaret Thatcher et d'Angela Merkel ?
Les Anglais, qu'on accuse volontiers de traditionalisme, sont nettement plus larges d'esprit que nous. Ils ne connaissent pas, c'est vrai, la loi salique. Chez eux, les femmes sont au pouvoir depuis longtemps. Quoi qu'on en pense, la Dame de Fer a fait ses preuves. Chez nous, la seule qui a pris les rênes a été Jeanne d'Arc. Les Allemands ont élu une chancelière. Cessons de vouloir parler de révolution quand il s'agit uniquement d'une logique. Cette femme avait dans son programme des réponses aux problèmes des Allemands. C'est là-dessus qu'elle a été meilleure, d'autant qu'elle gère une coalition.

Avez-vous une idée du nombre de femmes qui dirigent un pays ou une grande société ?
Je crois qu'il existe 5 femmes chefs d'État dans le monde, en Finlande, aux Philippines, en Irlande, en Lettonie et au Chili. Et autant qui sont chefs de gouvernement, en Allemagne avec Angela Merkel, en Nouvelle-Zélande, au Bangladesh, à Sao Tome et Principe et au Mozambique. En France, il y a 76 femmes députés sur 377 (on peut mieux faire, c'est vrai !), 58 sénatrices, soit 17,6 %, 1 femme présidente du conseil général et
6 femmes vice-présidentes de conseils généraux. Nous avons parlé de Ségolène Royal. Il faut également évoquer la présidente du Medef, Laurence Parisot, qui est à mes yeux l'exemple type de la femme qui n'a pas à prouver quoi que ce soit en la matière. Le milieu de l'entreprise en France est quand même à la traîne : 11 % de femmes cadres seulement sur les 30 000 cadres dirigeant les 5 000 plus grandes sociétés françaises. Ça laisse de la marge.

Les femmes ont-elles droit de cité au Synhorcat ?
Le bureau du Synhorcat compte 35 % de femmes. Sincèrement, elles n'ont pas besoin qu'on leur dise ce qu'elles doivent faire. Personnellement, je constate une plus grande diversité d'esprit. Il y a confrontation, dans le constructif. Nous sommes dans les salons de l'Hôtel Pas-de-Calais à Paris, dirigés par une femme, Dominique Teissedre. C'est elle qui suit l'Hotrec, c'est-à-dire tout ce qui se fait au niveau européen…

Existe-t-il, selon vous, un management au féminin et au masculin ?
En caricaturant, effectivement, il y a peut-être 2 grands types de management. L'un sera sec, directif, dénué d'affectif, insensible… L'autre plus doux, plus à l'écoute, moins égoïste… Vous y croyez, vous, à ces raccourcis ? Surtout que la femme, je l'avoue, est souvent plus carrée que l'homme dans son approche.

On l'a compris, la parité, ce n'est pas votre tasse de thé. Mieux vaut donc la mixité ?
Le principe d'une association exclusivement composée de femmes, ou d'hommes, m'énerve sur le principe. Cela ajoute un caractère négatif : la femme, dans ce cas, est sur la défensive ou la revendication. L'homme dans le protectionnisme. La mixité, comme la liberté de choix, me paraît bien meilleure pour l'avenir de la société. zzz74v


Cette interview s'est déroulée chez Dominique Teissedre, qui est directrice de l'Hôtel Pas-de-Calais, rue des Saint-Pères, à Paris (VIe).
Construit en 1750, cet ancien hôtel particulier a été la résidence de Châteaubriand.
Plus près de nous, l'établissement, dans sa forme hôtelière actuelle, a accueilli Juliette Gréco, Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir, Romain Gary…
Cet hôtel de charme chargé d'histoire vient d'être récemment rénové.
À découvrir impérativement, la douceur du patio agrémenté désormais d'un mur végétal, touche très tendance.
Dominique Teissedre est également présidente adjointe de la Commission européenne et internationale du Synhorcat.

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L'Hôtellerie Restauration n° 2993 Hebdo 7 septembre 2006 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE

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