du 26 octobre 2006 |
ÉDITO |
Négocier malgré tout
Comme
il était prévu, la décision du Conseil d'État d'annuler l'arrêté
d'extension de l'accord de juillet 2004 sur les rémunérations et le
temps de travail dans la profession a suscité de nombreuses, contradictoires
et vives réactions.
Parfois même très vives, à en juger par l'exclamation
de Patrick Ollier, président de la commission des Affaires économiques
de l'Assemblée nationale, qui s'est fendu d'un explicite "une énorme
connerie". Dans l'onctueuse tradition des bonnes manières à la française
(nous ne sommes pas à la Chambre des Communes où les parlementaires
britanniques pratiquent allègrement l'invective), il est rare qu'un député
s'adresse en des termes aussi appuyés à la haute juridiction administrative.
Au-delà de la forme révélatrice d'un trouble
profond, il est aujourd'hui indispensable de sortir d'un imbroglio juridique et
social inédit dans l'histoire de notre droit. Car malgré les déclarations
victorieuses de la CFDT et de la CGT, les salariés de l'hôtellerie et
de la restauration ont du mal à percevoir les avantages dont ils peuvent
tirer de la situation actuelle. Il suffit d'ailleurs de consulter les nombreuses
interventions formulées sur le forum du site de L'Hôtellerie
Restauration pour constater à
la fois l'inquiétude face à un avenir incertain, et la colère devant
un résultat aussi catastrophique pour les relations sociales.
Et l'embarras est largement partagé par les organisations
professionnelles qui cherchent une issue honorable à une crise dont ils
ne sont aucunement responsables. André Daguin a déploré la décision
qui fait passer d'un accord 'gagnant-gagnant' à un désaccord 'perdant-perdant'.
Malgré tout, il faut maintenant sortir de l'impasse, si possible
par le haut, en ménageant à la fois les aspirations des salariés,
les susceptibilités de certains de leurs représentants, et bien sûr,
les intérêts des entreprises qui conditionnent l'emploi et la qualité
des relations sociales. Dans l'urgence, et malgré les objections non dénuées
d'arrière-pensées, le dépôt d'un amendement qui donnera
force de loi au texte de 2004 peut conduire à une stabilisation provisoire
des règles adoptées à l'époque. À condition qu'il
soit rapidement voté sans subir le sort réservé l'an dernier à
l'amendement, pourtant issu des rangs de la majorité, sur la baisse de la TVA
en restauration. Passons…
Mais c'est ensuite que la lourde tâche commence : à
nouveau reprendre le chemin de la négociation afin de fixer un cadre juridique
clair aux relations du travail dans la profession. Cela ne se fera pas sans une
profonde analyse suivie d'un dialogue constructif. Lourde tâche, qui ne
peut aboutir qu'entre des partenaires de bonne volonté.
L.
H. zzz80
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L'Hôtellerie Restauration n° 3000 Hebdo 26 octobre 2006 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE