du 26 octobre 2006 |
FACE AU RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE ET À DES CONSOMMATEURS ÉCO-SENSIBLES
L'HÔTELLERIE EST VOUÉE À SE METTRE AU VERT
L'environnement, c'est l'affaire de tous. L'industrie hôtelière ne déroge pas à cette règle. Les grands opérateurs ont déjà saisi l'enjeu économique du phénomène sociétal que constitue la protection de la nature. Encore timide, l'implication des indépendants grandit. Mieux. Elle se solde par de jolies victoires. Ainsi, le premier hôtel français à arborer l'écolabel européen est un indépendant : l'hôtel Les Orangeries, à Lussac-les-Châteaux (86). Un bel exemple dont chacun peut s'inspirer pour se lancer sur la voie verte.
Claire Cosson
Inutile
de la 'débrancher'. Même après une mégacoupure d'électricité,
suscitée par des vents déchaînés, Olivia Gautier, propriétaire
avec son époux Jean-Philippe, de l'hôte Les Orangeries à Lussac-les-Châteaux
- petit village situé dans la Vienne -, ne s'arrête pas. De parler. Surtout
si vous abordez les problèmes d'écologie. Plutôt bon signe pour
une passionnée d'environnement. Cela signifie que cette jeune quadra sait 's'économiser'
pour libérer ses accus lorsqu'il s'agit de défendre les sujets qui lui
tiennent à coeur.
Voire qui lui sont devenus vitaux. "Le respect
de l'environnent est maintenant un véritable projet de vie. Nous mettons du
reste tout en oeuvre au sein de notre petit hôtel (3 étoiles, 10 chambres)
pour offrir un tourisme responsable à nos clients", avoue Olivia, enthousiaste.
Avec succès, puisque l'établissement
est aujourd'hui le premier hôtel français à avoir obtenu l'Écolabel européen délivré par
Afaq Afnor Certification. Un sacré gage de reconnaissance. Sachant que ce label
est attribué selon 84 critères de performance environnementale, dont 37
optionnels. "Quand on aime la Terre, il faut savoir faire preuve d'efforts, et
ne pas hésiter à remettre en cause certaines idées reçues",
précise Olivia. Concrètement, le couple Gautier mène une vie parisienne
trépidante dont il finit peu à peu par se lasser. Lui est architecte.
Elle travaille dans une agence de communication.
En 1995, ils décident de partir s'installer
dans une maison de famille à Lussac-les-Châteaux. L'occasion faisant
le larron, Olivia et Jean-Philippe acquièrent une bâtisse ancienne (fin
du XVIIIe siècle) proche de leur habitation. Très vite, l'idée
de créer un hôtel de charme les titille. D'autant que le site leur permet
d'envisager des extensions futures (salle de séminaires…).
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Le développement durable au coeur de
l'entreprise La démarche initiée par Olivia Gautier a été soutenue par l'ADME et le Centre des jeunes dirigeants. Pour tout comprendre sur le cheminement de cet établissement, vous pouvez vous procurez le DVD qui relate son aventure. DVD réalisé par Benoît Théau (Igapura) : www.comvv.fr Tél. : 01 47 90 43 35 |
Une
démarche menée en amont
Reste que leur hôtel
de charme, ces deux amoureux de la nature n'entendent pas le concevoir tout à
fait comme les autres. "Dès le départ, notre démarche s'est inscrite
dans le respect de l'environnement", souligne la jeune femme. La maison a ainsi
bénéficié en amont d'une rénovation à l'ancienne selon
les critères de Haute Qualité Environnementale (HQE). "Nous avons conservé
les parquets et dallages d'origine, puis utilisé des enduits à la chaux,
des peintures à pigments naturels… L'isolation
a été réalisée à partir de chanvre", note l'hôtelière.
Aucun doute, le couple emprunte d'emblée
la 'voie verte'. Une voie qui les mène logiquement à se pencher sur
une question fondamentale : comment consommer mieux ? Eh bien, les réponses
tangibles vont s'avérer multiples. De surcroît, plutôt économiques.
"La démarche dans laquelle nous nous sommes lancés est pleine de bon
sens. Elle nous a fait prendre conscience des économies réalisées
et à réaliser", précise Olivia.
Pour réduire la consommation d'énergie,
Les Orangeries ont de fait conclu un contrat EDF Équilibre qui garantit que
100 % de l'électricité consommée par l'hôtel est tirée
de sources d'énergie renouvelables. Sans oublier d'installer des fenêtres
double vitrage (classement 3 pour l'étanchéité).
"Chaque chambre est également équipée
d'un système de coupe contact associé à la clef", raconte Olivia
Gautier. Quant à la chaudière, elle fonctionne au fioul à haute
performance énergétique, alors que le chauffage de la salle à manger
recourt à une cuisinière à bois. À noter par ailleurs
que les ampoules électriques sont toutes à basse consommation.
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Consommation responsable
Depuis la sécheresse
de 2003, l'eau manque cruellement dans le Poitou. Par conséquent, l'hôtel
met un point d'honneur à limiter sa consommation en la matière. Comment
? "Robinets, douches et chasses d'eau disposent de systèmes hydro économes
afin d'adapter le débit aux besoins réels", explique la jeune patronne.
À cela s'ajoute une centrale d'affinage pour résoudre le problème
du calcaire. Autre élément notable : le parc - composé de plusieurs
jardins dont un à l'anglaise dessiné par Patsy Boughton - est arrosé
la nuit et entretenu sans
pesticides. Au passage, on notera que l'ensemble (1 hectare) est classé en
refuge LPO, destiné à la protection des oiseaux.
Côté traitement des déchets, les
époux Gautier n'ont guère plus lésiné. "Nous avons investi
dans une plateforme de compostage, située dans le jardin. Nous optimisons en
outre le tri sélectif dans la vie quotidienne", signale Olivia. Démarche
on ne peut plus efficace également, Les Orangeries ont banni tous les emballages
superflus du style boissons servies en canettes, produits d'accueil jetables et
conditionnements individuels au petit-déjeuner. "À la place, on propose
un buffet de confitures maison. Nos jus de fruits sont servis en bouteilles",
stipule Olivia. Dans les salles de bains, le savon crème Écolabel et
le shampoing douche bio (Demeter) ont pris place tandis que le linge est changé
à la demande. Et si d'aventure un client souhaite piquer une tête dans
la piscine, un drap de bain ou un peignoir lui est remis pour la durée de son
séjour moyennant respectivement 2,50 et 5 E. Avec quelques explications détaillées
à la clé, bien sûr.
Après tout, mieux vaut prévenir
que guérir ! Sensibiliser la clientèle concernant le comportement à
adopter afin de respecter l'environnement n'est jamais inutile. Au contraire. "Dès
leur arrivée, nous remettons à nos clients un petit livret d'accueil
où toute notre démarche est présentée en des termes simples.
À la première lecture, chacun d'entre eux se sent concerné. Mieux
encore. Ils jouent à fond le jeu", argue Olivia Gautier.
Beaucoup de produits écolabellisés
De quoi également leur
faire prendre pleinement conscience des nombreuses recherches entreprises par l'établissement
pour mettre à leur disposition des produits écologiques (draps, papier
bureau, toilette…). Y compris au niveau alimentaire. Ce qui, apparemment,
n'est pas la chose la plus aisée, selon les dires d'Olivia Gautier.
En attendant, la jeune femme
est parvenue à proposer au moins
2
produits alimentaires locaux à chaque repas (petit-déjeuner inclus)
: tourteau fromager, beurre de Charente, jus de pomme bio de Montmorillon, fromage
de chèvre… Au moins 2 plats sont également cuisinés avec des
ingrédients issus de l'agriculture biologique. Les alcools viennent pour leur
part du commerce équitable. Tout comme le café du matin ainsi que le sucre
de canne roux…
Des démarches généreuses dont tirent
profit les 6 collaborateurs
de
la maison. Olivia projette ainsi de doter les réceptionnistes d'uniformes à
base de textile équitable ou écologique. Elle a en outre sélectionné
des produits d'entretien 100 % naturels. "Ils sont certes efficaces. Cerise sur
le gâteau : les femmes de chambre ont gagné en confort, éprouvant
moins d'effets nocifs dans leurs manipulations", souligne la propriétaire
des Orangeries. La voie verte, ça change bel et bien la vie. Même le
chef se rend maintenant sur son lieu de travail à vélo…
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Qui contacter pour obtenir l'Écolabel
? Afnor Certification |
Le saviez-vous
? Éteindre la veille de la télévision durant la nuit génère une économie équivalente à son fonctionnement pendant 2 films. Une douche consomme 5 fois moins d'eau qu'un bain (50/250 litres). Utiliser un verre à dents permet d'économiser 10 000 l d'eau par personne et par an. Selon différentes sources, un hôtel-restaurant produit environ 5,5 m3 de déchets par an et par chambre. Ajoutez les eaux usées, vous arrivez à environ 90 m3 annuellement par chambre. |
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L'Hôtellerie Restauration n° 3000 Hebdo 26 octobre 2006 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE