du 23 novembre 2006 |
VIE PROFESSIONNELLE |
LOIN D'ÊTRE UNE CONTRAINTE
L'accessibilité, un atout commercial pour votre établissement
Pascale Carbillet, du journal L'Hôtellerie Restauration, fait le point sur les dernières évolutions réglementaires en matière de sécurité et d'accessibilité avec Christian Recoing, membre du directoire de l'Umih et représentant de l'Umih à la Commission sécurité et accessibilité, et Yves Crochet, hôtelier qui a ouvert à La Baule un établissement entièrement adapté à toutes les formes de handicap.
Christian Recoing, Pascale Carbillet et Yves Crochet. |
L'Hôtellerie
Restauration : Christian Recoing,
quelles sont les dernières évolutions réglementaires en matière
de sécurité et d'accessibilité ?
Christian Recoing
: Jusqu'à présent, la réglementation ne concernait que l'accessibilité
motrice. Depuis la loi du 11 février 2005 pour l'égalité des droits
et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées,
le décret et l'arrêté qui ont suivi, la réglementation concernant
l'accessibilité s'applique maintenant à toutes les formes de handicap
dont les personnes handicapées moteur, les malvoyants, les malentendants et
les personnes de petite taille. Les nouveaux hôtels devront se conformer à
cette nouvelle réglementation dès le 1er janvier 2007. Les
hôtels existants bénéficient d'un délai jusqu'en 2015. Mais
d'ici à 2015, à chaque déclaration de travaux, ils devront se
mettre en conformité pour être accessibles à toutes les formes
de handicap sur l'équipement pour lequel porte les travaux.
Cette réglementation ne concerne-t-elle
que les hôtels ?
C. R.
: Non, elles concernent tous les ERP (établissements recevant du public) et
donc tous les cafés, hôtels, restaurants et discothèques, mais la
charge financière sera plus importante pour les hôteliers.
M. Crochet, vous avez fait construire
de toutes pièces un hôtel situé à La Baule accessible à
ces handicaps.
Yves Crochet
: J'ai deux casquettes. Je suis urbaniste et hôtelier. Cet établissement
a été créé de toutes pièces pour répondre à
l'accessibilité des personnes handicapées moteur, car c'est ce qui coûte
le plus cher. Mais tous ces aménagements sont également valables pour
les personnes âgées et les gens valides.
Quel est le coût de votre
établissement par rapport à une construction classique ?
Y. C.
: Le coût lié à la surface est variable selon chaque région.
Par contre, il a fallu 30 % de surface supplémentaire pour apporter le confort
nécessaire dans tous les équipements : les couloirs, les chambres, les
salles de bains, mais aussi les équipements extérieurs. Ces investissements
font souvent peur aux hôteliers. C'est oublier que 30 millions de personnes
en situation de handicap en Europe souhaitent voyager, mais n'ont pas de structure
réceptive. Il ne faut pas voir ces aménagements comme des contraintes
mais comme une opportunité, un marché. Ces chambres ne sont pas dédiées
aux personnes handicapées, elles peuvent très bien être louées
aussi à des gens valides. À titre d'exemple, nous n'acceptons pas
plus d'un tiers de personnes handicapées, dans notre établissement pour
éviter les ghettos.
Christian
Recoing, comment réagissent les hôteliers par rapport à cette
échéance de 2015 pour se mettre aux normes ?
C. R.
: Ils y vont à reculons.
Pourtant, ce n'est pas nouveau.
Les textes concernant le handicap moteur remontent à 1978, mais il faut dire
que jusqu'à présent, les hôteliers avaient obtenu facilement des
dérogations.
C. R.
: C'est un atout commercial comme le disait Yves Crochet tout à l'heure.
Ce sont des aménagements utiles, il faut y aller. Mais, il y a de gros efforts
à faire notamment en matière de communication pour convaincre les hôteliers
de penser en termes de services, d'opportunités vis-à-vis d'une population
qui représente une clientèle croissante et non en termes de contraintes.
Dans l'hôtel d'Yves Crochet, visuellement on ne voit pas la différence
entre une chambre accessible à une personne handicapée, qui est d'ailleurs
accessible à tous, et une chambre pour personne valide.
Pouvez-vous nous donner des exemples
concrets des nouveautés exigées par la loi ?
C. R.
: La circulaire d'application obligera les hôteliers à avoir un certain
nombre de chambres accessibles aux personnes handicapées moteur. Mais, ces
chambres pourront se trouver au même niveau. Si elles se trouvent à
l'étage, l'ascenseur devra bien entendu permettre à ces personnes d'accéder
aux étages, de même que la largeur des couloirs… Il devra également
y avoir des repères sonores et visuels pour répondre aux autres handicaps.
Yves Crochet, répondez-vous
déjà à ces nouvelles normes ?
Y. C.
: En partie, mais nous aurons quand même des améliorations à apporter,
car nous avons commis des erreurs. Cela relève souvent du bon sens, et ces
modifications ne sont
pas forcément coûteuses. Il s'agit par exemple dans la salle de bains
de penser à mettre deux sèches serviettes : un à hauteur et un
plus bas pour qu'il soit accessible à une personne de petite taille.
Avez-vous bénéficié
de subventions, d'aides pour construire votre hôtel ?
Y. C.
: On a bénéficié d'une subvention d'environ 25 % du coût de
production de l'outil.
C. R. : Cet hôtel constitue un laboratoire pour la conception des hôtels de demain. C'est très intéressant d'avoir ce type d'expérience qui va bien au-delà de ce que demandent les nouvelles réglementations. Mais c'est une réflexion qu'il est nécessaire de mener, ne serait-ce que pour répondre au vieillissement de la population.
Y. C. : Je rappelle que ce n'est pas un marché seulement réservé aux personnes handicapées, mais qu'il s'agit d'un marché ouvert à toutes les populations.
C. R. : Toute la difficulté est là. Les hôteliers parlent de contraintes, Yves Crochet parle d'opportunités.
Y. C. : Je comprends que l'hôtellerie indépendante, qui est déjà souvent surendettée et à qui on demande un surcroît d'investissement pour une clientèle qu'elle n'est pas sure de capter, le voit comme une contrainte. Je suis conscient qu'il y a un gros travail de conviction à faire.
Complément d'article
3004p33 Loi n° 2005-102 du 11 février 2005 pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées. Décret n° 2006-555 du 17 mai 2006 relatif à l'accessibilité des établissements recevant du public, des installations ouvertes au public et des bâtiments d'habitation et modifiant le Code de la construction et de l'habitation. Arrêté du 17 mai 2006 relatif aux caractéristiques techniques relatives à l'accessibilité aux personnes handicapées lors de la construction ou de la création d'établissements recevant du public ou d'installations ouvertes au public. Arrêté du 1er août 2006 fixant les dispositions prises pour l'application des articles R. 111- 19 à R. 111- 19- 3 et R. 111- 19- 6 du Code de la construction et de l'habitation relatives à l'accessibilité aux personnes handicapées des établissements recevant du public et des installations ouvertes au public lors de leur construction ou de leur création. |
Les restaurateurs et les transporteurs réfléchissent à des actions communes
André Daguin, président de l'Umih,
Martine Profichel, Jean-Pierre Morlin, président de l'Otre, Alain Fauqueur,
coprésident TLF et Catherine Pons, présidente de l'Unostra.
Les représentants de l'Umih et des syndicats de transporteurs, TLF (Transports Logistiques de France), UNOSTRA (Union Nationale des Organisations Syndicales des Transporteurs Routiers Automobiles) et l'OTRE (organisation des transporteurs routiers européens) se sont rencontrés lors d'un premier déjeuner de travail pour une cellule de crise en vue d'actions communes suite à la remise en cause des heures d'équivalences dans leurs secteurs d'activités. Un second rendez-vous est pris. zzz74v
Article précédent - Article suivant
Vos questions et vos remarques : Rejoignez le Forum des Blogs des Experts
L'Hôtellerie Restauration n° 3004 Hebdo 23 novembre 2006 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE