du 30 novembre 2006 |
LICENCE IV |
DANS UN MARCHÉ BIÈRE STABILISÉ, LES RÉSULTATS EN HCR RESTENT DANS LE ROUGE
Pour Gérard Laloi : "Une mobilisation de toute la filière peut redresser les ventes de bière"
La bière est-elle au plus bas dans les cafés ? Pour le président des Brasseurs de France, seul un travail effectué par l'interprofession peut changer la donne. Plusieurs axes de réflexion sont déjà envisagés.
Propos recueillis par Sylvie Soubes
Gérard Laloi, président des Brasseurs de France : "Même si ce n'est pas encore une habitude pour les 3 professions : brasseurs, distributeurs et CHR doivent travailler ensemble." |
L'Hôtellerie
Restauration : Où en est
le marché de la bière en France ?
Gérard Laloi
: Le marché de la bière est globalement stabilisé. On était
à + 0,6 % en 2005 et on est à + 0,2 % à fin septembre. Néanmoins,
les 2 circuits ne réagissent pas de la même manière. L'an dernier,
l'alimentaire était à + 2,9 % et le CHR à - 3,5 %. Les chiffres
2006 sont dans la continuité avec + 1,6 % en alimentaire et - 3,3 % en CHR.
La hausse en alimentaire tient en particulier dans le développement du segment
des spécialités, qui représente 26 % en valeur et 15 % en volume
des ventes de bière. Ce segment est dynamisé par les bières d'abbaye,
les blanches, les bières régionales, etc.
Commençons par le segment en positif. Peut-on
en déduire qu'il y a de nouveaux amateurs ?
En fait, ce que l'on constate, c'est qu'il y a
de nouveau moments de consommation notamment au repas. L'acte de rafraîchissement
évolue vers un acte de dégustation. La variété qu'on trouve
désormais dans les linéaires est significative. Or, cette variété
est beaucoup plus difficile à mettre en place en CHR.
C'est un segment qui a pourtant démarré
par les CHR ?
Les premiers produits sont arrivés depuis
une quinzaine d'années mais c'est un segment qui n'a pris son essor il y 4
à 5 ans seulement. Ce n'est pas facile d'avoir plusieurs becs et même
avec des fûts de 30 litres, tout n'est pas résolu. Au problème de
stockage et de rotation des fûts s'ajoute l'acte de vente. Quand le président
de l'Umih, André Daguin, dit qu'il faut être vendeur avant d'être
serveur, il a raison. Les serveurs et serveuses ont un rôle de prescripteur
à jouer et ils ne sont pas formés dans ce sens aujourd'hui. Seul le
comportement d'offreur, de prescripteur peut faire redémarrer le marché.
Quand vous entrez dans un bistrot et que vous demandez une bière, on vous répond
un demi ? Rare sont encore ceux qui ajoutent des conseils.
Vous souhaitez qu'une réflexion soit menée
par l'interprofession, je crois ? Qu'en est-il ?
On l'a vu lors de la dernière convention
de l'IDCCB* pendant Equip'Hôtel, l'interprofession peut accélérer
le processus si elle travaille de concert. Je crois beaucoup dans cette approche,
et je suis certain qu'une mobilisation de toute la filière peut faire bouger
les choses. Tout le monde est
concerné, les minéraliers, les torréfacteurs, les soft-drinks. Les
entrepositaires sont en contact direct avec les CHR et les cafetiers en particulier.
Si on regarde ce qui s'est passé depuis 15 ans, les distributeurs et les brasseurs
ont essayé de s'organiser mais sur leur propre secteur. Ils ont connu des restructurations
quasiment incessantes pour s'adapter, or il est difficile pour eux d'aller plus
loin dans ce domaine. Aujourd'hui, qu'ils soient intégrés ou qu'ils aient
su rester indépendants, ces secteurs ont de toute façon besoin de croissance,
mais pas dans une économie des coûts.
Les CHR représentent combien
du business ?
La profession de brasserie a besoin
de croissance, mais pas dans une économie de coûts. Par les volumes et
les ventes CHR. Il y a 15 ans, les CHR représentaient 40 % des ventes de bière
des brasseurs. Il est tombé à 27 %. Néanmoins, c'est encore un
quart de leur business. Bien sûr, les cafés ont divisé leur nombre
par 4 en 40 ans. On dit que c'est normal, que de nouvelles formes de restauration
comme les sandwicheries sont à l'origine de ce déclin. Le Français
fait pourtant une grande différence entre se nourrir et manger. Le temps d'un
repas le midi est de 25 minutes, mais si on lui propose de pouvoir manger rapidement
et à la Française, ça l'intéresse.
Qu'est-ce qui est envisagé
?
Même si ce n'est pas encore une
habitude pour les 3 professions : brasseurs, distributeurs et CHR doivent travailler
ensemble. Il y a une volonté commune. Lors de la prochaine convention de l'IDCCB,
on espère bien qu'il y aura des plans d'action en route. Nous nous sommes donné
3 axes de travail : un plan de communication sur l'univers du bistrot, comme patrimoine
culturel français. Une information et animation quotidienne du café.
L'idée serait de recueillir des infos sur l'évolution des établissements,
sur les opérations qui marchent, de les répertorier et de les diffuser
au plus grand nombre. Troisièmement, nous devons réfléchir à
une meilleure formation des cafetiers et de leur personnel. Entre autre, on pourrait
profiter du permis d'exploitation pour proposer ensemble des plans de formation.
Nous avons prévu de nous revoir en décembre et que des actions puissent
démarrer en avril 2007. Il faut être d'un optimiste raisonnable. Il est
important qu'on suive ces plans de travail pour que ça ne retombe pas comme
un soufflet. C'est un gros chantier, c'est vrai. Il y a des mondes différents, mais les besoins sont les mêmes.
Je dirais, concernant les cafés, qu'il faut les réveiller positivement
en jouant sur l'image, sur le patrimoine culturel français qu'ils représentent.
* Institut pour le développement des cafés, des cafés brasseries et des discothèques
Du bon usage d'une animation : retour
sur le succès de Foot
N'bar Du 9 juin au 9 juillet, Distriboissons a permis à 2 000 établissements de vivre pleinement la Coupe du Monde de Football. Comment ? "En prévoyant tous les éléments susceptibles d'assurer l'ambiance", précise le distributeur. Au programme : une banderole extérieure spécialement conçue pour maximiser la visibilité de l'opération depuis l'extérieur et créer le trafic. Des supports de communication spécifiques pour baliser les établissements : affiches, guirlandes, sous-bocks et bien sûr t-shirts pour le staff. Des jeux destinés aux consommateurs permettant de gagner des centaines de cadeaux, du bracelet au lecteur DVD. Les exploitants ont pu aussi gagner des maillots de légende : France 1958, Italie 1982, Portugal, Allemagne… "Nous avons associé nos marques partenaires avec logo présent sur tous les supports de communication et visibilité des produits. L'opération Foot N'Bar a été conçue par un groupe de travail regroupant l'équipe permanente Distriboissons, des responsables d'entrepôts Elidis et Fidis et des patrons d'établissements CHR, tenant ainsi compte des besoins exprimés par chacun", précise encore le distributeur. Sy. S. |
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L'Hôtellerie Restauration n° 3005 Hebdo 30 novembre 2006 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE