du 30 novembre 2006 |
TRIBUNE LIBRE |
Lettre ouverte à Nicolas Sarkozy par Philippe Lefevre (Secrétaire général de la CPIH de l'Eure)
La
semaine du goût" a très vite tourné à "la semaine
du dégoût" suite à l'annulation partielle de l'arrêté
d'extension de l'avenant à la convention collective des HCR après le
recours de la CFDT. Ceci malgré les nombreuses mixtes paritaires auxquelles
nous avons participé pour tenter de trouver un accord avant la décision
du Conseil d'État. C'est à croire que Monsieur Ramos ne souhaitait
qu'une chose : ne surtout pas obtenir d'accord avec 'les patrons', mais une notoriété
médiatique à quelques mois des élections à la CFDT…
Le Conseil d'État a donc rendu son jugement,
et pour notre profession c'est une catastrophe. Contrairement à ce que disent
Messieurs Ramos de la CFDT et Fustec de la CGT, dans nos petites entreprises et
surtout en province, les heures d'équivalence sont encore bien une réalité.
Je fais donc appel à vous, Monsieur
le ministre, car à l'époque vous étiez au ministère des Finances
et vous aviez été partie prenante dans la signature de l'avenant de juillet
2004 en exigeant de la profession des avancées sociales en échange de
la prime à l'emploi. Cette dernière étant normalement faite pour
compenser l'attente de la TVA à 5,5 % (promesse du président de la République
lors de sa campagne électorale) que nous aurions dû avoir au 1er
janvier 2006. Bien sûr, à la date fatidique, c'est devenu la faute
de l'Europe…
Soit, cet accord a été signé
par 3 syndicats de salariés et 4 organisations patronales.
Seulement,
et c'est la raison première pour laquelle ce recours a abouti, il n'a pas été
spécifié les postes qui pouvaient prétendre aux heures d'équivalence
et ceux qui ne le pouvaient pas. La faute revient donc au ministère du Travail,
ou excelle Monsieur Larcher (qui ne semble pas nous aimer de toute façon).
C'est grave de laisser passer un avenant avec une telle bévue, ce qui a servi
la CFDT sur un plateau…
Ajoutée à cela, l'interdiction de
fumer dans nos établissements au 1er janvier 2008. Peut-être
serait-ce encore possible dans les restaurants, mais pour les bars et bars-tabac
ainsi que les discothèques, c'est de la folie douce. Ce n'est pas avec 'la
remise' sur les taxes pour les baby-foot, flippers et autres jeux de bar que la
perte de chiffre d'affaires va être compensée.
Tout ceci fait beaucoup pour une profession
qui est le 4e employeur de France avec 800 000 personnes et de nombreuses
PME. En moins d'un an de temps, la non-baisse de la TVA, l'interdiction de fumer
et maintenant le passage aux 35 heures. Ce qui fera de notre profession la première
à être passée de 43 heures hebdomadaire à 35 en moins de
7 ans, et ceci avec toujours le même salaire.
Alors voyez-vous Monsieur le ministre,
je n'arrive plus à comprendre, que sous un régime 'dit de droite', sous
lequel la profession n'a jamais fait autant d'avancées sociales, nous soyons
aussi maltraités et mis au banc
des
accusés de tous les maux possibles. Je sais que cela ne va pas forcément
vous plaire, mais honnêtement, un régime 'de gauche' ne nous aurait pas
fait pire !
Il est donc grand temps de retomber les pieds
sur terre. Le dépôt d'un amendement du président de votre groupe
parlementaire à l'Assemblée nationale est déjà jugé
illégal d'après plusieurs syndicats. Il ne faut pas retomber dans un nouveau
risque de recours, les conséquences en sont beaucoup trop importantes.
Vos ambitions présidentielles
n'étant plus un secret pour personne, je souhaiterais donc (ainsi que tous
mes collègues des CHRD sûrement) connaître votre position sur ces
sujets.
Ce que vous pensez faire, dès
aujourd'hui, pour ne pas laisser mourir des milliers d'entreprises ainsi que leurs
salariés.
Ce que vous pensez faire dès le
lendemain des présidentielles pour la TVA réduite, si vous aviez l'honneur
d'être élu. Pour être clair : êtes-vous prêt à
utiliser le principe de la subsidiarité pour appliquer cette dernière
? (chose qu'a toujours refusée monsieur Chirac). Souhaitant réellement
que ce courrier passera entre vos mains malgré votre emploi du temps très
chargé et que vous saurez rassurer une profession qui ne cesse de douter à
quelques mois d'échéances importantes dans notre pays.
Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l'expression de mes sentiments
distingués. zzz74v
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