du 4 mai 2006 |
MICHELIN 2006 |
Olivier Roellinger - Le Relais Gourmand - Cancale (35) Fils de Charcot, frère de Corto, Olivier Roellinger est un marin dans l'âme. Sur les flots ou au piano, il peuple son univers de métissages, mariant l'Orient à l'Occident. Un univers aujourd'hui célébré par la plus haute distinction du guide rouge.
Olivier marie
Olivier, toujours un peu plus loin
"Je pense que la cuisine ne peut être grande que si elle est métissée." |
Ici, un gamin n'a pas réussi s'il ne part pas." Rencontrer Olivier Roellinger, c'est partir. Arpenter, narines aux vents, le marché au poivre de Cochin, craquer pour un MG1 avant de se recueillir sur la tombe de Vasco da Gama. Caboter au large des côtes de Marie-Galante et déjà s'enivrer de cannes alambiquées. Serpenter du Grouin à la Touesse le long de ces chemins d'Émeraude pour découvrir, nostalgique, une demeure endormie où, jadis, Colette éveilla nos sens de son Blé en Herbe. Marcher sur les pas des grandes familles malouines, d'un abbé Raynal, d'un Père Labat… Méditer dans le désert du Taar. Attendre la Nouvelle-Zélande. Faire équipage avec Jane, toujours, Michel Troisgros ou Michel Bras, parfois… et naviguer… naviguer sur un Cornish Crabber ou une Étoile de Bricourt filant bientôt vers d'autres cieux… "J'ai besoin de l'Histoire pour voyager. Je suis curieux de tout, des hommes, des lieux, des produits, des techniques de cuisson, de conservation… Sensible ici à un parfum, là, à une couleur…" Rencontrer Olivier Roellinger, c'est également revenir, sur cette terre bretonne, chargé de souvenirs et de trésors forcément épicés.
À déguster à la carte, par exemple, l'Araignée de mer et la vinaigrette flibustière citronnelle et manioc, suivi d'un Turbot blanc, amandes, pavot et sésame, pamplemousses confits et pousses germées à la Maison. |
"La cuisine ne peut être
grande que métissée"
Dès lors, les produits
bretons se parent des plus beaux saris nommés muscade, cardamome, cacao, poivres,
cannelle… "Je pense que la cuisine ne peut être grande que si elle
est métissée." Huîtres tièdes, jus d'herbes des falaises,
graines lointaines et sarrasin, Turbo blanc, amandes, pavot et sésame, pamplemousses
confits et pousses germées à la Maison… "Dans ma cuisine, je
fais un voyage, j'essaye d'exprimer Cochin, Chateaubriand, Mahé de La Bourdonnais…
Je raconte mon affectif, mon environnement." Cet enfant de la malle, qui a joué
dans les mêmes cachettes que Surcouf dans les jardins de Bricourt où
flotte discrètement le palmier des passeurs de l'Horn, cuisine son histoire,
sa vie. Alors n'allez pas lui demander de vous préparer une rascasse ou du
caviar. "ça ne me parle pas. Je ne sais cuisiner qu'ici, avec mon garde-manger
et mon petit potager dans le dos. Je travaille toutes les saveurs du monde, pas
tous les produits." Cohérence du lieu, harmonie avec la nature. Logiquement
l'écolo défend le bio - et l'élevage de poisson, s'il est de qualité.
"Je ne suis pas à la recherche de produits de synthèse. J'ai
du mal avec la cuisine fusion. Elle me paraît dépourvue de sens. Cuisiner
la nature, c'est pour moi une question d'éthique, d'honnêteté sociale
et intellectuelle." Même si cette nature lui résiste parfois,
comme cette cardamome noire : "Elle m'agace, je n'arrive pas à la
faire entrer dans mon jeu de construction… Mais j'y arriverai."
Un homme libre
L'héritier des Maisons
de Bricourt affiche sa liberté de ton, de style. Atypique dans la famille de
la cuisine française -apprentissage à 25 ans après des études de chimie -, on lui connaît
des frères, mais pas de père spirituel. "J'aurais aimé qu'il fut
Michel Guérard. Faute de cet héritage, je reste un éternel apprenti
!" Liberté de cuisine aussi. Celle de laisser un plat sur le quai, des
années durant, avant de revenir le chercher, plus tard, autrement. Comme cette
nage marine et potagère, souvent à la carte, toujours différente.
"On me demande de tout balayer… Mais est-ce que le triomphe n'est pas de
devenir son propre classique ?"
"Homme libre, toujours tu chériras la
mer", Baudelaire connaissait-il Roellinger ? Non, sinon il aurait ajouté
: "Homme libre, simple et généreux…"
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Le Relais Gourmand
1 rue Duguesclin
35260 Cancale
Tél. : 02 99 89 64 76
www.maisons-de-bricourt.com
'L'armada' Roellinger
Le Relais Gourmand 40
couverts dans la maison familiale
Château
Richeux 11 chambres et 2 appartements
Le
Coquillage 50 couverts
Les
Rimains 4 chambres
Les
Gîtes Marins De 2 à 8 personnes
L'Entrepôt
des Épices
Grain
de Vanille
UN PHARE POUR LA
BRETAGNE "Si je peux être un phare pour
la cuisine bretonne, c'est bien. Car je pense qu'au niveau international, la gastronomie
bretonne est sous-estimée pour 2 choses : nous n'avions pas de 3 étoiles
et pas de vin." |
"MERCI MONSIEUR NARET…" C'est peu dire que cette reconnaissance étoilée était logiquement attendue depuis… Exit le passé, aujourd'hui "je dis merci Monsieur Naret". D'autant que cette distinction ne devrait pas bousculer une structure et un équipage, cosmopolite, déjà bien en place. "Nous avons plus de 50 % d'habitués ! Depuis que nous sommes passés à 40 couverts, nous avons pris notre rythme de croisière." Les prix ont augmenté, mais "de 3 %, comme chaque année, pour suivre l'inflation". Rien n'a changé… Ah si, Olivier Roellinger est régulièrement appelé en salle, "pour poser en photo avec les clients". Et ça, c'est nouveau. |
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L'Hôtellerie Restauration n° 2975 Magazine 4 mai 2006 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE