du 25 janvier 2007 |
L'ÉVÉNEMENT |
SÉMINAIRE DE L'HOTREC À BUDAPEST
LES ÉTATS DOIVENT AVOIR LA LIBERTÉ D'APPLIQUER LE TAUX RÉDUIT DE TVA
C'est en présence du commissaire européen chargé de la fiscalité, Laszlo Kovacs, que l'industrie hôtelière européenne a réitéré sa demande d'application du taux réduit de TVA pour les hôtels et restaurants dans tous les pays de l'Europe.
Par Pascale Carbillett
De gauche à droite : Laszlo Kovacs, commissaire européen en charge de la fiscalité ; André Daguin, président de la commission TVA à l'Hotrec ; Bernd Geyer, président de l'Hotrec et Marguerite Sequaris, secrétaire générale de l'Hotrec. |
L'Hotrec
rappelle que, depuis 1992, ses objectifs ont toujours été et continueront
d'obtenir des bases définitives :
Au niveau européen, la possibilité
pour tous les États membres d'appliquer un taux réduit pour les prestations
de services en hôtellerie et restauration ;
Au niveau national, l'application
du taux réduit de TVA pour les services de l'hôtellerie-restauration.
Lors du séminaire sur 'TVA dans
le secteur de l'industrie hôtelière' organisé le 19 janvier 2007
par l'Hotrec à Budapest, Laszlo Kovacs, commissaire européen en charge
de la fiscalité, a exprimé sa conviction que le taux réduit de TVA
serait effectivement un instrument pour achever les objectifs de Lisbonne fixés
en mars 2000 : augmenter la croissance ainsi que l'emploi, et assurer la compétitivité.
La Commission européenne doit
remettre le 30 juin 2007 un rapport sur l'impact du taux réduit de TVA sur
les prestations de services locales, ce qui inclut les services de restaurant. Cette
prochaine échéance a justifié l'organisation de ce séminaire
sur la TVA dans l'industrie hôtelière, qui a été suivi par
une centaine de participants composés de représentants des parlements
nationaux, mais aussi de gouvernements nationaux, et par les représentants
des associations nationales de l'industrie hôtelière.
Laszlo Kovacs a rappelé aux participants
les efforts réalisés ces dernières années afin de modifier le
système définitif de taux de TVA, ainsi que les difficultés pour
les 27 gouvernements d'obtenir une décision à l'unanimité.
En juin 2007, le rapport sera le point
de départ pour reprendre le débat afin de trouver une solution fiable
et définitive sur les taux de TVA pour tous les secteurs tout en conservant
les objectifs de Lisbonne : augmenter la croissance ainsi que l'emploi et assurer
la compétitivité.
La délégation française
était venue en renfort afin de faire entendre ses arguments. La profession
était représentée non seulement par André Daguin, président
de l'Umih et président de la commission TVA à l'Hotrec, mais aussi par
Didier Chenet, président du Synhorcat, et pour la CPIH, par son président
Jean-François Girault, et Jacques Fréalle, président des hôteliers
de tourisme. Ils étaient accompagnés de Jean-Claude Bouchard, avocat fiscaliste
au cabinet TAJ, ainsi que du député UMP Thierry Mariani et président
du groupe d'étude sur les métiers de l'hôtellerie-restauration à
l'Assemblée nationale.
Rendre la liberté aux
États membres de fixer le taux de TVA pour les prestations locales
"Rendez-nous ce qui nous
appartient, demande Jean-Claude Bouchard au commissaire européen, et
laissez le pouvoir de décision aux députés nationaux. Le pouvoir
de fixer le taux de TVA sur les prestations locales comme la restauration doit appartenir
aux gouvernements nationaux. Nous sommes bloqués avec les règles posées
en 1992, c'est-à-dire la règle de l'unanimité."
Le commissaire Laszlo Kovacs
reconnaît que cette règle de l'unanimité en matière de fiscalité
n'est pas sans poser problème. Il évoquera une situation à laquelle
il a assisté, où une délégation s'opposait mais sans justifier
sa position, ce qui bloquait toute négociation. Le commissaire expliquera aussi
que plusieurs pays de la Communauté vote contre le taux réduit de TVA
pour la restauration de peur de subir des pressions internes de ses propres ressortissants.
Il ressort des débats que cette
règle de l'unanimité commence à être fortement contestée
car celle-ci paralyse le
système
de décision. N'importe quel pays de la Communauté peut s'opposer à
une décision, et ce, quels que soient sa taille et le nombre de ses habitants.
Malte a donc autant de pouvoir en matière de fiscalité que la France ou
l'Allemagne, et peut opposer son veto.
De gauche à droite : Didier Chenet (président du Synhorcat), Jacques Frealle (délégué à l'Hotrec pour la CPIH), Jean-François Girault (président de la CPIH) et Thierry Mariani (député UMP). |
L'exemple de la France commence
à faire des émules
Jusqu'à présent,
la délégation française à l'Hotrec, en ce qui concerne le
dossier TVA, faisait figure d'irréductibles Gaulois résistant seuls, envers
et contre tous pour obtenir le taux réduit de TVA pour la restauration. Mais
lors de ce séminaire, lorsque la délégation française est
venue présenter ses arguments et ses actions pour obtenir le taux réduit
de TVA, ce n'étaient plus des regards amusés qui animaient la salle, mais
un sentiment partagé et la fronde qui grondaient. Les revendications et arguments
des Français pour obtenir le taux réduit de TVA trouvent désormais
des échos parmi leurs partenaires européens. Il faut dire que la donne
commence à changer aussi pour les autres pays de la Communauté. L'Allemagne
a vu son taux de TVA augmenter de 3 % depuis le 1er janvier 2007, passant
de 16 à 19 %. La Hongrie bénéficiait à titre dérogatoire
d'un taux réduit de TVA pour la restauration jusqu'au 31 décembre 2007,
mais le gouvernement hongrois a décidé, en septembre 2006, de renoncer
à ce régime dérogatoire et d'appliquer le taux normal de TVA.
Depuis l'entrée au 1er
janvier 2007 des 2 nouveaux États membres, la Roumanie et la Bulgarie, dans
la Communauté européenne qui compte désormais 27 pays, le nombre
de pays appliquant le taux normal de TVA en restauration est supérieur aux
pays qui bénéficient de l'application du taux réduit. Ce qui fait
qu'une majorité des États membres se retrouve dans la même problématique.
Autre point commun qui revenait régulièrement
dans les interventions des différents pays : la distorsion de concurrence qui
existe entre la vente à emporter qui peut bénéficier du taux réduit
de TVA alors que la vente à consommer sur place se voit taxée au taux
normal.
Rendre le pouvoir de décision
aux parlementaires nationaux
Thierry Mariani, député
UMP, est bien placé pour venir soutenir cette thèse, n'hésitant pas
non plus - un brin provocateur - à expliquer les raisons du rejet de la Constitution
européenne par le peuple français.
"Il y a un an, la France
a voté contre la Constitution européenne, car les citoyens français
se sont sentis dépossédés de leur pouvoir au profit de l'Europe.
Pourquoi doit-elle fixer le même jour d'ouverture de la chasse dans tous les
États membres ?, s'interroge-t-il. Il était déjà
difficile d'obtenir un accord unanime à 15, mais il sera impossible à
27. Donc il est absolument nécessaire de revenir au principe posé par
1992, et remettre au marché commun, ce qui est commun. Chacun devrait être
libre de pouvoir déterminer son taux de TVA pour les prestations de services
non exportables telles que la restauration. En ne changeant pas ces positions, cela
conduira les citoyens à tourner le dos à l'Europe", conclut le
député français. Position qui sera d'ailleurs partagée par
des députés belges venus eux aussi s'exprimer.
Ce n'est pas la faute à
l'Europe
Parlant d'une seule voix,
les 3 présidents des syndicats français de la profession, André
Daguin, Didier Chenet et Jean-François Girault, constatent que les membres
de l'Hotrec ont pris conscience qu'il fallait une attitude plus agressive et une
détermination plus forte pour obtenir gain de cause.
"Chaque pays en a marre d'entendre
que c'est la faute à l'Europe, alors qu'en réalité, il s'agit d'une
volonté nationale de l'appliquer. C'est aussi la première fois qu'un commissaire
européen se range de notre côté. Les revendications de différents
intervenants montrent que ce n'est pas l'Europe qui empêche les États
membres d'appliquer un taux réduit de TVA. Ce sont nos gouvernements qui se
retranchent derrière l'Europe. Le principe de la subsidiarité permet de
redonner cette compétence aux États membres, mais à la condition
qu'il le souhaite", déclare-t-il.
Pour la France, c'est l'Allemagne qui
refuse d'appliquer le taux réduit de TVA ; pour le gouvernement belge, c'est
la faute à la Pologne. À chacun son père Fouettard.
Qu'est ce que l'Hotrec ?
L'Hotrec représente
les hôtels, restaurants et cafés au niveau européen. Ce secteur
compte 1,4 million d'entreprises qui emploient 7,5 millions de salariés rien
qu'en Europe. L'Hotrec regroupe 38 associations nationales, patronales et salariées
représentant l'intérêt du secteur dans 24 pays européens.
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L'Hôtellerie Restauration n° 3013 Hebdo 25 janvier 2007 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE