Concours en or
malgré
tous les défauts que leur prêtent ceux qui n'ont jamais dépassé
le niveau de la meilleure terrine du canton, les concours culinaires, certes
perfectibles, ont l'immense mérite de mettre en valeur des talents capables
de se surpasser dans la lutte pour l'excellence de leur art. Ce qui n'est pas
une mince affaire, à l'image de la rude compétition du Bocuse d'or,
véritable 'Nobel' de la cuisine, qui s'est disputé la semaine dernière
à Lyon. Et vous étiez 8 000 'mordus' à vous être
connectés sur le site www.lhotellerie.fr
pour suivre en direct - miracle de la technique - la finale 2007 qui a attribué
l'or à Fabrice Desvignes, illustre inconnu jusqu'à ce jour, qui
s'était préparé dans l'ombre discrète des cuisines de la présidence
du Sénat, où l'on apprécie visiblement l'excellence de la table. Les
observateurs avertis, il ne saurait y en avoir d'autre espèce, n'ont pas manqué
de relever cette 2e victoire successive d'un Français, victoire
qui dément avec éclat les trissotins de la critique qui ne jurent que
par les tables forcément situées hors de l'Hexagone. Et pourtant,
avec Heston Blumenthal comme président d'honneur du jury, enfant terrible de
la cuisine anglaise à qui Michelin vient de confirmer ses 3 étoiles,
impossible de soupçonner un quelconque chauvinisme de la part des juges.
Après Serge Viera il y a 2 ans, lui-même disciple de Régis Marcon,
autre vainqueur du Bocuse d'or, Fabrice Desvignes confirme la vitalité de
ce que l'on peut appeler 'l'école française de la cuisine', mélange
subtil de créativité maîtrisée au service du produit, et modernité
assumée dans le respect des grands principes qui ne peuvent être
évacués au profit exclusif de l'usage immodéré de l'azote et
de l'émulsion à toutes les sauces. À Lyon, les candidats
des 24 pays en lice ont donné le meilleur de leur savoir-faire et de leur inspiration,
'poussés' par une ambiance survoltée digne d'une finale de foot ou
de rugby. Car c'est aussi cela, le Bocuse d'or : résister à la
pression médiatique, aux flashs des photographes, à la présence
bienveillante mais toujours impressionnante de Monsieur Paul, aux
enthousiasmes parfois débordants de supporters américains, japonais,
espagnols ou mexicains qui savent 'chauffer' une salle. La profession ne peut que se féliciter de l'initiative lyonnaise
dont c'était la 11e édition, et dont le succès ne s'est
jamais démenti depuis le couronnement de Jacky Fréon. Bien sûr,
il y aura d'autres occasions pour les cuisiniers de se mettre en valeur, et
il faut se réjouir de la multiplication des manifestations qui font aujourd'hui
de notre pays la référence incontestable de l'art culinaire. D'ici au
printemps, il y aura le festival Omnivore au Havre, la finale de Un des
Meilleurs ouvriers de France à Thonon et les Rencontres internationales
de la gastronomie à Toulouse. Sans oublier la publication de l'édition
2007 du "Michelin France".
L. H.
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