du 15 février 2007 |
CONJONCTURE |
7E CONFÉRENCE ANNUELLE SUR LES TENDANCES DE L'HÔTELLERIE
"L'HÔTELLERIE FRANÇAISE RETROUVE DES COULEURS EN 2006"
Dans son ensemble, le cru 2006 fait figure d'un bon millésime. Toutes les catégories d'hôtels ont vu leur revenu par chambre disponible progresser par rapport à 2005. Une hausse dont bénéficient pleinement le haut et le milieu de gamme, tandis que l'hôtellerie économique connaît une situation plus contrastée. Entretien détaillé avec Philippe Gauguier, associé Deloitte.
Propos recueillis par Claire Cosson
Philippe Gauguier : "Tant qu'il y a de la création de valeur, il n'y a pas de limite au montant des transactions. |
L'Hôtellerie Restauration
:
Quel bilan dressez-vous de l'exercice 2006 ?
Philippe Gauguier, associé
Deloitte :
Je considère
que l'hôtellerie française est dans une phase haussière du cycle
et retrouve des couleurs en 2006. Cette amélioration profite en priorité
à l'hôtellerie haut de gamme, boostée notamment par le retour
de la clientèle étrangère à forte contribution. De fait, la
catégorie 4 étoiles progresse plus 'fermement' que les autres segments.
En 2006, le taux d'occupation moyen des 4 étoiles - France entière - grimpe
ainsi de 6,7 % à 68,8 %, tandis que la recette moyenne par chambre (RMC)
augmente de 6 % (203 E) et le revenu par chambre disponible (RevPAR) de 13,1 %,
s'élevant à 140 E. Avec une hausse moyenne de 4,8 % de ce dernier indicateur
au cours des 5 dernières années, la catégorie haut de gamme rattrape
- au moins, en valeurs constantes - le retard pris depuis le début de cette
décennie.
S'agissant de l'hôtellerie
milieu de gamme (2 et 3 étoiles), elle évolue également de manière
positive, mais dans des proportions moindres et surtout grâce à son
prix moyen chambre. Au terme de l'exercice 2006, le RevPAR des 3 étoiles gagne
5,9 % par rapport à l'année précédente à 62 E et 10,8
% comparés à 2002. Quant à celui
des
2 étoiles, il s'améliore de 2,1 % sur un an et de 12,3 % sur 5 ans.
En fait, seule l'offre économique (0-1 étoile)
présente un bilan mitigé, avec quelques baisses sensibles même suivant
les régions.
À ce propos justement, le produit économique
a-t-il encore de beaux jours devant lui ?
L'hôtellerie économique garde, bien
sûr, des potentiels de progression, notamment au niveau de ses prix moyens,
d'autant que son offre technologique (wifi, TV écrans plats, clim) et sa gamme
de services ne sont plus nécessairement des critères différenciant
avec le milieu de gamme. Seuls la restauration et la surface des chambres font maintenant,
au moins théoriquement, la différence. Ainsi, l'écart avec le moyen
de gamme tend et peut encore se resserrer. Notons toutefois que cette évolution
potentielle demeure liée à la qualité des produits et à
leur niveau de rénovation. Niveau qui reste parfois encore insuffisant aujourd'hui
pour une partie de l'offre économique.
Pourquoi une alliance entre BDO Marque,
Gendrot et Deloitte ?
Philippe
Gauguier, associé Deloitte |
Les fonds d'investissement et de pension - qui ont
acquis ces dernières années bon nombre de chaînes économiques
- jouent-ils, selon vous, un rôle dans ces efforts de rénovation ?
Vaste sujet que d'aborder le rôle et la
politique d'investissement des
fonds de pension et d'investissement. J'estime en fait que ces fonds ont marqué
2 évolutions notables. D'une part, ils sont progressivement passés du
luxe aux segments plus économiques. D'autre part, après avoir ciblé
exclusivement l'immobilier, ils se tournent vers des cibles commerciales, c'est-à-dire
acceptent le risque de gestion, en allant même jusqu'à des acquisitions
de fonds de commerce sans les murs. Ils jouent alors des rôles beaucoup plus
actifs et plus opérationnels. Et qui dit opérations implique de se pencher
sur la rénovation des produits.
Jusqu'à quel point ces fonds d'investissement
ne deviendraient-ils pas concurrents des opérateurs hôteliers traditionnels
?
Certains fonds deviennent en effet des acteurs
et des opérateurs à part entière. Reste qu'ils ne
créent pas encore véritablement de
marque ni de label. Ils contribuent cependant à la valorisation de certaines
d'entre elles. En outre, leur puissance financière, leur disponibilité
de trésorerie, mais aussi les effets de levier considérables utilisés
sur les financements leur permettent d'atteindre très vite les effets de taille,
indispensables dans l'hôtellerie économique en particulier. Leurs objectifs
d'investissement sont atteints dans des délais souvent inférieurs aux
plans initiaux, accélérant ainsi leur délai de prise de parts de
marché.
On observe
certes des progressions sensibles de performances commerciales, mais également
des augmentations significatives de prix de cessions. Le tout s'effectue souvent
dans des laps de temps très courts, à peine 2 ans. Voyez-vous des limites
à ces hausses de prix ?
Tant qu'il y a création de valeur, il n'y
a pas de limites ! Les investisseurs à la tête des fonds créent
de la valeur en se dotant des moyens pour repositionner efficacement les hôtels
sur leur marché, en faisant évoluer le classement
dans
lequel ils étaient inscrits, en capitalisant sur des marques parfois sous-exploitées
auparavant. Les efforts d'investissements et de créativité doivent être
à la hauteur des attentes de plus-values.
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Poursuite
de la croissance des RevPAR en 2007
Difficile d'établir à l'heure actuelle des prévisions sur l'exercice 2007. D'autant que l'industrie hôtelière est à la fois très dépendante de l'économie mondiale et nationale. N'empêche. S'appuyant sur les statistiques de l'Insee qui tablent sur une croissance du PIB français de 1,8 % ainsi que sur ses analyses spécifiques du marché hôtelier dans son ensemble, Deloitte se projette dans l'avenir. Au regard des prévisions du cabinet, la croissance des RevPAR devrait se poursuivre en 2007 de manière plus modérée qu'en 2006. |
Complément d'article 3016p13
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L'Hôtellerie Restauration n° 3016 Hebdo 15 février 2007 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE