du 22 février 2007 |
ÉDITO |
Hors d'âge et hors d'usage
Comme
vous suivez attentivement l'actualité de votre profession, vous n'ignorez
pas que les 'nouvelles' normes hôtelières, selon l'expression en vigueur,
datent de 1986. Comme si, depuis 21 ans, rien n'avait bougé dans le monde
de l'hôtellerie qui a connu, depuis cette date, plusieurs révolutions
essentielles.
Vous vous en souvenez sans doute : 1986, c'est l'an II du lancement
des 'hôtels économiques sans étoiles' avec le génial concept
de Formule 1 qui fit tant pour la disparition de nos chers petits 'hôtels
de préfecture' au confort aléatoire.
Sans faire un historique
complet de l'hébergement hôtelier depuis ces temps si proches et si lointains,
il faut néanmoins relever le développement en France des réseaux
à la notoriété fondée avant tout sur la marque et non sur
des critères administratifs, l'exigence de plus en plus forte du consommateur
pour le service dont les normes ne tiennent aucun compte, la montée en gamme
de l'hôtellerie de luxe avec les indispensables spas, piscines, business centers
et autres, sans oublier la récente émergence des nouvelles technologies,
y compris dans les établissements les plus modestes.
Et pendant ce temps, nos chères normes hôtelières
n'ont pas bougé d'un iota, comme si le monde n'avait pas davantage évolué
qu'entre Charlemagne et Hugues Capet.
Les vagues successives des nouvelles techniques de commercialisation,
la culture de l'optimisation des taux d'occupation et des recettes (les pros disent
'yield marketing', beaucoup plus chic), la multiplication des systèmes de fidélisation,
la formidable révolution des GDS, des discounters internet, la féroce
bagarre sur les prix face à une clientèle de plus en plus près
de ses sous et de plus en plus experte en 'benchmarking' sur la toile, sont
autant de phénomènes qui ne semblent troubler ni l'immuable quiétude
des responsables de l'administration du tourisme ni les leaders de la profession.
Enfin, jusqu'à ces derniers temps où une prise de
conscience se réveille face au risque de laisser la suprématie du marché
hôtelier aux chaînes les plus dynamiques, bardées de techniques
de marketing de plus en plus sophistiquées, qui ne laissent aucune chance de
survie à notre cher hôtelier dit 'indépendant' accroché à son classement aux normes de la direction du Tourisme.
La situation est telle qu'elle impose aujourd'hui de s'interroger
lucidement sur la nécessité de faire perdurer un système hérité
d'une bureaucratie digne d'une ancienne république soviétique. Dans
les instances professionnelles, on vient d'entamer avec les pouvoirs publics un
premier 'tour de piste' pour moderniser le système actuel. Il paraît que les
négociations seront longues et compliquées. Il ne faudrait pas qu'elles
s'enlisent indéfiniment, alors que l'Union européenne envisage, avec l'Hotrec,
où la France est loin d'être majoritaire, d'édicter des 'normes
européennes' dont on voit mal les finalités.
L.
H. zzz80
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L'Hôtellerie Restauration n° 3017 Hebdo 22 février 2007 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE