du 24 mai 2007 |
VIE PROFESSIONNELLE |
BILLET D'HUMEUR
Chasse européenne au travail clandestin
Philippe Lefèvre, président des restaurateurs de la CPIH. |
Quelles
bonnes nouvelles n'avons-nous pas entendu, via les médias, en ce jeudi de l'Ascension
? L'Union européenne veut s'attaquer au travail clandestin. Il y aurait, d'après
ses chiffres, 8 millions de travailleurs dans ce cas en son sein. Le journaliste
continue son laïus, et de dire d'un coup, le bâtiment et la restauration
sont les principaux concernés !
Là, en tant que
président des restaurateurs de la CPIH, je ne peux laisser dire cela. Il devient
intolérable d'entendre à tout va que nous sommes
des
exploiteurs, des profiteurs, et bientôt la plaque tournante du travail au
noir en France et en Europe, désormais, si on continue ! Certes, il serait
malhonnête de dire que tout est blanc dans notre profession ; 'des brebis
galeuses', il y en a dans toutes les corporations, mais pas plus chez nous que chez
les autres. Tout comme le bâtiment, les CHRD sont des métiers qui demandent
beaucoup de main-d'oeuvre, alors forcément, il peut y avoir plus de cas chez
nous en nombre, mais au prorata, nous ne sommes pas plus à montrer du doigt
que d'autres.
Cessons de faire des amalgames et de mettre dans
le même panier les restaurateurs que nous sommes et ceux qui font de la restauration
le week-end en toute illégalité. Des professeurs de cuisine, des cuisiniers
qui ont quitté le métier, mais qui arrondissent leurs fins de mois, voire
même parfois d'anciens professionnels à la retraite… Pour tous
ceux-là, ce sont de véritables 'entreprises illicites' qui ont aussi
leur personnel de service et qui tournent sur leur secteur dans les salles des fêtes,
sous des chapiteaux ou tout autre lieu. Il va de soi que tout cela se traite 'en
espèces', sans payer quoi que ce soit, de charges sociales, de TVA, de taxes
de quelque sorte que ce soit…
Pendant ce temps, nous, nous payons
toutes les nôtres, qui, bien sûr, nous obligent à appliquer des
tarifs en corrélation avec le coût réel. Mais non, c'est nous qui
sommes 'les vilains petits canards'. C'est plus facile d'envoyer une équipe
de l'inspection du travail dans tel ou tel établissement
en plein service, plutôt que de faire la chasse au paracommercialisme de grande
échelle, qui doit sûrement occasionner plus de manque à gagner
aux différents États, que quelques restaurateurs peu scrupuleux. Quand
ce n'est pas le personnel que vous prenez en extra qui vous dit au moment ou vous
lui demandez sa carte de Sécurité sociale : "Ah bon, parce que vous,
vous voulez me déclarer ? Si c'est comme ça, ça ne m'intéresse
pas et je préfère ne pas travailler…"
Il y a plusieurs années, on nous parlait
de la loi Radelet, qui devait obliger les personnes qui louaient une salle, à
déclarer en mairie la personne qui était chargée de faire le repas.
Beau projet qui est resté dans les cartons pour la simple et bonne raison que
le décret n'est jamais passé.
Alors, Mesdames et Messieurs les députés
européens, cessez de tergiverser, votre projet est louable et tout à
fait honorable, mais de grâce, si vous voulez faire le nettoyage, faites-le
chez tout le monde, sans oublier personne.
Philippe Lefèvre, président des restaurateurs de la CPIH
zzz74v
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L'Hôtellerie Restauration n° 3030 Hebdo 24 mai 2007 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE