du 7 juin 2007 |
L'ÉVÉNEMENT |
LÉGISLATIVES
THIERRY MARIANI, UN DÉPUTÉ ENGAGÉ AUPRÈS DE LA PROFESSION
Plongé dans la bataille des législatives, le député du Haut-Vaucluse, Thierry Mariani, retrouvera-t-il un siège dans l'hémicycle ? La profession, qui a trouvé en lui l'un de ses plus précieux activistes, l'espère ouvertement. Toujours proche du terrain, l'ancien maire de Valréas a réussi l'exploit de faire bouger la législation sur le fermetures administratives en 2003. Entre autres.
Sylvie Soubes
À l'occasion d'une rencontre à l'école hôtelière d'Avignon, André Daguin, reçu par Franck Gomez et le bureau de l'Umih 84, a rendu un hommage appuyé à Thierry Mariani(3e en partant de la droite), député du Haut-Vaucluse et président du groupe d'étude tourisme-hôtellerie-restauration de l'Assemblée nationale. Déclarant ne pas pratiquer la langue de bois, le président de l'Umih a apporté son soutien sans faille à Thierry Mariani, qui se représente à l'élection législative de dimanche prochain sous les couleurs de l'UMP. zzz74v |
Depuis vingt ans, alors que les difficultés d'exercer s'accentuent pour les CHR, très peu d'hommes politiques sont montés au créneau pour les défendre. Surtout dans la durée. On pourrait dire que les raisons de ce désintérêt échappent à la compréhension, mais ce serait jouer à l'autruche. La réalité, c'est la complexité du terrain. La profession se compose d'une multitude de personnalités et d'une palette de métiers difficiles à comprendre pour qui n'est pas dedans. Quand, en plus de cet aspect village gaulois, s'ajoute une chape administrative et de tutelle constituée de plusieurs ministères campés sur leurs certitudes, la bonne volonté a vite fait de s'éroder. Le dépoussiérage tant réclamé du Code des débits de boissons, aujourd'hui intégré au Code de la santé publique, a des faux airs de serpent de mer. À ceci près que les choses peuvent tout de même évoluer lorsqu'on s'en donne la peine.
Du tourisme à la restauration
Un nom émerge pourtant,
celui de Thierry Mariani, actuel député du Haut-Vaucluse. En 2003, celui-ci
a réussi l'exploit de faire adopter un amendement permettant de réduire
les mesures de fermeture administrative justifiée par des motifs de
police administrative de six mois à deux mois. La mesure a été
adoptée dans le cadre de la loi sur la sécurité intérieure.
"Ce n'est pas un petit amendement", avait alors commenté Nicolas Sarkozy,
ministre de l'Intérieur de l'époque, lors des débats. "Il revisite
en fait toute la législation sur la fermeture des débits de boissons et
des restaurants." Dont acte. C'est en 1992 que Thierry Mariani commence à
prendre le pouls du secteur. Nommé vice-président du conseil général
du Vaucluse, chargé du tourisme et de la culture, il devient, à ce titre,
président du comité régional du tourisme. Poste qu'il quittera en
2001. Pour lui, la région se résume à "un climat, des paysages,
un patrimoine et des professionnels". Ainsi, lorsque les comités départementaux
de tourisme sont constitués, il est un des tous premiers à ouvrir les
portes des commissions aux hôteliers et aux restaurateurs. "Ce sont des
acteurs du tourisme. Il est logique qu'ils participent aux travaux et que leur opinion
soit prise en compte", estime-t-il. Le feeling passe.
Jolies terrasses et buvettes
Thierry Mariani forge ses
convictions sur le terrain. Ce qui le conduit, par exemple, à ne pas appliquer
de droits de terrasse durant les seize années qu'il va passer à
la tête du conseil municipal de Valréas. "Vous savez, une terrasse,
dans le Sud, ça change complètement la physionomie d'une ville. Très
souvent, on dépense des sommes énormes pour créer des animations
alors qu'il suffit de quelques jolies terrasses pour animer un quartier ou un centre-ville."
Le maire de Valréas navigue aussi en eaux agitées. En mai 1996, les députés
adoptent un texte permettant aux buvettes des associations sportives amateurs
de continuer à vendre de l'alcool. Les représentants des cafetiers s'élèvent
contre du " paracommercialisme organisé". En tant que "maire d'une
petite commune", Thierry Mariani se prononce en faveur de cet amendement tout
en proposant de limiter cette autorisation à 20 manifestations annuelles.
Un compromis nécessaire. "Il ne s'agit pas de faire du corporatisme mais
de comprendre les besoins des uns et des autres", lâche-t-il. Dans son
fief, personne ne le conteste. Il n'a jamais hésité à s'opposer
aux positions de la gendarmerie lorsqu'elles lui paraissent injustes ou excessives
à l'égard des bistrotiers de sa commune. Il a notamment obtenu que les
cafetiers de Valréas puissent terminer le ménage après l'heure légale
de fermeture… Qui dit mieux ?
TVA : Mariani tente le coup
de force
À l'échelon
national, Thierry Mariani montre une même ardeur. Un an après avoir réussi
à faire modifier la législation des débits de boissons, à
la demande des syndicats patronaux, il tente de faire adopter
le principe d'un permis d'exploitation. "Lorsque les établissements
ont des problèmes et subissent des fermetures administratives, à chaque
fois, ou presque, l'exploitant est perdu. Il ne comprend pas pourquoi il en arrive
là. Dans mon esprit, c'est une vraie formation qui aboutirait à une
évaluation réelle des connaissances", commente-t-il dans nos colonnes
au printemps 2004. Convaincu que les professionnels n'ont pas la place qu'ils méritent
auprès de la machine politique, il crée à l'Assemblée nationale
le premier groupe d'étude sur les métiers de la restauration, de l'hôtellerie
et des loisirs. Très vite, plus d'une centaine de députés s'inscrivent.
Toutes tendances confondues. Décembre 2005, le député UMP du Haut-Vaucluse
tente un coup de force en proposant un amendement qui prévoit d'inscrire la
baisse de la TVA en restauration dans le projet de loi de Finances pour 2006.
C'est sa deuxième action de ce genre en moins de deux mois. La précédente
avait été écartée à une courte majorité de 4 voix
sur les 42 députés en séances. Cette fois, l'amendement déposé
est cosigné par 202 députés. Pour le contrer, Jean-François
Copé alors ministre du Budget utilise le principe rarissime du 'vote bloqué'.
Version officielle du gouvernement : si l'amendement était passé, il pouvait
contrarier les négociations en cours. On connaît la suite… L'an
dernier, indécrottable, il fait adopter le principe du permis d'exploitation
dans l'article 23 de la loi relative à l'égalité des chances. Selon
lui, il était "important d'accompagner les organisations représentatives
du secteur dans leur démarche de valorisation des compétences professionnelles".
Applaudissements et satisfaction dans les rangs syndicaux.
"Le troisième député
le plus actif de France"
Thierry Mariani fait partie
de la garde rapprochée de Nicolas Sarkozy. Vingt-huit ans d'amitié et
d'idées partagées. Le président du groupe de l'hôtellerie,
de la restauration et des loisirs participe à l'obtention des aides Sarkozy
et à l'aboutissement du plan de modernisation des CHR. Thierry Mariani est
un acharné. Il a d'ailleurs été classé "troisième député
le plus actif de France" par le magazine Réponse à tout avec
114 interventions à la tribune de l'hémicycle, 59 rapports déposés,
3 428 questions écrites publiées au Journal officiel, 858 amendements
personnels adoptés, 13 questions d'actualité posées au gouvernement
sur des dossiers nationaux, 28 questions orales sur des sujets locaux, 15 propositions
de loi personnellement déposées, 476 propositions de lois cosignées…
Thierry Mariani brigue aujourd'hui un quatrième mandat à l'Assemblée
nationale. En principauté d'Orange, face à lui, principalement : un
socialiste et un villiériste. Une certitude, ces deux adversaires n'ont jamais
eu de penchant affiché pour les gens qui oeuvrent derrière les fourneaux
ou dans l'accueil hôtelier. Encore moins au coin du zinc.
zzz74v
À retenir
Ses
champs d'actions à l'Assemblée nationale : Dans son département : Sa vision des CHR : Quelques dates : |
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L'Hôtellerie Restauration n° 3032 Hebdo 7 juin 2007 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE