du 14 juin 2007 |
L'ÉVÉNEMENT |
FORT D'UNE PRÉVISION DE 11,5 MILLIONS DE VOYAGEURS D'ICI À 2010
LE TGV EST : UN TRAIN NOMMÉ 'DÉSIR' POUR LES HÔTELIERS ET LES RESTAURATEURS
Attendu depuis près d'un quart de siècle, le TGV Est file à 320 km/heure - 20 km/heure au-dessus de la vitesse des TGV actuels - depuis dimanche 10 juin. Une ligne à grande vitesse qui révolutionne le paysage touristique français et européen reliant notamment Paris à Strasbourg, en 2 h 20. Outre la capitale politique européenne, les cités champenoises, ardennaises et lorraines se rapprochent également à vitesse grand V de la Ville lumière. Une opportunité à laquelle les professionnels de l'industrie hôtelière et du tourisme veulent croire. Certains ont d'ailleurs pris le 'train en marche' investissant dans leur établissement tandis que les comités régionaux du tourisme (CRT) communiquaient massivement pour rendre l'Est plus attractif.
Dossier réalisé par Claire Cosson et Flora-Lyse Mbella
Signe du
succès de la ligne à très grande vitesse, 680 000 billets ont été vendus avant
même le départ des premiers trains.
Jacques Dreyfus, président du Comité régional de tourisme d'Alsace. |
ALSACE
Le
maire UMP de Strasbourg, Fabienne Keller, préside l'association TGV Est européen.
Ça tombe bien ! D'autant que le thème européen se situe au
coeur
même de 'l'affaire TGV Est' du côté alsacien. Une fois par mois
en effet, les hôteliers strasbourgeois affichent complet pour cause de session
parlementaire européenne. Après des rumeurs multiples de déménagement,
le Parlement a racheté ses locaux à la ville l'année dernière.
Un gage de pérennité pour l'avenir de la capitale politique européenne.
Les hôteliers-restaurateurs strasbourgeois espèrent évidemment que
la clientèle se pressera aussi en dehors de ces dates stratégiques.
Dans cet objectif, la ville a d'ailleurs
déployé des moyens conséquents. Et pour 'vendre' la destination,
quoi de mieux que des guides touristiques ? Grâce à un partenariat
conclu avec Hachette, un Guide du Routard Strasbourg est sorti le 15 mai
à 40 000 exemplaires. Pour les clients plus haut de gamme, un autre ouvrage,
luxueux, a été édité : Un grand week-end à Strasbourg.
Les meilleures adresses de la ville et des environs y sont consignées, en matière
d'hôtellerie, de restauration, mais aussi de shopping, de salles de spectacle,
etc.
Les Éditions Hachette ont par
ailleurs publié un guide du parcours entier du TGV Est, de l'Île-de-France
à l'Alsace, qui porte le logo de la SNCF et de la nouvelle ligne. Vendu
en France, ce support l'est aussi dans les
pays francophones tels que la Belgique, la Suisse, le Canada…
De son côté, l'office de tourisme de
Strasbourg a conçu 4 formules clés en main, en partenariat avec
des hôteliers-restaurateurs de la ville. Il s'agit d'un package composé
de 3 jours et 2 nuits - valable jusqu'au 31 décembre - axé autour de 4
thèmes : 'Culture et gastronomie' (avec un repas en winstub et un spectacle),
'Famille et juniors', 'Vélo et découverte' et 'Golf et nature' (avec 2
green-fees et la location d'une voiture).
Plus généralement, l'action
de communication de la région Alsace a débuté au cours de l'hiver
dernier. Le Comité régional de tourisme (CRT) bénéficie de 1
ME annuel pendant trois ans pour alimenter cette promotion autour de la région.
Dans le détail, des affiches ont été placardées dans le métro
parisien début janvier avec le slogan suivant : "Alsacez-vous". Du 31
mai au 3 juin, un village alsacien a été recréé, place du Palais
Royal, à Paris. Histoire d'inciter les Parisiens à délaisser
la Normandie au profit de l'Est lors de leurs week-ends.
Le CRT a également lancé
un système de packs tourisme dans chacune des 4 villes desservies par
le TGV Est (Saverne, Strasbourg, Colmar, Mulhouse). Deux guides ont, en outre, vu
le jour à cette occasion : L'Alsace à Paris, qui explore les
petits coins d'Alsace de la capitale, et le Pudlo Alsace. Enfin, les membres
du CRT ont joué les VRP de l'Alsace dans tous les salons de tourisme du monde.
La Marne utilise une stratégie de communication innovante basée sur le principe de la 'marnothérapie'. |
LORRAINE, CHAMPAGNE-ARDENNE
Le CRT Lorraine a, de son côté,
beaucoup démarché l'ensemble du marché français et beaucoup
l'Allemagne, au contraire des voisins alsaciens surtout attachés à attirer
les touristes parisiens. Le Guide du Routard
Lorraine est ainsi sorti le 10 avril dernier (40 000 exemplaires). Une réimpression
a déjà dû être effectuée. La brochure Échappées
belles en Lorraine a été adaptée avec davantage de formules d'hébergement
et surtout une diffusion en nette augmentation pour atteindre au total 162 000 exemplaires
en 3 langues.
N'oublions pas la distribution d'informations
dans les trains à destination de Stuttgart, Francfort et Munich. Des
stands ont également été présentés dans ces mêmes
gares afin de promouvoir les destinations lorraines : Bar-le-Duc, Meuse TGV, Thionville,
Metz, Nancy, Forbach, Sarrebourg, Lorraine TGV, Lunéville, Épinal, Remiremont
et Saint-Dié-des-Vosges. De leur côté, les offices de tourisme des
2 capitales lorraines (Nancy et Metz) se sont associés à leurs homologues
de Lille, Nantes, Reims, Rennes. Les villes de Bordeaux, Angers, Rouen, Caen, Le
Havre, Poitiers et Bordeaux ont également été démarchées.
Pour la Champagne-Ardenne et le département
de la Marne en particulier, l'arrivée du TGV Est constitue bien entendu un
enjeu économique de taille. Tout comme pour la Meuse et la Moselle où
la capitale mosellane (Metz) accueillera en 2009 le Centre Pompidou-Metz. À
tout juste
45 minutes de Paris
et 30 minutes de l'aéroport de Roissy, Reims espère que le champagne va
couler à flots au cours des prochaines semaines. Pour ce faire, le CRT a
concocté une stratégie de communication innovante basée en grande
partie sur le principe de la 'marnothérapie'. Un concept reposant sur la fédération
de plusieurs acteurs économiques (hôteliers, restaurateurs, viticulteurs,
centres de remise en forme, monuments…) qui offrent aux touristes certains
avantages fort sympathiques tels que coupes de champagne gratuites, petits-déjeuners
offerts, remises diverses, visites de villages accompagnées… "Pour
profiter de ces petits plus pratiqués par les 'marnothérapeutes', il suffit
de se procurer une carte (gratuite) disponible sur simple demande au CDT de la Marne",
explique Armel Péron, relation presse du CRT en question.
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Coup de pouce au tourisme
de courts séjours
S'agissant des hôteliers-restaurateurs
proprement dits, chacun attend avec impatience les effets du TGV Est. Et beaucoup
sont plutôt enclins "à en tirer profit" à en croire Marc
Wucher, patron de l'hôtel-restaurant Le Parc, 4 étoiles à Obernai
(67). En fait, en Alsace comme en Lorraine, les professionnels de l'hôtellerie
croient à la vertu des courts séjours et autres formules week-end. À
ce propos, plusieurs établissements renommés ont profité de l'occasion
pour se remettre au goût du jour. À commencer par l'hôtel-restaurant
Le Parc, qui a achevé de lourds travaux l'année dernière sur sa partie
hôtelière (lire page 9). Un spa (offrant 5 sortes de massages) a notamment
été construit auquel s'ajoute une piscine intérieure et extérieure.
Parallèlement, le Sofitel
de Strasbourg a procédé à une refonte totale de son restaurant
et propose désormais un
bar.
"Il fallait terminer les travaux avant l'arrivée du TGV", estime Jean-Michel
Lathuillière. C'est chose faite : le Goh (restaurant) et le Link (bar) sont
opérationnels. Un certain nombre de chambres a également été
rénové. La réfection totale de la bâtisse est programmée
d'ici à un an. Initiative intéressante : le Sofitel Strasbourg dispose
aujourd'hui d'un service de voituriers, idéal dans une ville où le stationnement
est une véritable gageure, en journée comme en soirée. À noter,
par ailleurs, la prochaine ouverture d'une adresse hôtelière haut de
gamme à Strasbourg, ainsi que le projet d'une résidence hôtelière
4 étoiles (groupe Nexity, filiale de Lagrange) dans le quartier de la gare,
à l'horizon de la fin 2009.
Tourisme de guerre
En Lorraine, l'initiative
vient de la Moselle avec la création du 'K', hôtel contigu au restaurant
l'Arnsbourg (3 étoiles Michelin depuis 2002), à Baerenthal, dirigé
par Jean-Georges Klein (chef) et sa soeur Cathy (salle). Niché au coeur de la
forêt vosgienne, l'hôtel a été imaginé par Nicole Klein,
épouse du chef, qui dirige ce petit ensemble de 12 chambres. "De nombreux
clients réclamaient de pouvoir dormir sur place, et dans des conditions analogues
à la qualité du restaurant. Dont acte. Mais cette ambition était
déjà d'actualité à l'époque de mes parents", confie
Jean-Georges Klein. "Il est certain que nous profiterons de l'arrivée du
TGV, ajoute Nicole Klein. Reste que depuis l'ouverture, nous affichons complet
presque chaque nuit. Ce sera un plus, certes, mais ce n'est pas cette arrivée
qui nous a décidés."
Dans les départements de Moselle
et de la Meuse, les hôteliers misent sur le tourisme de guerre. "Notre
hôtel est situé à proximité de la ligne Maginot, le TGV Est
représente donc un atout considérable pour faire venir les étrangers
chez nous, notamment les touristes Américains. Le tourisme de guerre fonctionne
en Normandie, il n'y a pas de raison que cela ne marche pas dans l'Est", explique
Anne-Marie Speck, propriétaire de l'hôtel L'Horizon à Thionville.
Quant aux professionnels de Reims -
où un nouveau quartier a d'ores et déjà émergé autour
de la gare répondant à l'arrivée d'entreprises comme ING Direct,
Taxis G7… -, ils voient eux aussi le TGV Est d'un bon oeil. "Il y aura indiscutablement
des répercussions sur l'hôtellerie et la restauration. D'autant que Reims
se transforme en une quasi-banlieue de Paris. Nous sommes optimistes pour l'avenir",
souligne Marc Paradis, président du club hôtelier (34 membres).
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L'Hôtellerie Restauration n° 3033 Hebdo 14 juin 2007 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE