du 11 janvier 2007 |
CONJONCTURE |
ÉTUDE EXCLUSIVE L'HÔTELLERIE RESTAURATION/CHD EXPERT Combien gagnent annuellement les entrepreneurs individuels et patrons de société officiant dans le secteur de l'hôtellerie-restauration ? Trouvez toutes les réponses à vos interrogations dans notre enquête exclusive. Les montants n'ont rien à voir avec ceux qu'encaisse un big boss du CAC.
Claire Cosson avec CHD Expert
Les vrais revenus des hôteliers, cafetiers et restaurateurs
Souvenez-vous
! Voilà quelques mois encore, Daniel Bernard, l'ex-patron de Carrefour, Antoine
Zacharias, l'ancien p.-d.g. de Vinci ou bien encore Noël Forgeard chez EADS,
faisaient la une des journaux. Le grand public avait découvert leurs revenus
mirobolants, auxquels s'ajoutaient des indemnités de départ et de 'retraite
chapeau' faramineuses. Des phénomènes qui paraissent - au regard des chiffres
que nous publions - bien éloignés des professionnels de l'hôtellerie,
de la restauration et des patrons de débits de boissons.
De fait, les problématiques salariales d'un
dirigeant d'entreprise cotée au CAC 40 n'ont rien de commun avec celles d'un
exploitant de PME ou d'un simple gérant
de
société. Notre enquête - menée durant l'été 2006
à la fois auprès des entreprises individuelles et des exploitations
établies en société (SA, SAS, SNC, SARL) - le prouve d'emblée.
Jugez vous-même ! D'après notre étude, les entrepreneurs individuels
ont perçu un revenu annuel moyen - correspondant au résultat courant
comptable - de 29 287 E en 2004. Revenu qui s'inscrit en baisse de 5 % par rapport
à 2002 (30 728 E).
Concrètement, les rémunérations
sont très hétérogènes suivant l'activité principale des
établissements. Ainsi, ce sont les patrons de café-tabac-jeux-journaux
qui tirent le mieux leur épingle du jeu : 43 175 E en moyenne. Viennent ensuite
les hôteliers (sans restaurant) avec en moyenne à l'année 35 946
E tandis que les exploitants d'hôtel, offrant une prestation restauration,
ne franchissent pas la barre des 30 000 E : 28 793 E.
Variabilité sensible
des revenus selon l'activité principale
Parmi les mieux lotis figurent
également les propriétaires de brasserie (29 694 E) et les patrons de
pizzeria (28 955 E). À l'opposé, il ne fait pas bon exploiter un café
pur (sans autre activité).
Les patrons de ce type d'établissements arrivent en effet en queue de peloton
avec un revenu moyen annuel de 22 069 E. En réalité, c'est bel et bien
l'activité hôtelière qui permet globalement de s'octroyer des rémunérations
plus conséquentes (30 315 E) comparée à la restauration (27 325
E). Reste que si l'on veut véritablement mettre du beurre dans les épinards,
mieux vaut encore tenir un débit de boissons (café, café-tabac-jeux-journaux)
dont le revenu moyen atteignait 32 694 E en 2004.
Autre élément riche d'enseignement :
le rapport entre les rémunérations et le chiffre d'affaires annuel des
entreprises individuelles varie sensiblement en fonction de l'activité principale.
Les patrons d'hôtels-restaurants qui génèrent ainsi les recettes
moyennes les plus importantes (230 000 E en 2004) se rémunèrent moins
que la moyenne des patrons du secteur. Il n'en demeure pas moins vrai, d'une manière
générale, que les rémunérations des patrons d'entreprise individuelle
sont - toutes catégories confondues - extrêmement corrélées
au chiffre d'affaires dégagé par les exploitations en question. Les entreprises qui affichent en 2004 un chiffre d'affaires
(HT) inférieur à 73 500 E ne parviennent ainsi à dégager
qu'un résultat courant guère plus élevé que 13 000 E. À
l'inverse, celles dont les recettes grimpent au-delà de 300 000 E réalisent
un résultat courant de 59 052 E. Autrement dit, 4,5 fois plus.
Notre enquête met aussi en exergue la corrélation
entre chiffre d'affaires, revenus des patrons et nombre d'employés. Logiquement,
les exploitations individuelles déclarant des recettes HT les plus faibles
(moins de 73 500 E) emploient ainsi 1,2 collaborateur en moyenne contre 2,3 pour
les unités réalisant entre 118 700 et 186 000 E de chiffre d'affaires.
Au-delà de 300 000 E de recettes, l'effectif moyen monte à plus de
7 employés (7,4).
Les travailleurs non salariés
avantagés
Le second volet de notre
étude dresse un tableau des revenus perçus par les exploitants du secteur
établis en société (SA, SARL, SAS et SNC). Pour être encore
plus précis, nous avons distingué les revenus salariés et non salariés.
Au passage, on notera que 29 % des gérants d'entreprise en société
bénéficient d'un statut de salarié. Entrons dans le détail des
chiffres.
Les exploitants salariés
ont empoché un revenu annuel moyen de 23 707 E en 2005, en progression de 6
% par rapport à l'exercice précédent (22 382 E). Toutefois, la
moitié des patrons salariés gagnent moins de 19 646 E à l'année.
À l'inverse, les dirigeants non salariés perçoivent une rémunération
annuelle moyenne de 27 014 E en 2005 (+ 9 % par rapport à 2004). Plus
de 50 % d'entre eux ne dépassant pas 20
850 E. À l'évidence donc, mieux vaut adopter le statut de travailleur
non salarié pour améliorer son ordinaire. En effet, les exploitants de
société salariés gagnent 9 % de moins que la moyenne nationale, tandis
que les exploitants non salariés encaissent 4 % de plus que la moyenne des
rémunérations en 2005.
En attendant, les patrons de la profession établis
en société (salariés ou non) ont vu leur revenu moyen croître
de 7 % entre 2004 et 2005 passant de 24 307 à 25 998 E. Comme pour les revenus
des patrons d'entreprise individuelle, il existe d'importantes disparités selon
la nature de l'activité principale des établissements. Alors que les propriétaires
de débits de boissons s'avéraient être les mieux rétribués
dans le cadre des entreprises individuelles, ce sont les moins
bien
servis en société : 19 691 E, soit 24 % en dessous de la moyenne. Dans
la restauration, la donne est plus flatteuse puisqu'un patron de restaurant en société
gagne en moyenne 24 719 E (5 % de plus que la moyenne).
Les exploitants d'hôtel
en société gagnent 25 % de plus que la moyenne des patrons de société
Les grands gagnants demeurent
cependant les exploitants d'hôtel dont le revenu moyen annuel s'est établi
à 32 611 E en 2005, soit 25 % de plus que la moyenne des rémunérations
en société. Mieux encore. Ce segment a connu la plus forte hausse de revenus
entre 2004 et 2005 (+ 10 %), suivi de la restauration (+ 8 %). Dans le détail,
les patrons de cafés purs ont eux, en revanche, de quoi avoir le moral 'dans
les chaussettes'. En effet, ces derniers ont vu leur rémunération fléchir
de 11 % au cours de la même période. À noter en outre que dans
le cadre d'exploitations établies en société, les inégalités
entre revenus sont une nouvelle fois assez nombreuses en fonction du chiffre d'affaires
dégagé. Prenons ainsi le cas d'une entreprise du secteur générant
plus de 300 000 E HT de recettes. La rémunération moyenne du patron s'élève
à 35 838 E (38 % de mieux que la moyenne globale). Dans le cas inverse (c'est-à-dire
en dessous de 300 000 E de chiffre d'affaires), les rémunérations moyennes
des chefs d'entreprise en société chutent à 20 695 E en 2005 (soit
20 % de moins que la moyenne). À souligner que ces différences tendent
à s'accroître entre 2004 et 2005.
n
La
méthodologie de l'enquête
Les
chiffres de ce dossier - dans L'Hôtellerie
Restauration n° 3007 14
décembre 2006 - ont été collectés par CHD Expert au cours de
l'été 2006, aux meilleures sources, différentes selon les cas étudiés
: |
REVENUS DES EXPLOITANTS EN
SOCIÉTÉ EN 2004 ET 2005 SELON L'IMPLANTATION GÉOGRAPHIQUE
Il fait bon travailler en province |
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L'Hôtellerie Restauration n° 3011 Magazine 11 janvier 2007 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE