du 7 juin 2007 |
DÉVELOPPEMENT DURABLE |
Au-delà de l'effet de mode, les pompes à chaleur apportent de vraies réponses, à la fois économiques et environnementales, à la question du chauffage. De plus, elles sont capables, aussi, d'assurer le confort d'été.
Par Emmanuelle Jeanson-Haentjens
Énergie, l'avenir appartient aux pompes à chaleur
Les
professionnels ne le savent pas toujours, mais beaucoup de leurs hôtels et
de leurs restaurants sont déjà équipés de pompes à
chaleur, appelées 'Pac'. La plupart des systèmes de climatisation, quand
ils sont 'réversibles', sont aussi des Pac capables de chauffer les locaux.
D'abord installées dans les établissements haut de gamme, les Pac se démocratisent
depuis trois ou quatre ans. Tous secteurs confondus, en 2006, 53 500 Pac se sont
vendues en France, 2e marché européen derrière la Suède.
Les ventes de climatiseurs multisplits ont également doublé l'an dernier,
essentiellement tirées par leur usage en mode pompe à chaleur dans l'habitat.
Ce développement est loin de se résumer
à un effet de mode. Le cycle thermodynamique, sur lequel repose le fonctionnement
des Pac, est très efficace en terme d'énergie : avec 1 kW consommé
par les éléments électriques qui constituent la Pac (compresseur
et ventilateurs), on obtient 3 ou 4 kW de chaleur ou de fraîcheur. Malgré
les pertes en ligne de l'électricité, l'impact des Pac sur l'effet de
serre reste bien inférieur à celui de la plupart des systèmes de
chauffage. Elles ont donc leur rôle à jouer pour limiter le changement
climatique. Ce rôle sera d'ailleurs officialisé dans la prochaine réglementation
thermique 2010, qui prévoit de
ne
pas autoriser les systèmes de chauffage qui n'auraient pas au moins l'efficacité
d'une Pac.
Aérothermie ou géothermie ?
Difficile de s'y retrouver
parmi les différents types de Pac car elles sont nombreuses et variées.
Ces machines se distinguent en fonction du milieu dans lequel elles puisent la chaleur
(air, eau, sol) et du vecteur qu'elles utilisent pour la restituer (air, eau ou
fluide frigorigène). On parle d'aérothermie quand la Pac puise l'énergie
dans l'air, et de géothermie quand elle la puise dans le sol par l'intermédiaire
de capteurs enterrés, horizontaux ou verticaux. Nappe phréatique, étang,
lac, rivière, l'eau est aussi une source de calories possible. Il existe donc
des Pac air/air, air/eau, eau/air (assez rares), eau/eau, sol/eau, sol/sol…
La puissance et le rendement des Pac dépendent des conditions de température
des milieux dans lesquels elles puisent, contrairement à une chaudière
dont la puissance est fixe. Ces conditions, relativement stables en géothermie,
sont plus fluctuantes en aérothermie. Schématiquement, l'aérothermie
sera adaptée à une région dans laquelle le froid n'est pas trop
intense en hiver et ne dure pas trop longtemps. À l'inverse, la géothermie
sera plutôt adaptée dans les zones où l'hiver est plus rigoureux.
Toutes les technologies donnent
de bons résultats
pour peu qu'elles soient adaptées au climat de la région, aux propriétés
du bâtiment (un bilan thermique précis doit être établi),
à la capacité d'investissement, etc. Pour réussir son installation,
il faut d'abord s'assurer de la compétence de l'installateur. La progression
exceptionnelle de ce marché attire de nouveaux acteurs dont la compétence
et l'expérience ne sont pas toujours suffisantes, ou qui ne disposent pas de
l'outillage adapté.
QualiPac et NF Pac
L'Association française
pour les pompes à chaleur (Afpac), avec le soutien de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de
l'énergie (Ademe), vient de lancer la charte QualiPac, qui permettra de s'assurer
de la compétence et de l'engagement des installateurs. D'autres systèmes
de qualification existent déjà dans les professions : Qualiclima (essentiellement
des frigoristes), Qualibat (des chauffagistes et des climaticiens) et, dans une
moindre mesure, Qualifelec TH (les électriciens). Il faut alors vérifier
que les codes des qualifications correspondent à l'activité requise
pour les Pac.
Même phénomène du côté
des matériels. L'Afpac a également lancé la certification NF Pac,
qui vise à garantir les performances des machines.
Pratiquement toutes les variétés
de machines peuvent également fournir le confort d'été, à
l'image des plus répandues d'entre les Pac : les multisplits et systèmes
à débit réfrigérant variable (DRV). Cette technologie est
donc parfaitement adaptée aux hôtels et restaurants où la clientèle
réclame souvent, également, la climatisation en été.
Peu de contraintes même
en rénovation
Si l'installation d'une
Pac est plus simple dans le neuf, il existe toujours une solution pour le bâti
existant. Les travaux engendrés ne sont pas plus contraignants qu'une autre
installation de chauffage. La plupart du temps, il ne sera pas nécessaire de
fermer l'établissement puisque l'installation peut se réaliser par tranches.
Les systèmes air/air Inverter, les plus courants pour équiper les hôtels,
permettent d'adapter la puissance consommée et fournie aux besoins. Quelques
trous dans les murs pour passer la tuyauterie et le tour est joué. Les unités
extérieures, de moins en moins bruyantes, se camouflent sur les terrasses,
dans les cours ou dans un local technique. À l'intérieur, les émetteurs
se présentent comme des radiateurs, des gainables qui se cachent dans les faux
plafonds, ou sont intégrés au plancher. Même dans les lieux les
plus protégés, dans les bâtiments classés, il est possible
d'apporter le confort d'une Pac aux clients d'un hôtel ou d'un restaurant.
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UN ÉTABLISSEMENT 100 %
THERMODYNAMIQUE
Lorsque
Serge Capucetti monte son projet d'hôtel-restaurant, il cherche une source
d'énergie économique et indépendante des prix des marchés internationaux
pour chauffer ses locaux. "Dans ce lieu assez retiré, près de Saint-Jean-de-Maurienne,
rien ne garantissait un remplissage des 13 chambres de l'hôtel toute l'année.
Il fallait donc trouver un moyen de réduire les frais de fonctionnement. L'électricité
impliquait un abonnement élevé, quelle que soit la consommation. Avec
le fioul, pas moyen de savoir à long terme comment évolueraient les
tarifs… La géothermie s'est avérée la solution la plus économe
en termes de coûts d'exploitation. C'est une source d'énergie renouvelable
et 'propre' qui me convenait parfaitement. Je souhaitais un chauffage par le sol,
invisible et confortable. Or, le plancher chauffant-rafraîchissant est le
système d'émission privilégié de la géothermie !" Hôtel-Restaurant Lancheton |
Complément d'article 3032mp90
Avec une consommation d’un kilowatt électrique, le cycle thermodynamique est capable de fournir 3, 4, voire 5 kW de chaleur, ce qui en fait le plus efficace des systèmes de chauffage.
Par Emmanuelle Jeanson-Haentjens
Pompes à chaleur : la magie de la thermodynamique
Le principe commun à toutes les pompes à
chaleur est celui de la thermodynamique. Un gaz particulier, appelé fluide
frigorigène, choisi pour ses capacités à capter l’énergie à une pression faible,
permet de transférer la chaleur d’un milieu à un autre. C’est ce principe qui
est utilisé dans tous les réfrigérateurs. La chaleur contenue à l’intérieur du
réfrigérateur est transférée à l’extérieur par l’intermédiaire du fluide
frigorigène qui circule dans un circuit fermé. Il y a un côté froid
(l’intérieur) et un côté chaud (la grille à l’extérieur). Les capacités du
fluide à capter l’énergie sont à chaque fois renouvelées par l’intermédiaire du
compresseur qui est le seul organe à consommer un peu d’énergie électrique. Le
circuit est fermé, étanche, et le cycle recommence indéfiniment.
Dans une pompe à chaleur, le principe est le même, mais le transfert de chaleur
est inverse. Il s’agit de prendre la chaleur contenue dans un milieu extérieur
(le plus souvent le sol, l’air ou l’eau) pour la transférer à l’intérieur d’un
bâtiment via différents émetteurs (soit directement dans l’air, soit à travers
de l’eau) : unités intérieures de climatisation réversibles, planchers
chauffants-rafraîchissants, radiateurs classiques, ventiloconvecteurs… Beaucoup
de systèmes sont réversibles, c’est-à-dire qu’ils peuvent transférer la chaleur
de l’intérieur des locaux vers l’extérieur. Ils chauffent un bâtiment en hiver
et le rafraîchissent en été. Une simple petite vanne 4 voies permet d’inverser
le fonctionnement.
On distingue principalement 2 grandes familles de machines, en fonction de la
source qu’elles utilisent : celles qui captent la chaleur contenue dans l’air (aérothermie)
et celles qui captent la chaleur stockée dans le sol (géothermie). Celles-ci
peuvent être en plusieurs parties, avec des unités intérieures reliées à des
unités extérieures, ou en une seule, dite ‘monobloc’.
L’aérothermie puise la chaleur dans l’air
Les systèmes aérothermiques, généralement moins chers, se présentent sous la
forme d’un unique appareil (monobloc) ou en plusieurs parties (les splits, avec
une unité extérieure et au moins une unité intérieure). Leur performance varie
en fonction de la température extérieure : plus celle-ci est faible, moins la
puissance restituée est grande, et moins le rendement est performant. Il faut
donc prévoir de surdimensionner la machine pour que, par les températures les
plus basses, elle restitue suffisamment de puissance pour chauffer les locaux.
Ces systèmes conviennent donc mal dans les régions où il fait très froid et sur
de longues périodes, et il peut être nécessaire de prévoir un système d’appoint.
Des progrès technologiques permettent d’améliorer régulièrement les performances
des matériels. Les machines ‘Inverter’ fonctionnent aujourd’hui couramment
jusqu’à des températures extérieures de - 15 °C, même si, à cette température,
le rendement n’est pas aussi bon…
La géothermie puise la chaleur dans le sol
Les systèmes géothermiques utilisent la chaleur emmagasinée dans le sol par le
rayonnement solaire, ou, pour les capteurs verticaux, l’activité du noyau
terrestre. Les machines sont en général en une seule partie (monobloc). Ces
systèmes, plus chers à l’investissement, nécessitent un captage enterré. Les
capteurs sont soit horizontaux, soit verticaux. Les puissances restituées sont
beaucoup plus stables car la température de la source (le sol) varie moins. Ils
conviennent donc dans toutes les régions, mais restent plus pertinents dans
celles où il fait plus froid, pendant longtemps.
La réalisation des capteurs enterrés nécessite des compétences spécifiques qu’il
convient de vérifier au préalable. En ce qui concerne les forages, encore plus
délicats, il existe une liste d’entreprises dont le Bureau de recherches
géologiques et minières (BRGM) a validé les compétences pour cette utilisation.
Différents émetteurs possibles
On distingue également les machines en fonction du milieu dans lequel elles
restituent l’énergie : l’air, l’eau, le sol. En ce qui concerne l’air, ce sont
généralement des systèmes de climatisation réversibles, en plusieurs parties
(multisplits ou DRV), avec des unités extérieures et des unités intérieures
(gainables, généralement cachées, muraux ou cassettes).
Les machines produisant de l’eau peuvent être en 2 parties ou en une seule
(monobloc). Les monoblocs auront de plus en plus tendance à se substituer aux
chaudières. Jusqu’à aujourd’hui, ils n’étaient pas capables de produire de l’eau
suffisamment chaude et étaient donc souvent installés ‘en relève de chaudière’ :
l’eau étant préchauffée par la pompe à chaleur et la chaudière assurant le
complément. Ce qui permettait déjà des économies d’énergie très intéressantes.
Une nouvelle génération de pompes à chaleur dites ‘à haute température’ apparaît
depuis quelques mois sur le marché, capables de produire de l’eau à 60 ou 65 °C,
et de se substituer à une chaudière traditionnelle, produisant parfois même
l’eau chaude sanitaire. Ces machines restituent la chaleur à travers des
radiateurs traditionnels ou des planchers chauffants, qui peuvent aussi être
rafraîchissants, ou encore des ventiloconvecteurs qui peuvent être aussi bien
alimentés en eau chaude qu’en eau froide.
Dans les capteurs géothermiques enterrés et les planchers
chauffants-rafraîchissants circule généralement de l’eau additionnée d’alcool
pour éviter le risque de gel (eau glycolée). Dans le cas particulier des
machines sol/sol, le fluide frigorigène circule directement dans les
canalisations du capteur enterré et dans les tubes du plancher.
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L'Hôtellerie Restauration n° 3032 Magazine 7 juin 2007 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE