du 10 janvier 2008 |
L'ÉVÉNEMENT |
Interdiction de fumer : vos réactions
Ginette Giry,
L'Auberge
de Montjoux, restaurant, bar-tabac et épicerie, Isserteaux (63) "Une catastrophe" "C'est une catastrophe. Les gens restent moins. Ils boivent un verre et s'en vont. Certains n'ont pas encore pris le pli, mais ils écrasent vite leur cigarette en disant 'oh mince ! j'avais oublié'. Les habitués sont du village, quasiment tous fumeurs. Je n'ai pas l'espoir d'attirer d'autres clients. Déjà, j'ai ressenti une baisse sensible. Je crains que les gens ne prennent l'habitude de se retrouver les uns chez les autres, de s'inviter à tour de rôle." P. B. |
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Florence Monsaurat, Le Berbize Café, bar pur à Issoire (63) "Les clients consomment moins" "Les clients passent moins de temps dans l'établissement, donc ils consomment moins. Maintenant pour l'apéritif, à 18 h45, ils sont déjà repartis. Avant ils restaient jusqu'à 20 heures sans problème." P. B. |
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Daniel Bouquet,
Le Relais de la Dore, bar-hôtel-PMU, Pont-de-Dore (63) "Cela m'arrange bien" "Pas de problème, les gens se sont bien adaptés. Et en fin de compte, cela m'arrange bien. Je ne suis pas fumeur." P. B. |
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Frédéric Vernège,
Le Deauville,
bar-PMU, Pont-du-Château (63) "Un mauvais moment à passer" "Je craignais le pire. Mais finalement, ce n'est pas catastrophique. Certes, les ouvriers sont moins nombreux le matin pour le café. Et les apéros durent moins longtemps. Mais l'air est plus respirable pour moi, donc pour les clients aussi. C'est un mauvais moment à passer, ensuite tout devrait revenir à une situation plus normale." P. B. |
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Max Duron,
Murphy's,
Clermont-Ferrand (63) "3 ou 4 clients sur 80" "Je n'ai pas eu un seul problème. À midi, sur 80 clients, seulement 3 ou 4 ont quitté leur table pour aller en griller une." P. B. |
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Cindy Gemo,
Le
Pilgrim, Pont-du-Château (63) "Lamentable" "C'est lamentable. Je suis contre cette interdiction. Cela enlève de la convivialité. C'est le défilé, les clients font des allers-retours incessants de la salle à la terrasse. Ils risquent de tomber malades s'il fait froid. Et surtout, ils ne restent que quinze minutes alors qu'avant, c'était trois quarts d'heure." P. B. |
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Jean-Claude Bon et Ludo Baratava,
bar-tabac-presse
jeux, Clermont-Ferrand (63) "Compenser les pertes" "Et voilà ! Déjà que ce n'est pas facile, qu'il faut en faire, des heures. Et maintenant, les clients ne boivent qu'une tournée alors qu'avant ils en prenaient deux ou trois. Parce qu'ils ne peuvent plus fumer tout en discutant et en avalant leur café ou leur demi, lance Jean-Claude Bon. Et d'ajouter, L'année va être très dure." Déjà diversifié en presse, tabac et jeux, plus quelques sandwiches ou croque-monsieur à midi, il envisage de renforcer le côté snack avec quelques plats du jour. Mais ses marges de manoeuvres sont étroites. La petite terrasse sur le trottoir offre peu de possibilités. "De toute façon, il faut bien essayer de compenser les pertes du bar et de la vente de tabac pour garder la valeur du fonds de commerce." P. B. |
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Frédérick Souleyras,
Le
Rat Pack, discothèque ambiance rock, Clermont-Ferrand (63) "Dommage collatéral" "Pour notre première soirée avec la nouvelle loi, ceux qui sont venus sont allés fumer dehors sans problème. J'espère que cela continuera. Mais il y a le revers de la médaille, le dommage collatéral. Nous sommes en centre-ville. Alors le risque de conflit de voisinage n'est pas à écarter pour cause de bruit. Il serait alors impossible de conjuguer les deux." P. B. |
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Pierre Alfonsi,
La
Belle Époque, Aix-en-Provence (13) "Les Français sont disciplinés !" "À part deux clients qui ont voulu fumer, il n'y a eu aucun problème. Les Français sont disciplinés ! Cela dit, j'ai la chance d'avoir une grande terrasse chauffée et aux normes. Du coup, les fumeurs consomment en terrasse et les autres sont à l'intérieur. Quant à la police, elle ne s'est pas montrée. Elle a mieux à faire ailleurs." D.F. -N. |
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Christian
Sarribeyioglou, Bar-Tabac des
3 Sautets, Aix-en-Provence (13) "C'est pour moi que l'interdiction du tabac est la plus gênante" "Pour le moment, il n'y a pas de changement. Les habitués sont toujours là et fument dehors, malgré le froid. Ils trouvent que le bar est plus agréable. Je pense que, pour le plat du jour du déjeuner, nous allons attirer une nouvelle clientèle qui ne venait pas jusque là. Finalement, c'est pour moi que l'interdiction du tabac est la plus gênante. Il m'est impossible de fumer mes deux paquets par jour au comptoir ! D'autant que l'après-midi, je suis seul et que je peux pas sortir pour en griller une !" D.F.-N. |
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Didier Palard,
chef
et patron du Cheverny, Limoges (87) "Diplomatie et pédagogie" "Nous avons eu quatre clients qui sont repartis, mais ce sont bien les seuls…" , déclare Didier Palard, dont l'établissement est depuis l'été dernier non-fumeurs à 100 %. Les accros vont griller leur cigarette sur le trottoir entre deux plats, mais ils sont peu nombreux, dans cet établissement à la vocation gastronomique affirmée. Côté contrôles, aucun fonctionnaire ne s'est à ce jour manifesté, que ce soit pour Le Cheverny (qui sert environ 50 couverts/jour) ou dans les autres salles de la capitale porcelainière. "Nous avons usé en amont de diplomatie et de pédagogie et nous avons donc passé la date fatidique du 1er janvier sans aucune incidence sur la fréquentation." J.-P. G. |
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Stephan Nougier,
dans
son restaurant éponyme, Saint-Étienne-de-Fursac "Les habitudes se prennent doucement" "En Creuse, en expliquant, on peut tout imposer et tout appliquer, à condition d'en avertir intelligemment les clients." Stephan Nougier ne relève pas de traumatisme particulier issu de la loi antitabac. Déjà expérimentée en 2007, sans aucun problème apparent, elle ne devrait pas rencontrer d'opposition cette année. Détenteur d'un Bib Michelin, servant 40 couverts par jour, Stephan bénéficie d'une vaste terrasse ouverte dès le printemps, sur laquelle les fumeurs pourront se rapatrier. "D'après mes confrères alentour, les habitudes se prennent doucement. Nous n'avons pas encore vu passer un seul contrôleur, et je n'ai pas entendu parler de client mécontent annulant son repas. Tables de Creuse, tables heureuses." J.-P. G. |
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Fréderic Barbier,
restaurant
Ciao Pasta, Dijon (21) "Aucune plainte" "Pour l'instant je n'ai pas eu de perte de clientèle ; mais il faudra du temps pour voir l'impact de la loi sur les habitudes des gens. Ils organiseront peut être plus de soirées chez eux avec service traiteur pour être vraiment à l'aise. Là, je vois bien une rotation plus accentuée des tables ; les gens se dépêchent de finir leur repas et prennent moins de cafés... Côté comportement, aucune plainte : les fumeurs sortent d'eux même dehors et je leur ai installé une table avec chaises et cendrier sur la terrasse." M. H. |
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Mireille Darin,
bar-restaurant
Le Relax, Avallon (89) "Le soir, c'est très difficile" "Déjà, travailler quinze heures par jour sans cigarette, ce n'est pas facile si on est fumeur. Mais se dire que l'on n'a pas le droit de fumer chez soi… Sinon, les clients respectent l'interdiction. Le midi, ils semblent contents de trouver un restaurant sans fumée ; je pense même que cela nous a apporté de nouveaux clients. Mais le soir, c'est très difficile, c'est une clientèle qui ne reste pas faute de cigarette et qui consomme donc moins sur place." M. H. |
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Évrard Muzard,
bar-tabac
Le Balto, Auxerre (89) "Même les fumeurs sont satisfaits" "L'interdiction n'a que quelques jours. Il est trop tôt pour dire si cela crée une baisse de chiffre. En tous cas, les gens sont respectueux de la loi. Ceux qui sont arrivés clope à la bouche ont accepté très gentiment de l'éteindre. Même les fumeurs sont satisfaits." M. H. |
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Aziz Drissi, bar-brasserie Le Scorpion,
Dijon (21) "Personne ne s'est plaint" "Depuis le 1er janvier, j'avoue que ça se passe plutôt bien. 85 % de ma clientèle sont des habitués et des fumeurs. Quand je leur ai demandé de sortir pour fumer au lendemain de la directive, ils ont compris que j'étais là pour faire respecter la loi. Même si je n'ai pas encore eu de contrôle. Personne ne s'est plaint, et je suis loin d'avoir une défection de clientèle ! Ils avouent même préférer maintenant les odeurs de café ou de digestifs à celle de la cigarette. Tout le monde va s'y faire avec le temps." M. H. |
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Rafa Akrout,
restaurant Le Grill au Thym,
Bordeaux (33) "Tout se passe très bien" "Entre les plats, en fin de repas, les clients fument dehors et ça ne semble pas leur poser de problème", Rafa Akrout, le patron du Grill au Thym, un restaurant sans terrasse de 60 couverts dans le Vieux Bordeaux est formel. "Tout se passe très bien. Déjà avant l'interdiction, les fumeurs, environ 75% de notre clientèle, faisaient attention de ne pas gêner." Ce spécialiste de la cuisine traditionnelle l'avoue pourtant. "On ne s'était pas du tout préparés à l'échéance. Jusqu'au dernier moment, on espérait une dérogation." B. D. |
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Robert Delahaye,
gérant
du bar-tabac Le Phare, Dunkerque (59) "On voit déjà la différence de chiffre d'affaires" "De toute manière, c'est une mauvaise semaine, mais on voit déjà les effets. Les gens n'étaient pas contents. Il a fallu parler, confirmer l'interdiction. Je n'avais pris aucune disposition spéciale, sinon enlever les cendriers. Pas mal de gens sont allés fumer dans les toilettes. Une grosse majorité a préféré l'extérieur. J'ai eu l'impression qu'ils fumaient trois fois plus pour montrer leur mécontentement. On voit déjà la différence de chiffre d'affaires. Avant, le matin, les clients prenaient un café, le journal et un autre café en lisant. Maintenant, c'est un seul café, et ils partent le journal sous le bras…" A. S. |
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Laurent Codron,
bar-tabac-PMU-loto,
Saint-Valéry-sur-Somme (80) "Les commerçants dramatisent trop vite" "Même les gros fumeurs continuent de venir, et ne fument pas. Je n'ai guère eu que deux clients à s'être trompés, mais par inadvertance : l'un a allumé sa cigarette, et l'a aussitôt éteinte, l'autre est entré avec, et est immédiatement ressorti la jeter. La nouvelle règle a tout de suite été admise, et il n'y a eu aucun contrôle. Les commerçants dramatisent trop vite, il faut du temps pour juger." J. G. |
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Annick Paris,
restaurant
L'Étoile du Jour, Abbeville (80) "Je n'ai eu aucune remarque" "Dès le réveillon, le restaurant est devenu non-fumeurs. Les clients allaient fumer dans la petite terrasse semi- couverte où j'ai fait poser plein de cendriers. Je n'ai eu aucune remarque, et s'il y a un peu de baisse de clientèle, ce que je n'ai pas relevé, elle ne durera pas, parce que la règle est la même pour tous. Même les clients fumeurs l'ont admise : peut-être traînent-ils un peu moins en prenant leur café !" J. G. |
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Henri Della Catta,
patron
du bar Saint-Jacques, Metz (57) "Les gens ont accepté l'idée" "La transition s'est très bien passée. Les premiers jours, nous avons eu deux, trois clients qui ont allumé une cigarette à l'intérieur. Nous leur avons gentiment demandé d'aller dehors et ils n'ont pas rechigné. Notre établissement a la chance de disposer d'une petite terrasse chauffée, donc les clients fumeurs sont moins rebutés à l'idée de sortir. D'une manière générale, nous n'avons eu aucune remarque désobligeante, pas de contrôle non plus. Je crois que les gens ont accepté l'idée. Maintenant, il ne faut pas négliger les fumeurs, et l'idéal serait d'agrandir ma petite terrasse pour eux. Il faudra négocier avec la municipalité pour cela." JBP |
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Gérard Garcia,
patron
du café Le Cinéma, Pézenas (34) "Tous logés à la même enseigne" La nouvelle ère sans tabac ne pose aucun problème à Gérard Garcia qui voit même plutôt d'un bon oeil cette législation : "Au moins, nous sommes tous logés à la même enseigne à présent." De fait, l'application de la loi n'a fait aucune vague dans cet établissement : "Pourquoi enregistrerions nous une baisse de la clientèle, puisque de toute façon, les fumeurs ne peuvent pas aller ailleurs ? Et puis ceux qui veulent fumer sortent en terrasse, tout simplement." F. M. |
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Matthieu Beynel et Jean-Dominique Deyts,
Le Torito, Bordeaux (33) La clientèle ravie… de la cabine-fumoir !
Un personnel de 12
personnes, à 100 % fumeur, une capacité de 300 places, trois bars, un
restaurant pour une clientèle composée
à 75 % de fumeurs… On pouvait s'attendre au pire.
Rien de tel : au Torito à Bordeaux, on a pris le taureau par les cornes !
"L'idée de voir déferler 200 personnes sur le trottoir
pour fumer était impensable. On a d'abord songé au voisinage et dès
le 2 janvier, la cabine fumoir de 12 m2, installée au rez-de-chaussée,
était opérationnelle. Le soir même, je comptais 400 mégots
dans les cendriers", indique Jean-Dominique Deyts. Son associé, Matthieu
Beynel précise même que ce fumoir, le premier de la sorte à Bordeaux,
est un lieu de convivialité : "Les gens font connaissance, ça
discute sec. Ça plaît." Pas de frustration donc, pas plus de
contrôle, en ce début d'année les inspecteurs de la loi antitabac
semblent avoir fait relâche. |
Le restaurant de Joël Robuchon à
Monaco devient non-fumeurs
L'Hôtel
Métropole a devancé la future législation de la principauté
de Monaco sur l'interdiction de fumer en décidant de faire du restaurant Joël
Robuchon Monte-Carlo le premier restaurant gastronomique de la principauté
entièrement non-fumeurs. |
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L'Hôtellerie Restauration n° 3063 Hebdo 10 janvier 2008 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE