du 17 janvier 2008 |
ÉDITO |
Avec respect
L'Angleterre sera toujours une île. En termes moins géographiques,
nos voisins et amis britanniques ne feront jamais les choses comme nous, notamment
dans le domaine des relations sociales où la fibre humaniste a depuis longtemps
laissé la place à un souci quasi exclusif d'efficacité.
Et probablement avec un excès qui risque fort de pénaliser
à la fois les entreprises et les salariés de la profession outre-Manche.
Mais en quoi sommes-nous concernés ? Juste un petit rappel
des faits que relate notre excellent confrère Caterer : dans une interview
au journal dominical The Mail on Sunday, Bob Cotton, président de
la British Hospitality Association (l'équivalent de notre Umih), a déclaré
froidement que les salariés qui refusent de travailler 45 à 50 heures
par semaine sont des "crétins", traduction pour le qualificatif
très britannique "no brainer".
L'interviewé faisait en fait référence à
ces "brillants Polonais" qui ne se soucient pas de leurs horaires comme
leurs homologues anglais.
On s'en doute, les réactions, y compris dans le patronat
de la profession, furent plutôt vives pour condamner des propos que les plus
cyniques estimèrent maladroits et les plus équitables qualifièrent
d'outrageants, provoquant jusqu'à la colère de membres du Parlement
qui promettent de se pencher avec attention sur les conditions de travail dans la
profession.
L'incident est d'autant plus dommageable qu'il ne correspond
pas vraiment à la réalité vécue par les nombreux étrangers,
y compris des Français, qui travaillent dans les hôtels et les restaurants
du Royaume-Uni. Mais il illustre une constante qu'il ne faut jamais oublier
dans les relations sociales, le respect d'autrui, et surtout de celles et ceux avec
qui l'on travaille, qui ont besoin à la fois de conditions de rémunération
jugées satisfaisantes, de perspectives de carrière et de considération,
une denrée qui ne doit pas se raréfier au fil du temps.
À l'heure où la profession de l'hôtellerie-restauration,
dans l'Hexagone comme en Grande-Bretagne et ailleurs, souffre d'une pénurie
quasi-permanente de main-d'oeuvre, il serait dangereux d'ignorer les aspirations
les plus élémentaires des jeunes qui ont choisi un métier certes
exigeant, mais qui doit également être synonyme de reconnaissance, dans
tous les sens du terme.
Voilà pourquoi, sans se poser en donneur de leçons
sur le plan social où tout est loin d'être réglé dans notre
douce France (certains propos, hélas, tenus de ce côté-ci du Channel
ne sont guère plus subtils), il faut essayer néanmoins de parvenir
à un minimum de consensus à la fois sur les moyens et objectifs que
poursuit l'entreprise. Toujours, évidemment, dans le respect réciproque.
L. H.
zzz80
Vos questions et vos remarques : Rejoignez le Forum des Blogs des Experts
L'Hôtellerie Restauration n° 3064 Hebdo 17 janvier 2008 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE