du 21 août 2008 |
ÉDITO |
La vérité des chiffres
Au coeur du repos estival, un document qui n'a pas vocation à devenir un best-seller vient de présenter sous forme synthétique l'évolution de la masse salariale et de l'emploi en France entre 2002 et 2007. Évidemment, cette étude de la direction des statistiques, des études et de la prévision de l'Acoss (Agence centrale des organismes de sécurité sociale) n'a rien d'un roman de plage, et ne bénéficie pas des retombées médiatiques que l'intérêt du thème mériterait.
Alors, sans vous assommer d'une batterie de données chiffrées d'une lecture aride, il est néanmoins intéressant pour un professionnel de situer le positionnement de son secteur d'activité ainsi que celui de son entreprise dans un domaine aussi sensible que celui des rémunérations.
Bien sûr, il sera toujours possible (sans grands moyens mathématiques, il est vrai) de contester telle ou telle donnée, mais l'Acoss fonde ses observations sur une très concrète réalité : celle des assiettes salariales déclarées par les employeurs comme base de leurs cotisations à l'Urssaf. Et à moins de mettre en cause la pertinence des résultats en raison d'un taux de clandestinité supposé et avoué, ce qu'aucune profession ne peut aujourd'hui se permettre sans entacher durablement son image, il est difficile de contester la matérialité de la réalité comptable.
Côté positif, alors que l'emploi a globalement progressé en France de 3,9 % entre 2002 et 2007, avec une création nette de 673 000 emplois, le secteur de l'hôtellerie-restauration a réalisé une performance largement supérieure avec une progression de 9,7 % sur la même période pour 84 000 emplois, le gros des troupes étant fourni par la restauration rapide (+ 28 %) et traditionnelle (+ 14 %), ayant généré 72 000 emplois.
Il est bon de souligner également que les estimations de l'Acoss sont largement supérieures à l'opinion couramment admise sur le nombre de salariés dans la profession qu'elle évalue à 950 000.
Ce qui n'a rien de négligeable face aux 18 millions de salariés du secteur concurrentiel recensés en France en 2007, les hôtels, cafés, restaurants représentant 5,5 % de ce total, à comparer aux 392 000 salariés de l'immobilier en 2007, un secteur qui a connu ces dernières années une croissance exponentielle.
Mais si la contribution de la profession au
développement de l'emploi est loin d'être négligeable et mérite toute la
considération des pouvoirs publics, une ombre dans le tableau gâche un peu la
fête. Selon l'Acoss, la profession se classe en dernière position pour le
salaire moyen par tête (SMPT), qui s'établit à 1 447 E par mois en 2007,
le SMPT national s'élevant à 2 136 E. Certes, la multiplication du
temps partiel, la saisonnalité de nombreux emplois ne sont pas sans influence
sur ce résultat médiocre, mais l'effet d'affichage mérite évidemment un sérieux
effort pour bénéficier d'une opinion plus positive. Même si pendant la
période étudiée, les salaires du métier ont progressé de 15,3 % alors que la
moyenne générale s'établit à 13,8 %. Encore un effort…
zzz80
L. H.
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L'Hôtellerie Restauration n° 3095 Hebdo 21 août 2008 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE