du 09 octobre 2008 |
COURRIER DES LECTEURS |
Quel est le délai réglementaire pour renouveler une période d'essai ?
Existe-t-il un délai de prévenance pour le renouvellement d'une période d'essai de un mois ? (Victor sur le blog des experts 'Droit du travail en CHR : tous les contrats de travail + modèles' sur lhotellerie-restauration.fr)
Je tiens tout d'abord à vous préciser que le délai
de prévenance est un délai que doit désormais respecter l'employeur,
comme le salarié, pour rompre la période d'essai. Cela dit, la loi
de modernisation du marché du travail n'a pas fixé de délai de prévenance
pour le renouvellement de cette période d'essai.
Avant de vous donner les conditions pour renouveler la période
d'essai, il convient de vérifier qu'elle respecte bien les règles applicables.
Car renouveler une période d'essai qui n'est pas conforme est impossible.
La période d'essai correspond à une période permettant
à l'employeur d'évaluer les compétences du salarié dans son
travail, notamment au regard de son expérience, et au salarié d'apprécier
si les fonctions occupées lui conviennent. Cette définition, désormais
posée par le code du travail à l'article L.1221-20, ne fait que reprendre
les principes dégagés par la jurisprudence qui considère que la période
d'essai doit permettre à l'employeur, en tout état de cause, d'apprécier
les qualités professionnelles du salarié (Cass. soc. du 15 mai 2008, n°
07-42289 FD).
La période d'essai ne se présume pas ; elle doit
être expressément prévue dans le contrat de travail ou la lettre
d'engagement (article L.1221-23 du code du travail).
La période d'essai peut être renouvelée une fois,
mais à la double condition que cette possibilité de renouvellement soit
prévue par un accord de branche étendu, qui en fixe les conditions et
les durées (article L.1221-21), et par le contrat de travail ou la lettre d'engagement
(article L.1221-23).
L'article 13 de la convention collective nationale des CHR du
30 avril 1997, relatif à la période d'essai du contrat à durée
indéterminée, prévoit la durée de la période d'essai pour
chaque catégorie et la possibilité de la renouveler. Mais ce texte précise
que pour les salariés de niveau I, échelon 1, il n'est pas possible de
renouveler cette période d'essai, qui sera donc d'un mois maximum.
La convention collective permet de renouveler la période
d'essai, à l'exception des salariés niveau I, échelon 1 ; il faut
aussi que cette possibilité de renouvellement soit prévue dans le contrat
de travail ou la lettre d'engagement du salarié.
Dans votre cas, s'agissant d'une période d'essai de un mois,
il faut faire attention à ce qu'elle ne concerne pas un salarié de niveau
I échelon 1.
Quant aux modalités
de ce renouvellement, le code du travail prévoit que c'est l'accord qui fixe
les conditions de renouvellement.
Mais l'article 13 de la convention collective impose uniquement
: "En cas de renouvellement de la période d'essai, un accord écrit
devra être établi entre les parties", sans préciser toutefois
dans quel délai…
Concernant la date de renouvellement de cette période d'essai,
il faut se référer à la jurisprudence. Celle-ci considérait
que l'employeur qui entend renouveler la période d'essai devait le faire savoir
au salarié avant la fin de la première période (Cass. soc. du 29
novembre 2000). Ce qui implique que l'employeur ne peut prévoir, à
l'origine du contrat, une période d'essai renouvelée automatiquement
(Cass. soc du 17 juillet 1996). Il doit donc proposer de la renouveler avant la
fin de la première période et, surtout, obtenir l'accord de l'employé.
Accord qui se matérialise par écrit avec la signature du salarié
sur l'avenant de renouvellement de la période d'essai.
En cas de refus du salarié, l'employeur doit aussitôt
mettre fin à la relation de travail. Car s'il le laisse travailler, l'employé
sera considéré comme étant définitivement embauché.
Suite à la loi de modernisation du marché du travail,
qui est venue réglementer la période d'essai dans le code du travail,
certains auteurs s'interrogent sur le maintien de cette jurisprudence. Dans un souci
de protection juridique, je conseille donc - pour l'instant- de continuer à
appliquer ces règles, à savoir notifier par écrit au salarié
le renouvellement de la période d'essai, et ce, avant la fin de la première
période. zzz60c JS0607
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Respectez bien le délai de prévenance
J'ai entendu dire que l'on ne peut plus rompre une période d'essai du jour au lendemain, et que l'on doit respecter un délai. Qu'en est-il exactement ? (R. M. par courriel)
L'employeur comme le salarié doivent respecter un délai
de prévenance pour rompre la période d'essai. Cette nouvelle disposition
a été instaurée par la loi de modernisation du marché du travail
publiée le 28 juin 2008 au Journal officiel et codifiée aux articles
L.1221-25 et L.1221-26 du code du travail.
L'article L.1221-25 prévoit que lorsque c'est l'employeur
qui met fin à la période d'essai du salarié en CDI - mais aussi
en CDD -, il doit respecter un délai de prévenance qui ne peut être
inférieur à :
24 heures si le salarié a été présent
jusqu'à huit jours dans l'entreprise ;
48 heures pour une présence du salarié entre
huit jours et un mois ;
deux semaines après un mois de présence du salarié
;
un mois après trois mois de présence.
Cet article précise que la période d'essai, renouvellement
inclus, ne peut être prolongée car il faut respecter la durée du
délai de prévenance.
Attention ! Ce nouveau délai de prévenance
qui empêche de pouvoir rompre le contrat du jour au lendemain doit être
pris en compte lorsque vous souhaitez mettre fin à la période d'essai.
Concrètement, un salarié qui bénéficie d'une période
d'essai de trois mois renouvelable une fois - soit six mois au total - doit être
prévenu par l'employeur avant la fin du cinquième mois, de la rupture
de sa période d'essai. L'article L.1221-26 du code du travail prévoit
que si c'est le salarié qui rompt la période d'essai, il doit respecter
uniquement un délai de prévenance de 48 heures, sachant que ce délai
est réduit à 24 heures si le salarié est présent dans l'entreprise
depuis moins de huit jours. Même si le salarié a un mois de présence
dans l'entreprise, ou même plus de trois mois, et que c'est lui qui souhaite
mettre fin à sa période d'essai, il ne sera tenu que d'un délai
de prévenance de 48 heures. Pour les mêmes durées de présence
du salarié, l'employeur lui doit un délai de prévenance de deux semaines
ou d'un mois, selon le cas. zzz60c JS0607
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Rubrique animée par Pascale Carbillet.
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