du 16 octobre 2008 |
ÉDITO |
Retour au réel
Et maintenant ? Comme le soulignait l'humoriste Alphonse Allais
(nous avons bien besoin des humoristes, en ce moment), ce qu'il y a de plus difficile
à prévoir, c'est l'avenir.
Et pourtant, il faut croire que l'humanité ne manque pas
d'oracles capables de nous expliquer en trois phrases devant une caméra pourquoi
le monde s'est retrouvé en situation de quasi-faillite parce que les fauchés
de l'Oklahoma avaient arrêté de rembourser le crédit de leur maison.
Enfin, c'est un peu plus compliqué, mais, en très gros, c'est la théorie
du battement d'aile du papillon.
Mais comme nous ne sommes pas plus avancés qu'hier, il serait
dangereux de considérer que la tempête s'est calmée, alors que l'évolution
économique ne relève pas exactement des mêmes mécanismes que
la météorologie.
La crise ne va, hélas, pas se solder d'un coup de baguette
magique parce que l'État, donc le contribuable, s'est engagé à
soutenir nos banques bien aimées, tellement talentueuses, clairvoyantes,
transparentes, soucieuses de leurs clients, etc., pour un montant qui dépasse
largement le budget annuel de l'État. Juste un chiffre : 360 milliards
d'euros rien que pour les établissements financiers de l'Hexagone, alors
que le budget de l'État s'élève à 280 milliards !
En cas de défaillance massive, ce que personne n'ose imaginer,
le financement de cette garantie fastueuse risque de poser un énorme problème
aux finances publiques, en clair, à nous tous, contribuables. Il vaut mieux
le savoir aujourd'hui pour ne pas être abasourdi demain en cas de malheur
financier dont on vient de voir qu'il n'est jamais totalement exclu.
Et pour nos petites et moins petites entreprises ? La conjoncture
- pas besoin d'être agrégé d'économie pour s'en douter - va
souffrir d'un ralentissement global pendant plusieurs mois, et donc affecter
sans doute sensiblement l'activité de la profession parmi d'autres. Chute de
la consommation, baisse du moral des ménages, inquiétudes pour l'avenir,
montée du chômage, coût du crédit et absence de confiance
en l'avenir ne vont pas faciliter la reprise dont il serait présomptueux d'envisager
une date.
Il appartient aux professionnels de l'hôtellerie et de la
restauration d'adapter leur entreprise à une situation incertaine, et, plus
que jamais, de rebondir en investissant dans l'amélioration de la prestation,
la maîtrise des coûts, la modération des prix comme élément
essentiel de reconquête d'une clientèle qui, depuis plusieurs mois, avait
attiré l'attention sur les problèmes de pouvoir d'achat.
Ce qui ne signifie nullement, bien au contraire, qu'il faille
sombrer dans le pessimisme ou la sinistrose. Sans faire de grande théorie,
n'oublions pas que le système capitaliste devenu mondial fonctionne en partie
grâce aux crises cycliques qu'il engendre et surmonte de façon récurrente.
Vous pouvez aussi, comme nous l'a conseillé J.-M. G.
Le Clézio la semaine dernière en apprenant son attribution
du prix Nobel de littérature, lire des romans. 'Les Illusions perdues',
par exemple.
L. H. zzz80
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L'Hôtellerie Restauration n° 3103 Hebdo 16 octobre 2008 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE