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94

Michelin

2015

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La fougue tranquille

“L

’étoile pour un chef, c’est

comme gagner le Ballon d’or

pour un footballeur !”

Pour avancer,

Ludovic Turac

, âgé de

26 ans, se fixe des objectifs. C’est sa

manière de maintenir le cap. Mais

au-delà du challenge, cette étoile

rend légitime l’orientation qu’il a

prise :

“Cela signifie que l’on est sur la

bonne voie. L’étoile est nominative, et

pourtant l’équipe est la famille qu’on

se choisit.”

Le chef salue également

le professionnalisme amené par son

épouse,

Karine

, en salle.

Lorsque

Lionel Lévy

, dont il était alors le

second, lui a proposé de reprendre Une Table,

au Sud, Ludovic Turac était animé d’une énergie

énorme, voire

“d’une certaine inconscience”

:

“J’avais ‘faim’ et j’ai donc accepté sans hésiter!

Pourtant l’enjeu était grand !”

Le jeune chef a gardé toute sa fougue, tout en

travaillant sur des points essentiels, prouvant

ainsi que la maturité n’attend pas le nombre des

années :

“C’est peut-être en management que j’ai

progressé. Je passe plus de temps avec chacun,

en donnant davantage de responsabilités. Je

peux travailler ainsi depuis que j’ai gagné en

confiance, grâce aux retours positifs de mes

clients.”

Rechercher l’émotion

Avec un peu de recul, le chef analyse également

sa manière de travailler les produits et de

concevoir ses assiettes :

“Je sens que ma cuisine

évolue mais [les fondamentaux] ne changent

pas. Je suis sur le Vieux-Port :

ce qui me fait vibrer, c’est de

mettre en valeur les poissons

que les pêcheurs me livrent tous

les jours. Il y a deux ans, le loup

était déjà bien levé et joliment dressé, et le goût

était au cœur de mes préoccupations. Mais ce que

j’ai gagné ces derniers mois, c’est une émotion.

J’essaie d’amener chaque élément comme une

surprise au service du goût. Rien n’est là pour

faire joli, mais doit répondre à une réflexion

globale sur la recette. Dès la première bouchée, il

faut qu’il se passe quelque chose.”

L’excitation des débuts s’est transformée en

pression positive, une ambition plus posée, qui se

traduit par une remise en question quotidienne :

“Je me demande toujours si l’on peut faire mieux.

L’étoile se joue sur chaque plat, chaque jour.”

Q

ANNE GARABEDIAN

Une Table, au Sud

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Ticket moyen

: 60 €

le midi, 110 € le soir

Nombre de couverts

par jour

: 80

Nombre de places

assises

: 45

Effectif

: 13 personnes

Fermeture annuelle

:

deux semaines en août

et première semaine de

janvier

Repos hebdomadaire

:

dimanche soir et lundi

Le plat le plus

représentatif de

votre cuisine

:

“Ma version de l’aïoli :

j’ai voulu changer la

forme, mais pas le goût.

Sur la foccacia toastée,

entre les quenelles de

brandade parfumée

aux zestes d’orange,

on retrouve tous les

légumes mais en

copeaux crus, car c’est

pour moi la meilleure

manière de les manger,

afin de garder leur

sucrosité et surtout leur

craquant, qui donne le

relief d’un plat.”

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Retrouvez la recette du chef ‘Rouget de petits pointus marseillais,

texture de courge fumée relevée aux zestes d’agrumes’

:

www.lhotellerie-restauration.fr/QR/RTR038993

ou flashez ce QR code

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Il fallait du cran pour prendre la suite de Lionel Lévy. Deux ans après avoir relevé le défi, le

plus jeune étoilé de France prouve que sa cuisine est signée et soignée.

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© JEAN PHILIPPE GARABEDIAN

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