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L’actualité

de Kiev ou d’Odessa. Il est actuellement en poste à l’Intercontinental

pourraient être l’épreuve de trop.

pouvait plus payer le producteur en

dollars. Le département des achats a dû

faire preuve de beaucoup d’opiniâtreté

et d’imagination pour m’alimenter en

produits locaux et d’importation mais se

fournir en denrées de qualité n’a jamais

été simple dans ce pays même avant le

conflit ! Maïdan est proche de l’hôtel et

même si les troubles furent limités à cette

place, j’ai été contraint plusieurs fois de

dormir dans l’hôtel pour des raisons de

sécurité. Les fenêtres du rez-de-chaussée

ont même été barricadées. Un soir, sur

200 chambres, une seule était louée.

Mais après le crash de l’avion de la

Malaysia Airlines l’été dernier, l’hôtel

a affiché complet avec les délégations et

les commissions d’enquête. Nous avions

beaucoup d’Australiens et, comme ils ne

sortaient jamais, le restaurant a tourné

comme jamais. Dans mon département,

j’encadrais une brigade de dix cuisiniers

à mon arrivée, ils ne sont plus que six

aujourd’hui. L’un d’entre eux est parti

faire la guerre dans le Donbass”

, ajoute

Stéphane Vaittinadane.

Des consignes pour éviter les sujets

de friction

La guerre est un sujet tabou :

“Il y a eu

des consignes dans l’établissement pour

éviter les sujets de friction. On ne parle

jamais des événements entre collègues,

même si la politique peut s’inviter dans

notre quotidien. Par exemple, lorsque je

suis arrivée à Kiev en 2003, les gens qui

parlaient l’ukrainien étaient considérés

comme des campagnards attardés [en

Ukraine, les deux langues officielles sont

l’ukrainien et le russe]. Aujourd’hui,

tout le monde parle ukrainien à Kiev,

par opposition à la Russie. On ne croise

pas de pro-Russes dans la capitale.

Nos trainings à l’Intercontinental sont

parfois en langue ukrainienne, que je

ne parle pas, a contrario du russe. Lors

d’une réunion, j’ai demandé à ce que

les débats soient traduis en russe, ce

qui a provoqué un profond malaise.”

Malgré tout, Stéphane Vaittinadade

a prolongé son contrat d’un an avec

l’Intercontinental de Kiev mais il compte

sur le groupe pour poursuivre sa carrière

sous des horizons plus apaisés, dans

l’idéal à New York.

FRANÇOIS PONT

chef dans une Ukraine en guerre

La

SEH

crée un portail

ouvert aux hôtels

indépendants

A

lors que le groupe AccorHotels

fait les yeux doux aux hôteliers

indépendants pour les attirer

sur sa place de marché, la Société

européenne d’hôtellerie (SEH), qui

regroupe 535 hôtels indépendants

sous quatre marques dans dix pays,

a décidé de lancer sa propre plate-

forme. Baptisée seh-hotels.com, elle

sera ouverte aux hôteliers indépen-

dants n’appartenant pas au réseau

coopératif. Ces derniers auront ac-

cès aux services proposés par la SEH

en échange de 12 % de commission :

le programme de fidélité SEH, les

ristournes sur achats, le tout dans

la limite de 20 % du chiffre d’af-

faires estimé de la coopérative,

“soit

1,8 M€ sur 9,5 M€ estimé en 2014”

,

déclare

Stéphane Barrand

, direc-

teur général adjoint de la SEH. Les

hôtels devront également s’acquitter

d’un droit d’adhésion.

Pour le lancement du portail, deux

secteurs géographiques ont été ci-

blés en priorité : Paris intra-muros

et l’international.

“Il fallait ouvrir

le réseau à l’international où, hor-

mis les Relais du silence, trop peu

d’hôtels sont présents. Pour Paris,

il s’agissait d’agrandir l’offre SEH.

Avec huit hôtels seulement, notre

parc restait très limité, notamment

pour les groupes ou les séminaires”

,

déclare

Jean Lavergne,

président

du directoire du réseau. La sélec-

tion portera uniquement sur des

hôtels 3 et 4 étoiles récents ou ré-

novés, dotés d’une très bonne note

sur Tripadvisor.

“Nous pensons

qu’un certain nombre d’hôtels in-

dépendants, y compris parmi ceux

qui nous ont quittés, seront inté-

ressés par notre proposition, car

elle leur permettra, en contrepartie

de commissions modestes, de béné-

ficier d’un réseau, d’une force de

frappe que, seuls, ils ne peuvent pas

avoir. Ce qui les lie donc naturel-

lement aux autres OTA”

, explique

Jean Lavergne.

Une garantie contre la parité

tarifaire

La SEH, qui cherchait à contourner

le système de parité tarifaire mis en

place par les OTA, devance ainsi le

nouveau dispositif réglementaire

proposé par la loi Macron, présenté

le 16 juin devant l’Assemblée natio-

nale. S’appuyant sur son régime

coopératif, la SEH a pu déployer un

certain nombre d’avantages permis

par la loi,

“d’abord parce que chaque

hôtelier, en tant que coopérateur,

est actionnaire de la coopérative.

Ensuite, parce que le statut de coopé-

rative nous permet de pratiquer une

politique d’enseigne commune et que

nous avons également déployé une

solution commune de e-business,

la SEH Box. Enfin, parce que le site

internet de l’hôtel, la box, et le por-

tail commun sont réunis en un seul

site. De ce fait, nous disposons d’une

seule et même plateforme de réserva-

tion et nous pouvons pratiquer une

politique tarifaire commune”

, dé-

clare

Philippe Marguet

, directeur

général de la SEH.

“C’est une avancée considérable

pour les hôteliers,

confirme Jean

Lavergne,

et nous sommes les seuls à

proposer ce triple système. À ce titre,

nous nous présentons comme une

OTA coopérative et les hôteliers sont

libres, à condition toutefois qu’ils

aient les trois systèmes pour que ça

marche.”

CATHERINE AVIGNON

œ

Après accord de l’assemblée générale réunie le 9 juin

dernier à Paris, le réseau coopératif européen a décidé

d’ouvrir un portail multimarques à destination des

professionnels indépendants.

De gauche à droite :

Philippe Marguet

(directeur général),

Jean Lavergne

(président du directoire) et

Stéphane Barrand

(directeur général adjoint).

vécue

© IHG

“Maïdan est proche de l’hôtel (...). Un soir, sur 200 chambres, une seule était louée”,

se souvient

Stéphane

Vaittinadane

.

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