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La technique, qui demande de la patience et une certaine expérience, connaît un

regain d’intérêt chez les jeunes chefs.

Viandes et poissons :

la cuisson

en pièces entières

PRODUITS & ÉQUIPEMENTS

Viandes & Poissons

Julie

Gerbet

www.lhotellerie-restauration.fr/publications/julie.gerbet

Trio de canettes,

au restaurant

Passerini.

A

près la cuisine moléculaire et la cuisson

sous-vide, c’est au tour des techniques

anciennes de s’imposer sur le devant de

la scène culinaire. Parmi elles, les cuissons en

pièces entières, autant pour les viandes que les

poissons. Dans la mouvance d’

Alain Passard

,

spécialiste de la cuisson en grosses pièces (il

a commencé sa carrière comme maître rôtis-

seur), de nombreux chefs de la jeune génération

adoptent cette technique.

“La cuisson, c’est

ce qui fait la différence. Cela réclame plusieurs

heures d’attention pour qu’une viande garde son

moelleux et soit cuite à cœur. Il faut observer,

retourner, écouter…”

, affirme le chef. À Paris,

Grégory Marchand

(Frenchie),

Bertrand Gré-

baut

(Septime) et

Giovanni Passerini

(restau-

rant éponyme) prônent ce retour à cette douce

et lente cuisson qui préserve les goûts et le jus.

Tous les jours, dans son restaurant Table (Paris,

XII

e

), le restaurateur

Bruno Verjus

cuit des pièces

d’exception dans sa superbe rôtissoire : très gros

poisson (bar de 6 kg de l’île d’Yeu, espadon de

ligne de Saint-Jean-de-Luz, thon de ligne de

32 kg), viande mûre (paleron de vache charo-

laise maturé neuf semaines, porc noir de Saint-

Géry…), volailles anciennes de la Ferme de La Ru-

chotte, pigeons de Mesquer. Ce qui...

suite p. 42

Cuisson en pièces

entières ne rime pas

forcément avec découpe

en salle.

“Pour un turbot

par exemple, ça n’a

pas de sens,

tranche

Giovanni Passerini

.

Il devient froid, alors

que sous la lampe à la

cuisine, il reste chaud et

je peux ensuite presser

les têtes pour récupérer

le jus et napper les

poissons. C’est pareil

pour les pigeons, j’aime

terminer la cuisson sur la plancha pour donner une

peau croustillante… L’alternative qu’on a trouvée est

de présenter les pièces cuites puis de les ramener en

cuisine pour le découpage.”

Chez

Bruno Verjus

: les pièces de viandes et poissons

sont cuites entières dans la rôtissoire, située dans la

cuisine grande ouverte sur la salle, ce qui assure le

spectacle auprès des clients, puis sont découpées

en cuisine et dressées à l’assiette. À la Ferme de La

Ruchotte, à Bligny-sur-Ouche (Côte-d’Or),

Frédéric

Ménager

découpe les volailles et autres grosses pièces

en cuisine, puis replace les morceaux dans le plat de

service qui est ensuite directement apporté à table :

chacun se sert, selon le principe d’une ferme-auberge.

Quant aux garnitures, elles peuvent être directement

dressées dans l’assiette ou servies dans de grands

plats à partager.

“Nous apportons un gratin ou des

légumes, le jus de cuisson et toujours un peu de verdure

à côté. Les clients se servent eux-mêmes”

, explique

Giovanni Passerini

. Au Hai Kai (Paris, X

e

), où officie

la chef

Amélie Darvas

, passée par le Bristol, certains

poissons sont proposés entiers pour deux et découpés

en salle. La technique, apanage des grandes maisons,

reste pratiquée de façon marginale ailleurs.

QUEL SERVICE POUR LES

PIÈCES CUITES ENTIÈRES ?

La découpe du poulet rôti à

La Ruchotte.

© PIERREACOBAS

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L’Hôtellerie Restauration

N° 3515 - 8 septembre 2016