Depuis une dizaine d'années, la Colombie est en pleine mutation. Le pays, qui a renoué avec une croissance soutenue (de l'ordre de 4 % en moyenne depuis 2003), a été relativement épargné par les effets de la crise financière internationale et pourrait devenir la troisième économie d'Amérique latine d'ici à 2014. En matière d'investissements, la Colombie a été identifiée par la banque JP Morgan comme le deuxième pays le plus prometteur d'Amérique latine dans les trois prochaines années. Le tourisme a joué un rôle crucial durant cette période, permettant de modifier l'image du pays. "Nous avons refait surface sur la carte mondiale du tourisme, comme en attestent les taux de croissance à deux chiffres que nous avons atteints ces dix dernières années", a affirmé Sergio Díaz Granados, le ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme de la Colombie. Selon les données de l'Organisation mondiale du tourisme, les arrivées de touristes internationaux se sont en effet multipliées par quatre entre 2000 et 2010, passant de 575 000 à plus de 2 millions.
Chic et culturel
Dans ce contexte porteur, quatre investisseurs européens (dont le Français Benoît Delgrange) ont décidé de parier sur ce pays au "climat enthousiaste". "La Colombie connaît actuellement un mélange de divers facteurs positifs (croissance économique, situation politique stable, amélioration de la sécurité…) qui favorisent grandement le développement touristique. Les touristes viennent notamment pour profiter de la nature, des Caraïbes à l'Amazonie, de l'offre culturelle ou du tourisme médical", observe Benoît Delgrange, qui a travaillé 28 ans pour Accor (dont six ans à la tête de l'hôtel Sofitel Santa Clara à Carthagène).
Après avoir créé en 2009 un boutique-hôtel de 54 chambres à Medellin, la deuxième ville du pays, le quatuor poursuit sur sa lancée avec l'Art Hôtel & Suites Bogotá (143 chambres et suites), qui sera en phase de 'soft opening' dès juillet (ouverture non officielle, reservée dans un premier temps à la clientèle d'affaires). Ces deux hôtels, qui se définissent comme des "lieux design, chic et décontractés", concilient des activités culturelles, une zone spa, un "haut niveau de services" et une "localisation idéale", à deux pas des quartiers animés. "Tout en étant un groupe indépendant, nos hôtels offrent un concept différent basé sur l'art de vivre, un excellent service et un rapport qualité-prix compétitif, ce qui nous permettra d'attirer et fidéliser de nombreux clients", souligne-t-il.
Un marché concurrentiel
Ainsi, les deux hôtels disposent d'une salle de cinéma-auditorium, d'une galerie d'art, d'une bibliothèque et d'une librairie avec près de 6 000 références. Au programme : des projections de cinéma d'art et d'essai, des festivals cinématographiques, des expositions bimestrielles d'artistes nationaux et internationaux, ou encore des rencontres hebdomadaires autour d'oeuvres littéraires. "L'objectif est de faire vivre l'hôtel comme un centre culturel avec des événements et des offres culturelles variés, tout en utilisant ces différents espaces pour des événements divers", précise-t-il.
Les quatre investisseurs, déjà sollicités pour des partenariats en Colombie et dans des pays voisins, restent toutefois prudents. "L'Art Hôtel Medellin devrait afficher un taux d'occupation de 50 % cette année. Nous espérons que l'hôtel de Bogotá connaîtra le même succès. Nous nous déciderons ensuite sur le meilleur développement stratégique", déclare-t-il. Seule ombre au tableau : une concurrence en pleine ébullition. "La Colombie dispense d'impôts sur le bénéfice pendant trente ans, ce qui a généré une véritable effervescence dans la construction d'hôtels. En ce moment, l'offre est supérieure à la demande, mais avec le temps, cela va se réguler", assure Benoît Delgrange. À suivre.
Publié par Violaine BRISSART