Au départ, il ne rêvait que du Club Méditerranée, fondé en 1963 par son père, Gilbert Trigano. Il voulait y travailler. C'était son modèle de "bureau idéal". D'ailleurs, en marge de ses études de droit, Serge Trigano va être GO. Puis, une fois diplômé, il devient chef de village avant de prendre la direction de la filiale américaine du Club Med dans les années 1980. Il vit alors à New York : c'est l'une des meilleures périodes de sa vie.
"On a d'abord voulu refaire un resort", raconte Serge Trigano. Histoire de bousculer le Club Med. "Mais, finalement, il n'y avait pas d'intérêt à être dans la revanche", poursuit-il. Et ce d'autant que le designer Philippe Starck était prêt à travailler avec le trio. Restait à trouver le bon projet.
À l'ouverture du premier Mama Shelter, les réactions sont positives quant au concept, plus réservées quant au quartier. Mais le parti pris des Trigano, associés à Michel Reybier (à la tête des palaces La Réserve), est clair : "Nous voulions que les gens qui poussent la porte du Mama ressentent les vibrations de la ville. Touristes, clientèle d'affaires, riverains, tous doivent se mélanger." Un peu comme au Club Med. "Nous revendiquons cette mixité", ajoute Serge Trigano qui n'aime pas "les lieux clivants". D'ailleurs le Mama parisien n'a pas de client type : le week-end, les familles viennent bruncher ; l'été, des hipsters font la fête sur le toit-terrasse ; le soir, le restaurant accueille jeunes, moins jeunes, bobos, exilés des beaux quartiers…
Une vingtaine de Mama Shelter dans le monde en 2020
Depuis 2008, le Mama Shelter a été dupliqué six fois, en France comme à l'étranger. Le dernier né a vu le jour cet automne à Rio. Le concept fait donc recette, si bien qu'il est copié. Mais Serge Trigano en sourit. Pour lui, ces imitations sont "sans odeur, ni saveur". C'est sans doute ce que pense aussi le groupe Accor, car il s'est offert 35 % du capital des hôtels Mama Shelter, en 2014. Une aubaine pour le trio Trigano.
Publié par Anne EVEILLARD