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Paris des Chefs au Salon Maison et Objet : duos de chefs et de créateurs

Restauration - mardi 27 janvier 2009 12:06
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Paris (75) Neuf duos de créateurs se sont succédé pour la 1re fois au Salon Maison et Objet, lors d’une journée organisée avec le magazine L’Omnivore et animée par le journaliste Sébastien Demorand.



La première chose qui crève l’amphithéâtre au cours des 9 interventions, c’est la complicité. Disposant chacun de 40 minutes sur scène, ces 9 duos de créateurs font appel à leur sensibilité artistique, leurs souvenirs, leurs expériences, pour évoquer le lien qui s’est tissé entre eux, un chef-cuisinier et un créateur (designer, architecte, cinéaste, photographe). Dès 10 h 30, Alexandre Gauthier (La Grenouillère) attaque la réalisation d’une pâte de seiche roulée en tube et incrustée de girolles, Stéphane Bureaux (designer culinaire) donne l’impulsion pour présenter le plat, lui donner une architecture (verticale), une assise et penser une gestuelle pour la dégustation au restaurant (comment le savourer ? à la main ? à la fourchette ?). Il y a comme une continuité entre le chef et le designer dans la façon d’apprivoiser le plat.

11 h 10, le chef Michel Troisgros et l’architecte Patrick Bouchain évoquent la création de la Colline du Colombier, une auberge perchée sur les hauteurs du Roannais, un lieu à part qui rend hommage à la nature et à la région. Comme pour l’illustrer, Michel Troisgros réalise une omelette sous les yeux rieurs de Patrick Bouchain, pour qui il en a cuisiné des dizaines durant leur collaboration. Dans des termes précis, le chef bat ses œufs assez longtemps pour une “bonne homogénéité jaune-blanc”, remue sans cesse dans la poêle et roule l’omelette pour finir par la parsemer de copeaux de truffe. Inutile de vous dire qu’à la dégustation, le public se précipite au devant de la scène… C’est aussi manifeste chez Pierre Gagnaire que l’on sent heureux de faire partager ses mots, le travail de ses ingrédients et les bouchées qu’il s’apprête à adresser aux spectateurs. “J’ai pensé à vous, la cuisine, elle se goûte”. Crème de parmesan, cake au citron, pamplemousse thaï, le chef dresse les dizaines de petites portions avec une méticulosité jubilatoire.

Chaque duo n’est pas le fruit du hasard, le chef et son complice créateur ont déjà collaboré ensemble et c’est ce qui rend les échanges nourris, profonds et inspirés. Chaque duo nous fait rentrer dans sa ‘petite’ cuisine à lui, nous donne accès à une relation riche en curiosité de l’autre et de son mode d’expression. “Une histoire de rencontre”, dit Pierre Gagnaire face à Rip Hopkins, le photographe qui a participé avec lui et Hervé This au livre Alchimistes aux fourneaux. Dans le cadre d’une série documentaire intitulée L’invention de la cuisine, le cinéaste Paul Lacoste a filmé Pascal Barbot, le temps de deux coups de feu en cuisine (à l’aide de caméras télécommandées), d’un service en salle, d’essais en cuisine. Tandis qu’il réalise sur scène l’un de ses plats signature (le foie gras mariné au verjus), Pascal Barbot s’exprime : “c’est un travail qui oblige le cuisinier à réfléchir, c’est une approche grandissante”. Quelques minutes du film sont projetées, une image brute et sans commentaires, des gestes, des bruits, des matières et à travers eux, l’expression d’un cuisiner. Le travail de création comme le travail des mains crèvent l’écran, le spectateur est touché. Le chef et le créateur correspondent dans un langage qui leur est propre, se comprennent, se stimulent – une rencontre destinée aussi à procurer du plaisir aux autres finalement.

Caroline Mignot

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