Actualités
Accueil > Actualités > Restauration

Régis Marcon : “La baisse de la TVA, c’est une chance pour le tourisme et l’hôtellerie française”

Restauration - vendredi 20 mars 2009 19:41
Ajouter l'article à mes favoris
Suivre les commentaires
Poser une question
Ajouter un commentaire
Partager :
Article réservé aux abonnés

Saint-Bonnet-le-Froid (43) Le chef 3 étoiles de Saint-Bonnet-le-Froid, a été l’un des pionniers dans le combat pour l’obtention de la baisse de la TVA. En 1999, alors qu’il devient président de l’Umih 43, il incite ses collègues à le suivre en refusant de payer la TVA. Les amendes sont tombées mais les convictions sont restées. S’il avoue aujourd’hui être étonné de voir enfin poindre l’obtention d’un taux à 5,5 %, il a eu dix ans pour réfléchir à la question. Témoignage.



Régis Marcon : 'La baisse de la TVA est une véritable bouffée d'oxygène.'
Régis Marcon : 'La baisse de la TVA est une véritable bouffée d'oxygène.'

L’Hôtellerie Restauration : Que représente pour vous la baisse de la TVA ?

Régis Marcon : C’est une remarquable bouffée d’oxygène pour les entreprises, notamment pour celles qui sont dans le rouge, en difficulté, les jeunes qui sont installés depuis peu de temps ou encore ceux qui n’ont plus les moyens de se mettre aux normes de sécurité et d’hygiène.

La baisse de la TVA permettra une meilleure rentabilité et cela aura un impact psychologique pour le chef d’entreprise qui se sentira plus libéré par rapport à l’embauche. Il pourra embaucher, et en ces temps difficiles, cela permettra surtout de sauvegarder l’emploi. Le personnel va plus souvent vers les grandes maisons ou les chaînes et les grandes entreprises structurées qui ont appliqué les 39 h. Je pense aujourd’hui aux établissements qui ont de la peine à en faire autant. Pour eux, cette baisse de la TVA, qui permet une meilleure rentabilité, peut être un levier pour l’embauche et pour alléger le quotidien. Beaucoup d’entreprises utilisent un grand nombre de produits de 4e et 5e gammes, cette baisse pourrait aussi aider certains à se réapproprier une cuisine de chef.

Quelles contreparties doit-on ou peut-on accorder aux clients ?

Par rapport à notre image, il serait important qu’il y ait un effort, une baisse des prix qui sera différente selon les établissements. Mais il faut le faire savoir d’une façon ou d’une autre aux clients. À chacun de trouver le moyen le plus adéquat. Il faut que cette baisse ne soit pas que symbolique pour le client et montrer que nous avons agi de façon responsable, que nous avons rempli nos engagements en compensation à la baisse de la TVA.

Pensez-vous que toutes les entreprises vont répercuter cette baisse?

Je l'ignore. En tout cas, les professionnels responsables vont saisir cette opportunité : des entreprises différentes, des réponses différentes prenant en compte les réalités économiques.

En parallèle aux changements consentis par les professionnels grâce à cette baisse de TVA, et toujours pour la satisfaction des clients, il serait bon de dénoncer certaines pratiques qui ternissent notre métier et notre image. Un exemple, pas plus tard qu'avant-hier, dans une brasserie de gare, je dis bonjour au serveur, pas de réponse. Je commande un café croissant, toujours pas un mot, mais, apparemment, il avait compris : le café et le croissant sont ‘servis’ et tarifés 5,30 euros. Je règle et, bien sûr, pas de merci ! La cerise sur le gâteau ? L'accès aux toilettes de l'établissement me coûte en plus 40 centimes d'euro, pour un endroit sale et malodorant… Pas d'autre commentaire, si ce n'est qu'il faudrait aussi une législation en rapport à l'hygiène de ces lieux, comme pour les cuisines. Pas de toilettes correctes, pas d'autorisation d'ouverture et des sanctions ! C'est une idée que je donne en plus, car je considère que le métier de restaurateur est un tout !

Et les salariés ? Vont-ils y trouver leur compte ?

Inévitablement, on a tout intérêt en tant que responsable d’une entreprise à relever les salaires pour encourager notre personnel. Le fait d’avoir des effectifs plus importants dans l’entreprise améliorera les conditions de travail pour tous. C’est une façon d’aider les professionnels à s’organiser pour réussir à passer aux 39 h. Cela permettra aussi aux salariés de bâtir plus facilement un plan de formation individuel avec l’aide de l’entreprise.

Chez vous, comment la baisse de la TVA va se concrétiser ?

Il est important de montrer notre engagement. Personnellement, nous pensons à baisser le prix de certains vins et d’expliquer aux clients notre démarche par rapport à la baisse de la TVA. Nous sommes en train de réfléchir à la façon dont nous allons les en informer. L’essentiel, c’est de faire passer le message. Et, je compte créer 4 à 5 emplois, passer certains CDD en CDI afin de fidéliser notre équipe.

Des pistes à creuser ?

À nous de trouver de nouvelles idées pour créer de nouveaux emplois et c’est facile dans ce métier où l’on fait tous preuve d’imagination : que ce soit dans les activités sportives ou culturelles, dans une démarche éco-citoyenne dans le développement durable, les concepts de santé (massages, relaxation…) et n’oublions pas de penser à la clientèle handicapée et à tous les postes ‘plus’ comme l’entretien.

Personnellement, dans notre maison, nous allons créer un emploi sur le développement durable et la communication, un poste pré-plongeur et un autre axé sur les loisirs guide-accompagnateur moyenne montagne.

La baisse de la TVA va créer une dynamique pour l’avenir de l’hôtellerie et de la restauration française. C’est une opportunité à saisir !

Propos recueillis par Nadine Lemoine

Journal & Magazine
N° 3829 -
19 juillet 2024
SOS Experts
Une question > Une réponse
Droit du travail en CHR (+ modèles de contrats et fiches de paie)
par Pascale Carbillet
Services
  Articles les plus lus