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Edito du 02-07-09 : "Pas un cadeau"

Restauration - mercredi 1 juillet 2009 09:26
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Contrairement à une opinion trop largement répandue, notamment dans les médias, la baisse de la TVA sur la restauration est tout sauf ‘un cadeau’ du fisc à une catégorie professionnelle.
D’abord, ce n’est pas la première fois qu’un Gouvernement accorde une fiscalité dérogatoire à une activité jugée sensible ou en grande difficulté.
La restauration n’a donc pas à rougir d’avoir obtenu enfin ce que ses représentants réclamaient depuis quinze ans. Il est d’ailleurs curieux qu’au lendemain de l’annonce de la bonne nouvelle par Christine Lagarde rentrant d’épuisantes négociations à Bruxelles, des voix jusque-là silencieuses se soient subitement élevées contre une décision jugée au mieux inutile, sinon démagogique.
Or, il est plus qu’évident que la baisse de la TVA crée au moins autant d’obligations qu’elle ne constitue un avantage pour les restaurateurs, qui ont l’obligation morale de respecter les termes du contrat d’avenir signés avec le Gouvernement au mois d’avril, même si le principe de la liberté des prix reste le fondement du régime économique des entreprises en France. On a certes entendu quelques voix réclamer le retour à l’économie administrée, mais elles sont - Dieu merci - restées sans écho.
Mais à l’heure où la profession est exposée ainsi à l’observation des médias sur le sujet extrêmement sensible de la baisse des prix, il serait malvenu de ne pas consentir à une demande forte de la part de la clientèle, qui souffre du blues de la consommation. Et pas seulement du côté des catégories dites ‘moyennes’ ou ‘médianes’ (plus chic) des revenus, mais également de ceux qu’on appelle les ‘FPE’ (Fort potentiel économique) chez les statisticiens, et qui se sentent pousser des oursins dans les poches.
Vous l’avez compris, quelle que soit la catégorie de votre établissement, de ‘l’entrée de gamme’ à la table gastronomique, de la pizzeria au lounge en vogue, il est inévitable d’afficher une baisse au moins égale aux engagements pris par les représentants professionnels, à moins de provoquer une désaffection calamiteuse de la clientèle.
Et toutefois, il vous faudra également envisager - pour nombre d’entre vous - d’indispensables travaux de modernisation, de remises aux normes de plus en plus contraignantes, à des changements de décors à bout de souffle, sans cesse renvoyés à des jours meilleurs faute de rentabilité suffisante.
Et surtout - c’est l’enjeu vital pour une activité de main-d’œuvre qui le restera quoiqu’il arrive -, l’amélioration des rémunérations, de la protection sociale et des conditions de travail doit être la priorité des priorités. Si la profession tient à attirer les meilleurs éléments, à retenir ceux que tente l’appel du large, offrir des perspectives d’évolution à des jeunes talents, qu’il s’agisse de cuisiniers, de sommeliers, de maîtres d’hôtel ou de gestionnaires, il est urgent et indispensable de ‘profiter’ de la baisse de la TVA pour faire une vraie ‘révolution’ sociale constructive et porteuse d’avenir.
Et le temps presse. Comme sa publication vous a peut-être échappé, le tout récent rapport du Fonds monétaire international (FMI) sur les perspectives de l’économie française pour 2010 souligne, entre autres, que la baisse de la TVA en restauration ne doit être que “temporaire”, car les experts de Washington jugent qu’il s’agit “d’une nouvelle distorsion dans le système fiscal sans générer d’importants bénéfices économiques”.
On vous le dit : c’est pas un cadeau.
L. H.

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