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Le chef est une femme

Restauration - mardi 14 septembre 2010 10:41
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Mougins (06) Le Festival international de gastronomie de Mougins a célébré les femmes aux fourneaux. Pas toujours facile d'occuper la place de chef. Il faut certes du talent mais aussi beaucoup de ténacité et de persévérance. Témoignages.



Alice Bardet
C’est important de dire qu’il y a de plus en plus de femmes en cuisine. On apporte une sensibilité et des goûts différents. Mesdemoiselles et mesdames, venez faire ce métier !

Chrystelle Brua
J’ai eu la chance de commencer avec M. Klein (L’Arnsbourg) puis avec Frédéric Anton (Pré Catelan) qui m’ont fait tout de suite confiance. Peu importe d’être une femme, on a tous la même passion. Il ne faut pas écouter ce qui se dit. Si tu as un projet, il faut se donner les moyens de le réaliser. 

Hermance Carro
En 1999, lorsque j’ai intégré ma première brigade, j’étais la seule fille en cuisine et j’ai été bizutée pendant un an. Ce fut très dur. Le fait d’avoir un père chef, m’a fait tenir. Il m’a beaucoup soutenu. Je ne veux plus de ça. Oui, les jeunes femmes doivent en vouloir. Elles sont très importantes en cuisine. Il faut ensuite concilier le métier avec une vraie vie de femme avec sa famille. Heureusement que mon mari travaille avec moi. Nous avons une petite fille et nous voulons avoir du temps pour elle. Honnêtement, elle passe déjà pas mal de temps sur le passe. 

Laurence Salomon

Mon équipe se compose de 3 femmes. C’est le hasard, même s’il est vrai que mon type de cuisine, le bio, attire beaucoup les femmes. Mais je reçois beaucoup plus en plus de CV masculins. En tant que femme, la période où l’on attend un enfant est dure derrière les fourneaux quand tu n’as pas une grande brigade. Tu continues sur le même rythme. Le médecin m’a imposé de m’arrêter à 6 mois de grossesse pour protéger mon bébé qui risquait d’être un grand prématuré. Heureusement, j’avais anticipé et formé quelqu’un pour me remplacer. Mon fils m’a aussi emmené à repenser l’organisation du travail. J’ai des activités transversales en dehors du restaurant, ce qui m’a permis de pouvoir fermer le soir. Nous ne faisons plus qu’un gros et long service le midi. Toute l’équipe apprécie ce rythme.

 

Anne-Sophie Pic
Je suis ici à Mougins pour donner aux femmes l’envie de faire ce métier. Mon modèle, c’était Nadia Santini. Son exemple me rassurait. Car oui, j’ai dû me battre contre les préjugés, y compris de ma propre brigade quand je suis arrivée. J’ai rencontré des gens particulièrement misogynes. Aussi, j’attache beaucoup d’importance à ce que les jeunes femmes soient considérées avec bienveillance par mes collaborateurs, comme leurs petites sœurs. Il est vrai que leurs limites physiques sont plus vite atteintes et qu’il faut en tenir compte. Chez moi, la brigade de salle est très féminine. Cela apporte une douceur dans le service et une plus grande attention aux détails. Le métier doit s’ouvrir aux femmes. 

Annie-Claire Lamand
Je suis obligée de marquer « chef » sur ma veste. On me prend pour la femme du chef, « la petite cuisinière », or je suis chef au même titre que mon mari Alexandre. Nous travaillons ensemble aux fourneaux. Même si je pense qu’il n’y a pas de cuisine de femme, on apporte une précision et un côté artistique différents. Le Festival de Mougins a mis les femmes en avant. J’espère que ça va continuer et permettre au grand public d’évoluer dans leur vision des femmes en cuisine.

Rougui Dia
Les hommes nous donnent souvent l’impression qu’on leur pique leur place. Heureusement, les femmes sont tenaces. Je suis arrivée chez Pétrossian il y a 4 ans. J’ai obtenu le poste de chef depuis un an et demi. Je n’occupe pas cette fonction par hasard. Je suis toujours là. Tous les jours, je prouve à mon équipe que je peux assurer tous les postes. Même malade, je suis là. Je me concentre sur le travail et je n’écoute pas ce que l’on peut dire sur mon compte. 

Thiou
Quand j’ai commencé en cuisine, mon chef m’a dit que je n’avais aucune chance de devenir chef. Je lui ai répondu : « Vous allez voir, j’apprends vite ! ».  Son attitude n’a fait que redoubler mon ardeur au travail. Quand il faut y aller, j’y vais. Je suis gentille mais aussi une teigneuse quand on me cherche. Je ne me laisse pas faire. Je suis très exigeante avec mon équipe. A mes débuts, je parlais très doucement, mais ça ne marche pas. On ne vous respecte pas. Aujourd’hui, on m’entend en cuisine. C’est une forme de motivation et pour bien rappeler que c’est moi le chef, que ce sont mes plats et qu’ils doivent être exécutés comme je l’entends.

Propos recueillis par Nadine Lemoine

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