La colère des employés de fast-food prend de l'ampleur aux États-Unis

ETATS-UNIS Initialement cantonnée à la ville de New York, la grève des salariés de différentes chaînes de restauration rapide s'étend désormais à tout le territoire américain : Chicago, Detroit, Kansas City, Milwaukee… Les principales revendications portent sur une augmentation des salaires et des conditions de travail décentes.

Faire la grève n'est pas propre à la culture américaine mais cette fois la coupe est pleine. Soixante villes aux États-Unis ont vu, jeudi 29 août, les employés de fast-food procéder à une démonstration de force dans les rues. Le smic horaire est à 7,25 $ (5,50 €, environ 1 200 $ par mois, soit 906 €, NDA) et les conditions de travail sont éprouvantes. Pour les salariés de la restauration rapide, trop c'est trop. Phénomène rarissime aux États-Unis, les employés de différentes chaînes de fast-food comme Wendys, KFC, McDonald's et Burger King se sont réunis pour exiger le doublement de leur salaire.

Selon le représentant du parti démocrate de New York, Jerrold Nadler, "pour bon nombre d'entre eux, les fins de mois sont impossibles dans la mesure où, la majorité des acteurs du secteur de la restauration doit recourir au 'Food Stamps' et au 'medical care' (bons alimentaires et aide médicale d'État) pour parvenir à survivre. C'est inadmissible." Doubler les salaires dans la restauration rapide entraînerait, par exemple, une petite augmentation de 0,68 $ (0,50 €) pour le prix du hamburger moyen. Fast food Forward, mouvement à l'origine de la grève, explique dans un communiqué de son directeur, Jonathan Westin, qu'un doublement des salaires permettrait aux employés de soutenir l'économie nationale en dépensant leur argent péniblement gagné.

 
Le website de la discorde

En réponse aux revendications de ses salariés, la chaîne de fast-food MacDonald's, avait mis en place, en partenariat avec la société de cartes de crédit Visa, un site internet pour apprendre à ses salariés à mieux gérer leur revenu. (consultable ici : http//www.practicalmoneyskills.com/mcdonalds/documents/McD_Journal2.pdf). Allant jusqu'à leur suggérer de prendre un second emploi aux employés de la chaîne, ce site internet est considéré alors comme une véritable déclaration de guerre, entraînant la colère des salariés à travers tout le pays.

Ainsi par exemple, selon le 'Budget Journal' sur ce site, le budget affecté aux dépenses de santé est affiché à 20 $, une somme qui permet tout juste d'acheter une boîte d'aspirine. D'autre part la dépense de 600 $ par mois pour le loyer, dans la ville de New York, relève du fantasme, le loyer moyen se situant aux alentours de 3 200 $ (2 417 € par mois). Surréaliste, le même budget omet de compter certaines dépenses, probablement considérées comme accessoires par le concepteur du site, comme l'alimentation.

La mise en place de ce site, qui renvoie les salariés à leur incapacité à gérer leur budget, alimente de plus belle la contestation. Les revendications portent aujourd'hui sur un doublement du salaire car pour Jonathan Westin, il est inadmissible que les salariés d'une entreprise de restauration rapide gagnent aujourd'hui moins de la moitié de ce que gagnaient leurs prédécesseurs des années 1950. Et ce, malgré des bénéfices considérables réalisés par ces chaînes, en constante augmentation, d'année en année.